Fermin Muguruza Kontrabanda by denis Wednesday, Jan. 14, 2004 at 9:43 PM |
denis@collectifs.net |
Il a passé l'année 2003 sur les routes d'Europe avec la tournée "Jai-Alai Katumbi Express", en compagnie de Manu Chao et du Radio Bemba Sound System. Ancien chanteur de Kortatu et Negu Gorriak (deux groupes qui mélangeaient ska, punk et reggae), fondateur du célèbre label indépendant et autogéré "Esan Ozenki" (devenu "Metak"), Fermin Muguruza est sans conteste l'une des figures marquantes du panorama culturel et social basque.
Fermin Muguruza Kontrabanda
18-02-2003 à partir de 19h00
Il a passé l'année 2003 sur les routes
d'Europe avec la tournée
"Jai-Alai Katumbi Express", en compagnie de Manu Chao et du Radio Bemba
Sound System. Ancien chanteur de Kortatu et Negu Gorriak (deux groupes
qui mélangeaient ska, punk et reggae), fondateur du
célèbre label
indépendant et autogéré "Esan Ozenki" (devenu
"Metak"), Fermin Muguruza
est sans conteste l'une des figures marquantes du panorama culturel et
social basque. Militant pour la défense de la culture basque, il
chante
avant tout en Euskera, mais il multiplie les rencontres avec d'autres
cultures et d'autres langues non hégémoniques... Ainsi,
son album
"Brigadistak Sound System" fut enregistré dans 10 villes et avec
autant
de formations issues de 3 continents différents. Et on ne compte
plus
ses collaborations avec des musiciens aussi variés que
Amparanoia,
Desorden Público, Fundamental, Los Van Van, Mad Professor,
Tijuana No,
Zebda, Zion Train... Sa musique se nourrit de ces influences:
dub-reggae-ska, aux accents tantôt soul, funk ou jazz,
tantôt plutôt
rap, hip hop, salsa ou drum'n'bass. Accompagné de 12
musicien(ne)s
(dont d'anciens membres d'Hechos contra el Decoro), ce concert sera
précédé par une projection de courts
métrages basques et d'autres
surprises sonores ou visuelles émailleront la soirée.
http://www.muguruzafm.com
/ http://www.musikametak.com
! Recyclart: Gare Bruxelles-Chapelle
25 rue des Ursulinnenstraat, 1000 Bxl,
http://www.recyclart.be
Interview
de Fermin Muguruza sur Radio Chango
Pourquoi as-tu décidé
d'entamer une carrière solo après KORTATU et NEGU GORRIAK
avec la sortie d'un premier album Brigadistak Sound System qui
réuni divers musiciens ?
Après NEGU GORRIAK et KORTATU, je ne pensais pas organiser
un groupe. Je voulais effectuer un voyage musical formé de
toutes mes idées, toute la musique que j'aime et avec tous mes
amis que j'ai dans le monde. Je l'ais nommé « Bigadistak
» car ces amis font partie pour moi d'une internationale du rock
car ils ont fait un gros travail musical dans les années qui
précédaient la sortie de cet album. C'est l'exemple de
Todos tus muertos que j'ai connu en Argentine. J'ai aussi beaucoup
travaillé à Cuba avec Los Van Van. L'idée est de
sortir de sa maison, de la routine et du cercle vicieux de la
passivité. Cette démarche a commencé par la
collaboration avec mes amis du Venezuela, Desorden Publico.
Pour agrandir le voyage, j'ai ensuite organisé des rendez-vous
avec d'autres cultures comme avec le peuple du Kurdistan, les Mapuches,
etc. Dans ces morceaux, j'ai essayé d'écouter d'autres
langues du monde, différentes de celles qui sont
hégémoniques. Ces dernières sont utilisées,
comme l'Italien, le français ou l'espagnole, mais on y trouve
surtout des langues marginalisées. En fait, l'idée
était de faire une sorte d'internationalisme solidaire par la
réunion de cultures différentes mais souvent porteuses
d'un même combat revendicatif. Après trois années
de tournée, chacun s'est consacré à ses projets.
Pourquoi avoir décider de
changer de style à partir de carrière solo ? Du Rock
dynamique et parfois très. « agressif ».tu es
passé à du Ska, Latin, Reggae, ...
