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DHKP 29: Sur les attentats contre la HSBC et l'ambassade britannique
by DHKP Saturday November 29, 2003 at 12:52 PM
dhkc@post.com 190, rue Stevin 1000 Bruxelles

L'approche du DHKP concernant les nouveaux développements politiques et les attentats qui ont frappé Istanbul.

NUMERO: 29
DATE: 23 novembre 2003

Face aux bombes qui explosent, au bombardement démagogique et aux théories du complot et de la provocation,

DANS QUELS RANGS ET POUR QUEL OBJECTIF NOUS BATTRE ?

Dans quel monde vivons-nous? Avec quelle politique essaie-t-on de dominer le destin des Etats et des peuples ? Quelle est la place de la Turquie dans ce monde ? On ne peut comprendre les attentats d’Istanbul à propos desquels on a tant spéculé, sans faire une analyse correcte du monde. On ne peut expliquer les raisons de ces attentats par des théories du complot, du terrorisme ou de la provocation. Les cibles de ces attentats sont Israël, l’Angleterre et la Turquie. Quel est le point commun entre ces pays? Le monde entier connaît la réponse: ils sont tous trios, les collaborateurs fondamentaux de l’Amérique au Proche-Orient.

Malgré certains aspects erronés et son absence de bien-fondé d’un point de vue moral, cette attaque met en évidence le crime de la collaboration.

Cependant, on enrobe l’attentat par de la démagogie anti-terroriste et des théories du complot dans le but de voiler ce crime de collaboration.

Dans le monde d’aujourd’hui, que veut dire être collaborateur de l’Amérique? Que rapporte donc cette collaboration à notre peuple, aux peuples du Proche Orient et du monde? Les réponses objectives à ses questions ne laissent aucune place aux théories du complot.


La mort jaillit de la terre entière; le monde croule sous les victimes de la famine et des guerres d’occupation;
Un monde où les peuples sont privés du droit à la vie est un terreau fertile pour la croissance de la “violence”!

En quelques années, notre monde a été témoin des plus grands attentats qu’ait connu l’histoire, des attentats dont l’amplitude est incomparable ce qui a déjà été vu.

Penser que ces attentats n’ont pas de base objective, en expliquant que ces actions sont le fruit de la convoitise de quelques uns –comme Ben Laden ou des individus comparables- ou en invoquant des “intentions secrètes”, cela revient à voir les révolutions comme l’entreprise de certains leaders révolutionnaires cupides, à motiver les contre-révolutions par la cruauté de quelque dictateur, ou encore à considérer que le fascisme hitlérien qui a mis le monde à feu et à sang est le fruit de la “folie d’Hitler”.

Cette approche se situe dans la continuation du raisonnement idéaliste. Ce raisonnement idéaliste n’est pas une erreur philosophique, mais une politique volontaire destinée à semer la confusion dans la conscience des peuples.

Si en Irak, les “bombes vivantes” frappent et détruisent chaque jour leurs cibles, si Istanbul est le théâtre des plus grandes explosions que la Turquie n’ait jamais connue, si en Palestine, ce que l’on appelle la seconde Intifada se pouruit avec ses “actions martyrs”, si pour la première fois depuis 33 ans d’histoire, le mouvement révolutionnaire recourt à des actions fédayine, en bref, si la “violence” dépasse tout ce qui a existé jusqu’aujourd’hui, c’est qu’elles ont une base objective.

L’intensité et la violence de l’exploitation et de la tyrannie ont augmenté spectaculairement. Telles sont les raisons objectives.

Cette toile de fond est le produit d’une part, de l’exploitation débridée de l’impérialisme appelée pudiquement “globalisation” et d’autre part, de la barbarie de l’Empire américain.

L’avènement de cette nouvelle ère d’exploitation extrême et de violence militaire ouverte correspond à l’écroulement du système socialiste dans le début des années 1990.

Treize années ont suffi à condamner le monde à une situation désastreuse que nous connaissons aujourd’hui.

En 13 ans, la misère dans le monde a décuplé par rapport aux périodes précédentes.

La conséquence: sur 6 milliards d’êtres humains, 1,2 milliards de personnes ont FAIM.

Trois milliards vivent dans la MISERE.

En bref, un tableau du monde où le quart de l’humanité a faim et la moitié est condamnée à la misère.

1, 1 milliards de personnes n’ont pas d’eau potable. Voyez donc, nous ne parlons ni de pain, ni d’éducation, ni de santé, ni de logement, ni du droit de vacances: juste d’eau potable.
L’injustice qui apparaît dans la répartition des revenus s’est accrue en 13 ans comme jamais auparavant. En 13 ans, les budgets consacrés aux services sociaux ont été laminés tant en Europe qu’en Amérique. En 13 ans, la monopolisation des entreprises s’est accélérée; 500 monopoles, oui, seuls 500 monopoles, américains pour la plupart, contrôlent la moitié de l’économie mondiale.

