arch/ive/ief (2000 - 2005)

Le Mouvement Ni P…, Ni Soumises sert-il la cause des femmes ?
by Mouedden Mohsin Monday, Jan. 05, 2004 at 10:04 AM
Mohsin_Mouedden2002@yahoo.fr

Le Mouvement Ni Putes, Ni soumises lancée depuis une bonne année a fait le tour des médias, des réceptions politiques et des banlieues. Ce mouvement féministe désire s’attaquer aux discriminations et violences réelles que vivent les femmes dans les banlieues et en particulier celles vécues par les femmes musulmanes.

Rappelons les faits, le 4 octobre 2002, à Vitry sur Seine une jeune fille de 17 ans, Sohane Benziane est brûlée vive dans une cave à poubelles d'une HLM de banlieue où elle avait été emmenée de force et enfermée par des jeunes du quartier.

Cet acte ignoble et inhumain verse dans le crime sordide et non « le fait divers » comme le rapporte honteusement une certaine presse de l’époque.
A partir de cet instant, les féministes embourgeoisées, le monde politique lénifiant (sans véritable projet de société pour les banlieues) et médiatiques, (toujours à la recherche du scoop de l’année), prenaient consciences des violences subies par des françaises d’en bas et de surcroît musulmane en pleine terre de France.

Quelques semaines plus tard, naissait le fameux mouvement, avec à sa tête la médiatique présidente Fadela Amara, Samira Bellil, auteur de « l'Enfer des tournantes » ainsi que la très appréciée et convoitée politiquement Loubna Meliane, porte parole du mouvement.
En un an, des centaines de débats, des conférences, des participations à des émissions télévisées, des Unes dans la presse et les médias, des rassemblements, des manifestations, ainsi qu’une grande campagne de sensibilisation…

Le Mouvement sert-il réellement la cause des femmes ? A-t-il comme ambition de donner les outils et les moyens nécessaires afin que les femmes des banlieues puissent être libres et émancipées ?
La réponse à ces questions est à mon sens positive, l’objectif premier est de permettre à ces femmes d’êtres maîtresses de leurs corps, de leurs actes et de leurs vies, quoi de plus banal après tout… cependant là ou ce mouvement dérive dangereusement c’est l’amalgame qu’il tend à produire implicitement en mettant en avant le fait religieux islamique comme étant le principal responsable de la situation ségrégationniste et machiste vécues par les femmes.

Pour cette raison, ce mouvement légitime, malgré des visées de récupérations politiques clairement établies lance un véritable débat de société entre l’islam et la laïcité… cette entreprise de stigmatisation soutenue par le grand frère SOS Racisme contre les musulmanes pratiquantes désireuses de porter le foulard et les musulmans de cœur et de conviction deviendront le leitmotiv du mouvement. Triste ? Pas tant que ça, puisque certain(e)s sont persuadé(e)s que le grand responsable de cette situation dramatique n’est autre que l’islam. Le coran quant à lui avaliserait les femmes, les humilierait, les mettrait dans une situation d’infériorité… bien évidemment ce discours est toujours diffus, implicite de peur de provoquer une « bronca » généralisée dans les banlieues et les sphères religieuses.

On regrettera aussi les propos totalement immatures de Loubna Méliane à propos de son père, considéré comme « perdu » car ayant fait le pèlerinage à la Mecque et donc trop musulman à ses yeux ! On ne souhaite pas que Samira Belil, femme courageuse et peut-être la plus réaliste du mouvement, fasse des amalgames douteux entre les jeunes des banlieues et le monde glauque des marginaux malades et drogués…(victimes des réseaux mafieux…), ce ne serait à mon sens ni sain, ni honnête.