Oui c'est vrai. Le style dominant a changé, cependant, le
Ska, la musique latine et le Reggae étaient des styles
présents dans NEGU GORRIAK et KORTATU. Le Reggae a toujours
était la constance. Avec NEGU GORRIAK, j'ai
intégré la Soul et le Hip-Hop. Mais dans tous les
disques, le Reggae est présent. GORA HERRIA, c'est le courant
festif et revendicatif. Ca, tu pourras le retrouver dans tous mes
disques.
Le concept de « Dub Manifest » est différent. Ce
sont les groupes collaborateurs qui ont apporté la
différence par rapport à mes autres CD. Ma recherche de
la profondeur est depuis plus la même. Mais l'esprit lui n'a pas
changé.
Avec la tournée Jai Alai Katumbi express que nous faisons
avec Manu Chao, c'est plus Rock que ce que je fais maintenant avec mes
disques. J'aime changer comme le fait Manu. «Clandestino»
et «Proxima estacion esperanza» sont très
tranquilles. Sur scène, c'est complètement
différent. Pour moi aussi, c'est comme ça. Ce que nous
recherchons sur scène c'est l'énergie.
Quand on écoute ta musique,
on te remercie au passage pour les traductions, on a l'impression
qu'elle est une arme pour toi, au-delà même de tes
revendications vis-à-vis du pays basque. Tu parles du Kurdistan,
de Léonard Pelletier et plus généralement des
injustices au niveau mondial.
La musique est plus un outil plutôt qu'une arme. Je
revendique l'artisanat musical et la parole de l'artiste. C'est une des
possibilités qu'offre la démocratie, alors je l'utilise.
Cet outil me permet de défendre ma langue qui est basque, les
minorités, et les courants d'alternative à la
mondialisation. C'est pour cela qu'avec Katumbi Express, nous jouerons
au contre sommet de G8 à Evian.
Penses-tu que par la musique il soit
possible d'éveiller l'esprit critique chez le public ?
C'est ce que nous recherchons. Nous voulons être vecteurs de
la fête car elle permet d'évacuer les frustrations et le
sentiment d'injustice que l'on peut ressentir dans les rapports entre
le pouvoir, l'establishment et la société civile. Nous
sommes très conscients de la réalité des choses.
Sur scène nous essayons de ne pas faire que chanter. Nos avons
introduit des discours entre les morceaux qui sont le résultat
de discussions que nous avons entre nous et du croisement de nos
différentes sensibilités.
Il faut que les protestations aient la parole. C'est une chose
très difficile encore aujourd'hui, alors nous utilisons notre
temps de scène pour donner un écho aux idées qui
n'ont pas beaucoup de place dans le system dominant.
Dans Brigadistak, « Temps
Brumeux sur la capitale » est un titre qui malgré qu'il
ait été enregistré en 1999 nous paraît
d'actualité surtout vis-à-vis des politiques
sécuritaires en vogues actuellement en Europe.
Ce titre est l'histoire d'un réfugié politique basque
à Paris. Il parle de nostalgie de façon très
poétique. Il a l'obsession de la persécution dès
qu'il voit une voiture de police. Cette sensation vaut pour beaucoup de
personnes porteuses d'une charge revendicative et pas forcement que
pour les indépendantistes basques aujourd'hui. C'est pour cette
raison que nous la reprenons avec Katumbi lors de la tournée.
Dans tes différents projets
musicaux tu prends très souvent parti pour les minorités
dans le monde.
Je suis défenseur de tout ce qui est alternatif et qui
survie à la globalisation. Je crois aussi beaucoup aux forums
comme celui de Porto Alegre. Il y a quelque chose qui commence à
marcher. Certaines cultures minoritaires sont en train de
disparaître au profit d'une culture unique. Personnellement je ne
souhaite pas devenir comme tout le monde ou que tout le monde devienne
comme moi. J'aimerais que chacun puisse rester ce qu'il est tout en
regardant les différences avec respect.
Dans « In-komunikazioa
», il y a un titre de soutien à Léonard Pelletier
où on peut aussi entendre les voix de José BOVE ou de
Mumia abu Jamal.
Nous avions participé avec le collectif de bristol à
une compilation de soutien à Mumia abu Jamal. Après
ça, Léonard Pelletier m'a envoyé une lettre pour
me remercier pour tout ce que je faisais. Je ne lui ais pas
répondu par une lettre mais par une chanson.
