La STIB déraille encore un peu ...

DANS LE GENRE : ON ARRETE PAS LE PROGRES, LA STIB FAIT FORT.

De plus, elle a décidé de cumuler la mise en action de tous ses "facteurs de progrès".

(ce texte a été écrit en septembre lorsque cette campagne de la STIB a débuté, au regard du reste de l’actualité du moment, j’avais finalement décidé de ne pas le publier, mais vu l’intervention de RedKitten, le sujet étant lancé, voici mon grain de sel complémentaire à l’info de l’article)

Voici les faits tels que chaque usager peut les vivre en empruntant certaines lignes de bus de la STIB à Bruxelles.

Tout d’abord, depuis quelques semaines, une publicité a envahi la ville. Elle représente Shiva, la déesse indienne aux multiples bras, pour vanter les mérites du nouveau système adopté par la STIB : dorénavant, comme il y a 20 ans, on montera à l’avant et on descendra à l’arrière. Le principe, qui se prétend louable, pour permettre la fluidité dans le bus se révèle à la pratique foireux.
La STIB a depuis rendu le transport gratuit aux personnes âgées (ayant dans l’ensemble un préférence pour le bus), elle a favorié l’accès aux poussettes d’enfants, mais elle n’a pas forcément amélioré les fréquences de passages des lignes concernées (à terme toutes les lignes devraient être concernées, mais uniquement les lignes de bus).
On imagine le scénario lorsque une vieille personne monte dans un bus bondé pour deux arrêts, avec des sacs de courses dans les mains, et qu’elle doit sortir son abonnement gratuit, le pointer, et se dépêcher de forcer un passage jusqu’à la sortie à l’autre bout du bus, pour ne pas rater son arrêt, et cela, sans s’écrouler, sans se fouler la cheville, sans se cogner, ou tomber dans les bras d’un autre passager.
Sans oublier que le but de tout ce scénario est bien plus d’exiger le contrôle à l’entrée du bus, sans lequel le bus ne redémarre pas (bonjour les retards sur les horaires, l’attente dans le froid et la pluie pour les usagers, et le stress pour les conducteurs). Il y aura probablement bien vite de la grève dans l’air.

Pour en revenir à la pub de Shiva : à quand le Christ en croix pour vendre des couche-culottes? A quand le bouddha pour vendre, pas antinomie, l’effet d’un régime d’amaigrissement?
Quand la STIB s’y met, elle ne fait malheureusement pas dans la dentelle. On connaissait déjà les pub "clearchannel" du métro, et le maquillage de nos bus et tram les rendant moins repérables et rendant la visibilité de l’intérieur moins claire, surtout de nuit, maintenant on passe à la mode du moment : l’humour beauf.

Pour rendre le nouveau système encore plus voyant, la STIB a également investi dans la peinture. Devant chaque arrêt, une grande surface rectangulaire du trottoir est maculée de rouge (environ 1,5 m et 2,5 m).
Comme si les chauffeurs étaient myopes et ne pouvaient distinguer l’ârret de bus, ou alors comme si l’on attendait des usagers de se regrouper en troupeau sur la surface indiquée pour se préparer à monter dans le bus. Même aux moutons, on n’en demande pas tant.
Et si tels ne sont pas les objectifs, peut-être faudrait-il que la STIB recommence la distribution d’un toute boîte afin d’en expliciter le but.

Pour le lancement des nouvelles méthodes, pendant toute une semaine un contrôleur se trouve dans chaque bus des lignes où ces règles sont dorénavant applicables. Il n’aide personne, il est juste là pour contrôler si l’on paye bien.
Mesdames, Messieurs les abonné-e-s, il vous faudra à présent sortir votre abonnement à chaque montée, sinon le bus ne démarre pas.

Ouvertement rebelle aux nouvelles méthodes, je me mets à converser avec lui. J’apprends que tous les bus sont visés, mais pas les autres modes de transports, ceux-ci étant considérés comme des sociétés différentes de celle des bus.
Que la STIB juge cela cohérent, c’est une chose, mais que doit en penser l’usager.
Dans les bus, on doit monter à l’avant, mais pas dans les trams.
De plus, en me référant au document toute boîte, je remarque que pas même la moitié des lignes de bus sont visées par cette mesure : cela ressemble de plus en plus à une mascarade.

