Saddam demande ses arriérés de salaire by Greg Palast (posted by Yannindy) Wednesday December 17, 2003 at 02:13 PM |
Jessica Lynch a capturé Saddam. Celui-ci demande ses arriérés de salaire.
L'ex-dictateur iraquien Saddam Hussein a été mis en prison le 13 à environ 20h30, heure de Bagdad. Plusieurs responsables de chaînes de télévisions, des stratèges de la maison blanche et les experts en propagande du pentagone sont en train de discuter s'il faut annoncer que c'est la soldat Jessica Lynch qui a capturé l'ex-dictateur, ou que Saddam s'est rendu après un dur combat à mains nues avec le dictateur iraquien actuel, Paul Bremer III.
L'ex-président Hussein a déclaré aux militaires américains qui l'interrogeaient qu'il était revenu à la surface après avoir entendu parler de la nomination de son vieil associé James Baker III comme médiateur de dettes pour l'Iraq. "Hey, mon pote Jim me doit beaucoup", a déclaré Mr Hussein. Il a en effet confirmé que Baker et le gouvernement Bush 41 (Bush senior, 41° président des Etats-Unis) "me doivent mes arriérés de salaire. Après tout ce que j'ai fait pour ces gens, ils pourraient au moins avoir la décence de me payer".
Le dictateur iraquien a alors énuméré la liste des coups qu'il avait fait opérés pour le compte des administrations Baker-Bush, en terminant par l'invasion du Koweït en 1990, autorisée par le secrétaire d'Etat de l'époque Baker.
Mr Hussein a cité la transcription de sa réunion du 25 juillet 1990 à Bagdad avec l'ambassadeur US April Glaspie. Quand Saddam a demandé à Glaspie si les Etats-Unis verraient un problème à une attaque contre le Koweït pour arrêter le vol des ressources pétrolières iraquiennes par le petit émirat, l'ambassadeur des Etats-Unis lui a répondu: "Nous n'avons pas d'opinion.. Le secrétaire d'Etat Baker m'a dit d'insister sur le fait .. que le Koweït n'a pas de liens privilégiés avec les Etats-Unis".
Glaspie, lors de son témoignage devant le congrès en 1991, n'a pas nié l'authenticité des enregistrements de ses conversations avec Saddam, que les diplomates du monde entier ont considéré comme un accord étasunien à une invasion iraquienne.
Pendant que les conseillers en image de l'armée US le coiffaient, Saddam a fait la liste des boulots effectués pour le compte de ses alliés dans les administrations Carter, Reagan et Bush, pour lesquels il réclame ses gages:
1979: Prend le pouvoir avec l'aval des Etats-Unis, et change l'allégeance de l'Iraq de l'union soviétique vers les USA en pleine guerre froide.
1980: envahit l'Iran, alors "monocycle du mal", avec l'encouragement (et les armes) des USA
1982: L'administration Reagan retire le régime de Saddam de la liste officielle des états supportant le terrorisme.
1983: Saddam reçoit Donald Rumsfeld à Bagdad. Il promet "d'y aller gentiment" avec les entreprises US.
1984: Le département du commerce US accorde des licences pour l'exportation d'aflatoxines vers l'Iraq. Ceux-ci sont de qualité militaire.
1988: gazage des kurdes à Halabja.
1987-1988: les navires de guerre US détruisent des plateformes pétrolières iraniennes dans le golfe et cassent le blocus des lignes commerciales iraquiennes, rendant l'avantage dans la guerre à Saddam.
A Bagdad aujourd'hui, Paul Bremer, le remplaçant de Saddam installé par le gouvernement US, a rendu hommage aux services que celui-ci a rendu au Département d'Etat US en disant: "pendant des décennies, vous avez souffert entre les mains de cet homme cruel. Pendant des décennies, Saddam vous a divisé et a menacé de lancer des attaques contre vos voisins".
En réaction aux propos de Mr Bremer, Mr Hussein a déclaré: "Vous croyez que ces décennies passées à causer souffrance et division sont bon marché?" En indiquant que pendant la moitié de ce temps, les souffrances, divisions et menaces étaient soutenus par Washington, Saddam a ajouté: "Et où restent les remerciements? Ils pourraient au moins me donner une montre en or ou quelque chose pour toutes ces années au service des USA".
Dans une retransmission télévisée depuis le bureau ovale, George W Bush a accru les espoirs de Saddam d'obtenir une compensation lorsqu'il a invoqué "l'histoire sombre et pénible" de l'Iraq pendant la dictature de Hussein supportée par les USA.
Saddam a aussi été réconforté par la promesse de Mr bush comme quoi "La capture de Saddam ne signifie pas la fin de la violence en Iraq." Au vu des attaques menées par et contre les forces d'occupation US et étrangères, l'ex-dictateur a déclaré: "C'est rassurant de savoir que mon héritage d'obscurantisme et de douleur pour les iraquiens pourra continuer sous la direction de Mr Bush".
Tout en se réjouissant de la capture de Mr Hussein, les experts préviennent que la guerre contre la terreur est loin d'être terminée, en indiquant que Osama ben Laden, James Baker et George W Bush sont toujours en fuite.
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Greg Palast est journaliste d'investigation à la BBC et à The Observer. Il a écrit "The best democracy money can buy".