Le plus burlesque dans cette situation, c’est le désir de ce mouvement et du politique de diviser les femmes des banlieues en deux catégories, deux couches de « défavorisées », les bonnes… désireuses d’être des Mariannes en puissance et les mauvaises, forcément musulmanes pratiquantes et/ou voilées.
Il aurait été plus intelligent de combattre le sexisme et les machismes, les violences faites à toutes les femmes, pratiquantes ou pas, athées ou pas en pointant du doigt des conditions sociales déplorables voir explosives responsables en premier lieu des violences contre les femmes et les défavorisés (les banlieues sont un monde de violence complexe abandonné du politique depuis 30 ans…), des traditions archaïques anti-islamiques (obligation des mariages sans consentement de la femme, privation de tout ordre) et parfois et cela existe malheureusement aussi, raison pour laquelle nous devons le dénoncer avec force et vigueur, une manipulation des textes coraniques par une minorité de musulmans rétrogrades pour cloîtrer la femme (la femme devient « l’honneur » de la famille, la tribu) !
Il apparaît aussi que ce mouvement commet deux erreurs à mon sens, gravissimes, à savoir comparer tout le temps la situation en France avec les pays musulmans en invitant très souvent des féministes « ultras » venant du Maroc ou de l’Algérie condamnant sans nuance, le voile et l’islam considérés de facto anti-républicains et anti-féministes, à croire que les musulmans français de la 1ère à la 4ème génération sont condamnés à se farcir des « illuminées » ou à se référer à leur pays d’origines à chaque fois qu’il y a des situations problématiques, en soi… rester un français de troisième catégorie.

Le deuxième paradoxe est le choix « manichéen » que nous donnerait ce mouvement.
Les femmes dans les banlieues seraient, soit des soumises, portant le foulard, acceptant les recommandations des « mâles » musulmans, renvoyant ainsi à un certain fantasme orientaliste des femmes objets « harémisés » ou des P… forcément libertines, laïques et dévergondées… la réalité ne serait-elle pas dans le juste milieu, à savoir ces centaines de milliers de femmes, françaises musulmanes, portant le voile ou pas, pratiquantes ou pas, qui dans les banlieues travaillent, étudient, s’émancipent contre le misérabilisme social et le joug d’une certaine tradition archaïque, tirant les musulmans vers le haut en ne rejetant ni l’islam, ni le coran ni les valeurs républicaines et occidentales. Nous assistons là, à une véritable révolution silencieuse des mentalités.

Pourtant ces femmes paradoxalement sont inexistantes sur la scène médiatique et politique. Doit-on considérer cela comme un oubli ou une volonté étatique de faire taire des voix discordantes n’allant pas dans le sens de ce mouvement ?
Ces femmes luttant pour plus de droits et de libertés tout en préservant leur islamité, intéressent-elles ce mouvement et le monde politique ?
Poser la question, c’est déjà y répondre…

Mouedden Mohsin
Acteur associatif belge

quel est le but de cet article
by M. Abdelali Monday, Jan. 05, 2004 at 4:04 PM

Cet article m'a l'aire assez tendentieux, je me demande si l'auteur a déjà rencontré ces "féministes embourgeoisées" car il y en a des bien pire que les ni P ni soumises.

Il serait mieux de ne pas constamment penser en collectivité ou pire encore en communauté. Qui suis-je ou êtes vous pour savoir des choses d'une telle magnitude. Qu'il s'agisse de viols collectifs, barbecue humain ou même agression verbale envers des individus du sexe féminin la loi devrait être respectée et appliquée en défense de l'individu, point final. Le fait d'être d'une certaine religion, etnie ou au chomage n'excuse en rien ces actions. Moi je suis musulman et au chomage, sans bagnole ni training Tacchini, cela me donne-t-il un permit d'aggression ou de comportement machiste?
Revenons-en au faits, peut-être les ni putes ni soumises ne servent-elles pas la cause des femmes (vous êtes un homme j'en suis un, je crois les femmes aptes à en juger elles-mêmes) au lieu de les attaquer essayons de les renforcer. Il va de soi que tout groupe de cette nature subira les convoitises du pouvoir (comme p.e. sos racisme et le PS en France, mais là il s'agit d'un homme) est-ce une raison pour les torpiller et discréditer? Des attaques simpliste du genre on peut en faire tout un tas ; le PTB/PC/PVDA sert-il les intérêts des ouvriers, les écolos de la nature ou plus marrant encore le Vlaams Blok pour les racistes-flamingants.

article éclairant
by antoine Monday, Jan. 05, 2004 at 8:35 PM

Je trouve ce texte très intéressant.
Ni pute ni soumise, mouvement de femme, est utile pour revandiquer le droit des femmes. Mais ce que souligne l'auteur, c'est qu'il n'existe pas de valeurs, de mouvement qui soit en dessous de la lutte de classe.

En France, à l'heure actuelle, il y a une répression féroce du gouvernement de droite contre la population musulmane. C'est un fait indéniable est scandaleur.
Si les "ni putes ni soumises" ne montrent pas l'inégalité des quartiers de banlieux, cause principale de la dégénerescence morale des jeunes, elle se place inévitablement du côté du gouvernement accusant les jeunes des quartiers les plus pauvres (arabes en l'occurence) de tous les méfaits (antisémitisme, viols, dégradation, etc.).