Mais faut-il comprendre dès lors que la fraude est permise dans les trams et les métros. Ou alors pour les trams et les métros, on va employer d’autres systèmes? Mais alors, pourquoi se compliquer la vie et ne pas les utiliser également dans les bus?

Bref, je ne sais pas où ils ont été engager les cadres à la STIB, mais il est clair que leur but n’est de faciliter la tâche ni aux conducteurs, ni aux usagers, et que ceux qui ont eu ce flot d’idées ingénieuses ne sont ni chauffeurs, ni usagers.

De plus, si l’on compte la campagne publicitaire, le toute boîte distribué dans toute la ville, le paiement des contrôleurs supplémentaires, le système d’ouverture extérieure des portes à la demande qui devient caduque, la peinture rouge, etc va-t-on réellement récupérer l’argent de la fraude? Et aura-t-on convaincu les fraudeurs de la "faute" qu’ils commettent?
Rien n’est moins sûr.
Et ne m’avait-on pas dit que le montant que représente les titres de transport des usagers ne sert à couvrir que tout le système de payement et de contrôle de paiement?
Le bon sens ne pourrait-il donc pas être de rendre les transports publics gratuits à Bruxelles?
Hasselt a réussi cette étape et cela a eu un effet très positif.

D’autre part, si la politique de la région bruxelloise et de la STIB veut vraiment "faire payer", ne pourrait-on pas, comme pour la télévision, créer une taxe obligatoire à la place de la redevance, qui permettrait de favoriser l’utilisation des transports en commun, mais aussi de décourager le transport automobile.
Car si la taxe télé payable par tout le monde est une abberration vu que la télé n’a plus rien d’un service public, les transports en commun, eux, devraient exister pour le bien de tous, tout comme la voierie, l’enlèvement des immondices, les services sociaux etc.

Je terminerai par un dernier commentaire.
Il peut paraître dérisoire de se battre pour la qualité et la gratutié des transports en commun face aux sujets d’actualité nettement plus dramatiques. Toutefois, je pense que comme dans le principe de la grenouille chauffée (1) nous avons, outre nos droits de citoyens, des devoirs et responsabilités qui consistent à ne pas se taire quand la machine se détraque, même si elle commence à se détraquer par la couleur du bouton de démarrage.
Ne soyons pas moutons. Si nous laissons faire la dégradation de nos services publics, nous nous accoutumerons et laisserons faire, même à côté de notre porte, des injustices bien plus graves.

Personnellement, je ne montre mon abonnement au conducteur que s’il me le demande et 4 fois sur 5 il ne le demande pas. Et s’il me le demande je prends le temps de chercher mon abonnement et je lance ouvertement la discussion.

Oups, j’oubliais, il paraît que les retards moyens sont de 6% depuis la mise en place de ce système. Ne vous fiez plus aux horaires affichés, ils ne correspondent pratiquement plus.

(1) Principe de la grenouille chauffée.
" Imaginez une marmite remplie d'eau froide dans laquelle nage
tranquillement une grenouille. Le feu est allumé sous la marmite, l'eau
chauffe doucement. Elle est bientôt tiède. La grenouille trouve cela plutôt
agréable et continue à nager. La température continue à grimper. L'eau est
maintenant chaude. C'est un peu plus que n'apprécie la grenouille, ça la
fatigue un peu, mais elle ne s'affole pas pour autant. L'eau est cette fois
vraiment chaude. La grenouille commence à trouver cela désagréable, mais
elle s'est affaiblie, alors elle supporte et ne fait rien. La température
continue à monter jusqu 'au moment où la grenouille va tout simplement finir
par cuire et mourir, sans jamais avoir fait quelque chose pour s'extraire de
la marmite.
Si la même grenouille avait été plongée directement dans l'eau à 50°, elle
aurait immédiatement donné le coup de patte adéquat qui l'aurait éjectée
aussitôt de la marmite... Cette expérience montre que, lorsqu'un changement
s'effectue d'une manière suffisamment lente, il échappe à la conscience et
ne suscite la plupart du temps aucune réaction, aucune opposition, aucune
révolte ".

arch/ive/ief (2000 - 2005)