L'article ci-dessous est paru dans la Hudson Valley Activist
Newsletter
du 7 décembre 2003.
Richard Perle, un membre influent du Conseil consultatif de
défense du Pentagone et un des principaux partisans
néoconservateurs d'une guerre des États-Unis contre
l'Irak, a choqué son audience londondienne le 19 novembre en
reconnaissant que l'invasion et l'occupation de l'Irak étaient
des violations du droit international.
«Dans ce cas-ci,» a-t-il déclaré, «le
droit international empêchait de faire ce qu'il fallait,»
justifiant ainsi une attaque illégale. Il a poursuivi en
admettant que «quelques ténors de la scène publique
américaine [manifestement les hauts dirigeants de
l'administration Bush et des conseillers comme lui-même] ont
exprimé l'opinion que, s'il est vrai que le droit international
ne permettait pas une action préventive unilatérale sous
l'autorité de l'Onu, c'est que le droit international
était défaillant.»
Perle, qui bénéficie d'une influence considérable
au sein de l'administration Bush, préconisait une guerre contre
l'Irak depuis
1991, lorsque le premier président Bush mit fin à la
guerre du Golfe sans s'emparer du pays ni renverser le président
Saddam Hussein. Il a été l'un des principaux moteurs de
la campagne menée par Bush l'automne et l'hiver derniers pour
gagner le soutien de public, du Congrès et de la
communauté internationale en faveur de la guerre imminente.
À cette époque, il affirmait que, même sans soutien
spécifique de l'Onu, les États-Unis avaient «un
motif légal à la guerre.»
Washington maintient que l'invasion américaine n'était
pas contraire au droit international, en se basant largement sur le
vote de novembre 2002 du Conseil de sécurité de l'Onu,
qui exigeait que le gouvernement de Bagdad détruise ses
prétendues armes de destruction massive (ADM), faute de quoi il
s'exposerait à «de graves conséquences.» Bien
qu'il se soit avéré que l'Irak ne possédait pas
d'ADM, la Maison Blanche soutient que la vague menace d'une action
ultérieure non spécifiée équivalait
à une approbation de la guerre par l'Onu - une position que ne
partagent ni l'organisation mondiale ni aucun spécialiste
reconnu du droit.
Comme argument de rechange, le président Bush insiste sur le
fait que la Charte de l'Onu justifie la notion
«d'autodéfense préventive», en partant du
principe que les États-Unis étaient confrontés
à «une menace imminente» de la part de l'Irak. En
outre, la Maison Blanche prétend que le refus de Bagdad de
mettre en application certaines résolutions antérieures
de l'Onu justifiait une guerre. Cette perspective conduirait
instantanément au chaos international si elle était
acceptée par l'Onu, ce qui n'est pas le cas. Cependant,
dans le même temps, l'Onu ne condamne pas l'invasion menée
par Washington, qui est pourtant une violation flagrante de la charte
de l'Onu et d'autres lois internationales.
Selon les experts du droit de
Partnership for Civil Justice,
une association établie à Washington, «Une guerre
d'agression (comme une attaque non provoquée contre l'Irak)
enfreint la Constitution des États-Unis, la Charte des Nations
unies et les principes du tribunal de Nuremberg. Elle enfreint la loi
collective de l'humanité qui reconnaît le mal
incommensurable et la souffrance humaine inique qui découlent de
l'engagement d'un pays dans des guerres d'agression pour faire
progresser ses intérêts nationaux tels qu'ils sont
perçus par son gouvernement. En vertu du droit international et
de la jurisprudence commune historique, une guerre préventive
peut être justifiée en tant qu'acte d'autodéfense
uniquement lorsqu'il existe une menace réelle et imminente
d'attaque physique. La guerre préventive de Bush contre l'Irak
ne prétend même pas prévenir une attaque physique.
Elle était présentée comme devant prévenir
une menace qui ni n'a été ni émise, ni
établie par les faits.»
Richard Perle reconnaît aujourd'hui finalement que la guerre
enfreint
le droit international - pas dans la perspective d'un défenseur
de la légalité mais avec le mépris d'un criminel
qui s'en est tiré impunément.
Article original en anglais
Legal
Or Illegal? Whatever!