Au temps des colonies françaises, pendant que les hommes étaient exploités jusqu'à la mort, les jeunes femmes étaient sexuellement convoitées, sur base d'exotisme malsain.
Aujourd'hui, il me semble exact de faire une pareil analogie, me semble-t-il. Pendant qu'on exploite la force de travail des jeunes immigrés (ou qu'on les jette au chômage), qu'on les accable, la télévision présente les femmes comme des victimes... de leurs frères !!

Hypocrite...
by Pascale Tuesday, Jan. 06, 2004 at 4:00 PM

Extrait de Sisyphe, 5 janvier 2004

" A vouloir trop bien faire, il arrive qu'on se plante. Ah, il avait été bien organisé ce dimanche 21 décembre, le cortège des filles voilées défilant, encadrées de barbus, de la République à la Bastille au nom de la liberté de culte ! À regarder ces gamines sanglées dans l'uniforme de la honte s'indigner de la " répression " dont elles se disaient victimes, on ne pouvait se défendre d'un certain malaise. Et même d'une colère certaine devant la sensation violente d'être pris pour des imbéciles, au sens étymologique du terme : " imbecillus ", faible d'esprit. Faut-il en effet être incapable de relier entre elles deux idées pour ne pas voir ce qui, effectivement, était en marche ce dimanche d'hiver : un troupeau de filles, de femmes et d'enfants voilées, encadrées d'hommes silencieux, faisant penser aux vers de Baudelaire :


" Descendez, descendez, lamentables victimes Plongez au plus profond du gouffre, où tous les crimes,
Flagellés par un vent qui ne vient pas du ciel,
Bouillonnent pêle-mêle avec un bruit d'orage. "


Elles montaient, les " lamentables victimes " consentantes dans leur subordination et flanquées de leurs bourreaux, à l'assaut de la Bastille symbolique de la Liberté et des Droits de l'Homme. On ne saurait être plus clair.

Imagine-t-on des femmes afghanes défiler en burqa sous la banderole " Mon voile, mon choix ! ", des Chinoises revendiquer qu'on leur bande les pieds, des Africaines qu'on leur étire le cou avec des anneaux, toutes au nom du respect de leur culture et de leurs traditions évidemment ? À quand une manifestation d'Indiennes réclamant le droit d'être crématisées avec leur mari défunt, comme une solide coutume fondée sur l'hindouisme l'a longtemps exigé, pour l'honneur de la famille ?

Quant à la soi-disant " pudeur " qui fait du corps de la femme un objet sexuel et de l'homme un détraqué bavant de concupiscence devant le moindre cheveu qui dépasse, c'est certainement un grand progrès dans le domaine du respect mutuel, de l'humanité et des droits de l'homme ! Et pour finir, la menace, même pas voilée, elle : " En mars, je vote ! " Ce vote-là devrait logiquement aller au Front National, hostile dès le départ à l'interdiction du foulard islamique. A moins qu'on n'assiste, dans les mois à venir, à l'émergence de candidats islamiques dûment estampillés. Ce qui prouverait enfin que le combat n'est pas (n'a jamais été) religieux mais politique.

La manipulation était si grosse qu'elle en devenait affligeante. Les organisateurs ont simplement oublié que la France de 1789 avait guillotiné un roi, détruit des églises, chassé les prêtres et mis la religion à l'Index pour faire émerger des valeurs humanistes. Ce n'est certes pas pour, deux siècles plus tard, accepter que ses symboles servent de déguisement de carnaval à des individus suffisamment lâches pour pousser des femmes en première ligne. Ce triste dimanche, les barbus avaient mis les femmes sur le trottoir. Convaincues et consentantes, scandaient-elles devant les caméras. Comme l'étaient les jeunes Allemandes prêtes à donner leur corps dans les lebensborns pour créer la race aryenne, obsession d'Hitler.

Deux siècles d'histoire violente ont forgé une conception sans failles de la liberté, de l'égalité et de la fraternité au-dessus des choix individuels où se situe la liberté de culte. En se positionnant à égalité avec les valeurs fondatrices de la République, les Islamistes ont dévoilé leur stratégie : tester les limites de l'acceptable pour saper les fondements d'une société qu'ils récusent. Transformer les métastases actuelles en cancer généralisé qui rongera le corps social.

