arch/ive/ief (2000 - 2005)

La raison de ce rassemblement était triple. Tout d'abord, les manifestantEs voulaient protester contre la condamnation à mort en Iran de Kobra Rahmanpour. Cette femme, mariée de force et victime de violences conjugales répétées, est menacée d'exécution parce que, en situation de légitime défense, elle a tué son mari et sa belle-mère.  Les manifestantEs, bien que n'approuvant pas son geste, voulaient dénoncer cette condamnation à mort ainsi que les discriminations dont sont victimes les femmes en Iran et les violations des droits humains commises par le régime du président Khatami. Ils ont réclamé l'arrêt des exécutions, des lapidations et de la torture, et la libération des prisonniers politiques en Iran en scandant "Droits de l'homme en Iran", "Liberté, démocratie en Iran".

Le lieu du rassemblement, le rond-point Schuman, a été choisi parce que les IranienNEs veulent faire pression sur l'Europe pour qu'elle demande à l'Iran l'annulation de cette condamnation. Plus généralement, les IranienNEs réfugiés en Europe attendent des pays européens que ceux-ci mettent un terme à leurs relations économiques avec l'Iran. Comme l'Irak, l'Iran a d'importantes ressources pétrolières, dont certains groupes européens, notamment TotalFinaElf en France ou ENI en Italie, profitent largement. Les réfugiéEs iraniens estiment que ces liens économiques de l'Europe avec l'Iran constituent une approbation tacite d'un régime théocratique, misogyne et dictatorial.

Les manifestantEs, dont certains venus d'Allemagne, protestaient également contre la politique indigne de la Belgique en matière de droit d'asile. La manifestation coïncidait avec le 12e jour de grève de la faim pour de nombreux Iraniens à l'église des Minimes, à Bruxelles.

Les actions des IranienNEs en Belgique ont débuté il y a plus de quatre mois, avec l'occupation de l'ULB. Après plusieurs semaines de grève de la faim, les autorités belges ont finalement accepté que les réfugiéEs introduisent une nouvelle demande d'asile sur la base d'un élément nouveau: l'ambassade d'Iran avait qualifié les occupants de l'ULB de "groupement terroriste". Aujourd'hui, certaines réponses à ces nouvelles demandes sont arrivées, et plus de 80% sont négatives. Les autorités belges ont notamment rejeté certaines demandes parce que les réfugiéEs ne pouvaient pas fournir la preuve qu'illes avaient été identifiés par l'ambassade d'Iran... C'est pourquoi, après avoir été expulsés de l'ULB par la police à la demande de la direction de l'université, 17 IranienNEs ont entamé une nouvelle grève de la faim à l'église des Minimes. Au rond-point Schuman, plusieurs personnes ont pris la parole pour dénoncer l'indifférence de la Belgique à la détresse des grévistes de la faim et le silence du ministre de l'Intérieur, Patrick Dewael. En écho aux slogans "Droits de l'homme en Iran", "Liberté, démocratie en Iran", les manifestantEs ont réclamé "Droits de l'homme en Belgique", "Liberté, démocratie en Belgique".

À la fin du rassemblement, les manifestantEs ont également exprimé leur solidarité avec tous les sans-papiers et réclamé l'arrêt des expulsions.

Après l'action devant la Commission européenne, les manifestants iraniens ont aussi rendu visite aux grévistes de la faim turcs qui jeûnent par solidarité avec les prisonniers politiques en Turquie dans le parc Solidarnosc derrière la commune d'Etterbeek.