L'idée c'est que tous ces
combats sont liés et qu'un courant doit se mettre en route.
C'est pour cela que dans cette chanson notamment, Mumia, José
BOVE, etc. sont sur le même titre. Comment qualifierais-tu ton
album In-komunikazioa ? On peut y entendre divers styles comme la Funk,
la Soul.
C'est difficile de parler de sa musique. C'est plus facile de
raconter le pourquoi des paroles. Je voulais le plus d'instruments
possibles. Le mélange des styles, c'est le mélange des
cultures et donc le croisement des vraies richesses de ce monde. C'est
aussi une question d'instinct musical.
La volonté de fonder une
boite de production indépendante était-elle politique ou
découle t'elle d'une nécessité réelle
liée au pays basque et de l'expression de sa culture ?
Il y a deux choses. Je suis issu du mouvement punk et nous avions
pris la décision de créer une production
indépendante pour créer une alternative à la
société capitaliste qui vend un artiste plutôt que
de le laisser s'exprimer. C'est une volonté
d'indépendance économique par rapport au système
marchand. La deuxième chose est la volonté
d'indépendance dans la diffusion et la production de notre
culture basque. Nous ne voulons dans tous les cas pas être soumis
à une majore. On parle de globalisation, de
néolibéralisme, c'est à dire de pouvoir des
majores. Nous ne voulons pas collaborer à l'augmentation des
pouvoirs des majors car ce sont elles qui ont tous les pouvoirs
aujourd'hui, ce ne sont plus les politiciens.
Le sous commandant Marcos a
lancé un défit très polémique à
l'encontre du juge GARZON, à propos du pays basque. Qu'en
penses-tu ?
Le système des rencontres conférencières est
à mon avis une bonne chose dans certain cas. Mais nous n'avions
rien à attendre de GARZON qui est une « super-star
». Il nous a fait beaucoup de mal. Mais Marcos a reconnu son
erreur et s'est excusé.
Revenons à la tournée
Jai alai Katumbi Express. Comment est-elle née et pourquoi ce
nom ?
En décembre dernier, il y a eu une conférence
zapatiste à Madrid. Manu et moi y étions. Il m'a
demandé si en janvier j'étais disponible et je lui ais
dit oui. Katumbi est né.
Jai Alai c'est la pelote basque ou
la fiesta alegre. Katumbi est le nom d'un quartier pauvre du
Brésil que Manu aime beaucoup. Express évoque la rue, les
voyages, le dynamisme.
L'idée est de faire une tournée dans les petites
salles qui ont une bonne programmation c'est à dire sans «
super-programmation ». Les entrées doivent être pas
chères, et le nom d'emprunt permet de décevoir le moins
de monde possible. Nous avons recherché un concept populaire qui
va à l'encontre des productions scéniques
traditionnelles, c'est à dire une dizaine de morceaux et deux
rappels. On voulait être en dehors des Mass-médias et
favoriser les médias alternatifs. On a essayé de
vérifier si l'information pouvait avoir de la force par ces
réseaux alternatifs. Elle en a. Ici aussi il y a des choses qui
sont en train de se passer.
Pourquoi avoir choisi l'Europe pour
votre tournée et non pas l'Amérique latine ou l'Afrique ?
C'est une question de logistique. Nous y avons bien
évidemment pensé, mais pour aller là bas, il c'est
très long à organiser. Il fallait que nous tournions
rapidement par rapport à nos disponibilités. Nous
voulions aller aussi aux Etats-Unis mais je ne peux plus y aller depuis
que AZNAR a transmis mon nom à bush en cadeau de puis la guerre
en Irak, en tant que terroriste. C'est ainsi pour tous les gens
indépendantistes de gauche. Mais c'est un honneur d'être
à coté de Shen PEN, Michael MOORE !
Quand on a rencontré Magyd
CHERFI de ZEBDA il nous a dis que tu étais pour lui le meilleur
musicien qu'il connaisse quand on lui a parlé de ta
collaboration avec lui pour le titre Bere Bar.
Je suis sans parole. Mais il faut dire une chose importante. ZEBDA
sont comme des frères. Ils font beaucoup de choses avec nous au
pays basque Nord notamment avec le Tactikollectif. Nous sommes
très amis. Quand je suis allé en Kabylie ou à
Alger, beaucoup de personnes connaissaient le morceau. C'est un groupe
très bon, frère de combat et de luttes