Dans ses Réflexions sur le racisme, le philosophe Cornélius Castoriadis écrit à propos de l'excision, aujourd'hui largement condamnée : "… tout cela se passe là-bas, in der Turkei, comme disent les bourgeois philistins de Faust. Vous vous indignez, vous protestez. Puis un jour, ici, à Paris, vous découvrez que votre employé de maison (ouvrier, collaborateur, confrère) que vous estimez beaucoup se prépare à la cérémonie d'excision-infibulation de sa fillette. Si vous ne dites rien, vous lésez les droits de l'homme.(…) Si vous essayez de changer les idées du père, vous le déculturez, vous transgressez le principe de l'incomparabilité des cultures ". Pour Castoriadis, le choix apparaît clair. C'est celui de l'universel contre le particulier, des valeurs humaines contre la loi divine, de la citoyenneté contre les communautarismes : " Le combat contre le racisme est toujours essentiel. Il ne doit pas servir de prétexte pour démissionner devant la défense de valeurs qui ont été créées " chez nous ", que nous pensons être valables pour tous, qui n'ont rien à voir avec la race ou la couleur de la peau et auxquelles nous voulons, oui, raisonnablement convertir toute l'humanité ".

Telle est l'universalité de la devise républicaine (liberté, égalité, fraternité). Une devise qui doit être défendue, soutenue et mise en pratique au quotidien parce qu'elle est fragile comme la démocratie. Ceci pour garantir les libertés et les responsabilités individuelles et collectives, et permettre ainsi l'implication de citoyens dans les affaires de la cité. La démocratie française en a bien besoin après un certain 21 avril qui a révélé un clivage national-ethnique enfonçant des populations entières dans un repli communautaire.

Mis en ligne sur Sisyphe, le 5 janvier 2004

c'est qui SOS racisme
by olivier Tuesday, Jan. 06, 2004 at 5:13 PM

Juste un mot pour dire que SOS racisme n'a pas été RECUPERE par le PS, mais EST une émanation du PS et de Julien Gray en particuliers. En ce qui concerne Ni putes...sa porte parole est a SOS racisme...de là à dire que Ni putes...a un lien avec le PS, à chacun de juger....

sisyphe ou comment faire des analogies dangereuses
by antoine Tuesday, Jan. 06, 2004 at 6:15 PM

Faire la comparaison entre la révolution française, la lutte très courageurse des républicains contre le pouvoir clérical et de la noblesse et la revendication identitaire des jeunes filles maghrébines, c'est être digne d'une méconnaissance des évolutions historiques.

Les jeunes filles voilées ne font pas partie de l'aristocratie ayant le pouvoir ou ayant eu le pouvoir en France !! Ces filles, au contraire, s'opposent en réagissant à l'ambiance anti-musulmane créée et défendue par l'extrème droite.

Au contraire, ces filles s'opposent au pouvoir injuste de l'Etat français, et se situent donc du côté des opprimés, des exploités, des misérables, comme les républicains à l'époque de la révolution française !!

Etant donné qu'il n'existe pas de parti politique porte-parole accusant l'injustice en France (le parti communiste est mourrant), et que les média, menés par les politiciens de la social-démocratie ont mis le débat religieux sur le plateau, on ne peut pas rêver mieux pour diviser la France entre les différences philosophiques et encourager les religieux de tout poils.

Après l'antisémitisme, c'est le port du voile qui fait grand bruit en France. Apparemment, les politiciens de la social-démocratie française ont tiré les leçons de la victoire de LePen en France: "attaquons-nous aux musulmans !". Les thèmes des l'extrême-droite sont maintenant repris en coeur par la social-démocratie. Cela fait le jeux de l'extrême-droite et des intégristes religieux. C'est en évitant de pointer l'injustice que l'extrème-droite fait de grands progrès, surtout en se plaçant sur son terrain.

...
by antoine(l'autre) Tuesday, Jan. 06, 2004 at 8:51 PM

Pour dire que la porte parole de npns je l'ai vu a la télé et elle a déja ca carte du PS faut pas s'inquieter pour cela...mais en attendant SOS racisme c toujours les premiers a critiquer le MIB qui est le seul mouvement des quartiiers qui a essayé de bouger

Article
by Dounia Monday, Feb. 16, 2004 at 1:36 AM

Je dois écrire un article sur le mouvement "ni putes ni soumises". Je ne suis pas certaine que le but premier de ce mouvement est de servir la cause des filles de banlieux, ne sert-il pas avant tout les intérêts de certains hommes politiques du moment? J'aimerais avoir vos avis sur la question.