En treize ans, mis à part les contre-révolutions et les conspirations qu’il a ourdis; s’appuyant sur les succès de la chute du système socialiste, l’impérialisme a fait sa première démonstration de force en Irak. Après un siège qui a engagé le plus ample déploiment militaire du siècle, l’impérialisme a détruit l’Irak et assassiné des centaines de milliers de personnes. Après être intervenu dans les Balkans, il a semé la zizanie parmi les peuples, a bombardé la Yougoslavie qui n’a pas voulu se soumettre et a occupé la Bosnie et le Kossovo. Toujours par la politique du ‘diviser pour régner’, il a modifié les gouvernements du Caucase et y a installé des bases militaires. Et enfin, après les attentats du 11 septembre 2001, il a mené la même politique de manière plus systématique et plus implacable en occupant l’Afghanistan et l’Irak.

En bef; la famine que l’on disait appartenir au Moyen Âge terrasse encore aujourd’hui des milliards d’êtres humains dans un monde où la technologie et la production se sont développées dans des proportions gigantesques. On revient aux vieilles pratiques d’avant la 2e guerre de partage impérialiste, période d’OCCUPATIONS OUVERTES précédent la création des Nations Unies.

Aujourd’hui, ces pratiques destinées à soumettre des pays reviennent en force, en même temps que les méthodes néo-coloniales.

Dans un monde pareil, aucun pays n’a la possibilité de demeurer indépendant; aucun peuple n’a de chance ni de droit de vivre dignement. Les exemples de l’Irak, de la Palestine et de l’Afghanistan sont devant nos yeux. En Afrique et en Asie, nous voyons chaque année 11 millions d’enfants mourir de faim. Dans ce système, la valeur humaine n’existe plus. Dans ce système, la justice, les droits nationaux ou internationaux n’existent plus.

L’Amérique ne tolère désormais plus la moindre indépendance, même factice, ni même la moindre velleité de désobéissance de l’un ou l’autre Etat.

Elle demande aux peuples affamés de faire preuve de compréhension, aux pays une dépendance totale et aux organisations, une capitulation totale. Car son projet impérial ne peut se réaliser qu’ainsi.

Au vu d’un tableau pareil, il devient difficile de nier que c’est le système lui-même qui engendre et encourage la violence.

Face à cette situation, les peuples affamés, humiliés, assaillis et assassinés résistent en recourant à toute leur créativité. Dans un monde pareil, il n’y a rien de plus légitime de résister aux envahisseurs, de se venger de l’Empire et de ses collaborateurs; le “terrorisme” est un propos démagogique utilisé par l’impérialisme contre la légitimité de la résistance !

Ceux qui ont utilisé et ont été utilisés se sont repositionnés par rapport à la politique de l’Empire américain; il faut voir ces attentats avec la réalité du présent et non du passé et c’est en fonction de cela que les fronts doivent être discernés !

L’impasse et les changements de camp des manipulateurs et des manipulés sèment certes la confusion, mais les responsables de ces attentats à la bombe et du sang versé sont indéniablement les Etats-Unis d’Amérique et l’AKP (parti de la justice et du développement). Dans cet état du monde, l’oligarchie de la Turquie est aux côtés de l’Empire américain.

Responsables de la famine des peuples du monde et de la Turquie, les classes oligarchiques de notre pays collaborent avec les monopoles américains et l’état-major avec l’armée américaine. Le pouvoir AKP défend cette collaboration dans un esprit complètement américaniste, au point de mener une collaboration belliciste contre le peuple irakien.

Les attentats perpétrés les 15 et 20 novembre sont une réponse à l’occupation de l’Amérique et à la collaboration du pouvoir AKP. C’est pourquoi, les véritables responsables du sang versé les 15 et 20 novembre derniers sont les USA et l’AKP.

Un autre élément qui aggrave la responsabilité des USA et de l’AKP, c’est l’instrumentalisation qu’ils ont faits par le passé de ces forces islamistes qui ont perpétré ces attentats. Al Qaida est une organisation qui a été nourrie par les Etats-Unis contre le système socialiste dans le cadre du projet de la “ceinture verte” destinée à empêcher le développement du communisme dans les pays musulmans. Selon ce projet, l’organisation Al Qaida a été entraînée par les experts de la CIA. Le soutien apporté par l’impérialisme à cette organisation a était fort prodigue. Les forces islamistes qui ont perpétré les attentats en collaboration avec Al Qaida - ou en solitaire - ont elles-aussi été instrumentalisées par l’oligarchie de notre pays. Le soutien apporté par l’oligarchie à la prolifération des confréries religieuses et au Hizbullah fait aussi partie de la “ceinture verte de l’oligarchie”. En bref, les USA manipulent les forces islamistes contre le système socialiste, de la même manière que l’oligarchie utilisent ces forces contre la lutte révolutionnaire.

Cette politique d’utilisation des islamistes s’étend de la période du gouvernement du Front Nationaliste (Milliyetçi Cephe) précédent le coup d’Etat de 1980 à celle des gouvernements successifs de la junte: ANAP (parti de la mère patrie), DYP (parti de la juste voie) et RP (parti de la prospérité). Tous les partis de l’ordre établi, la police et l’armée ont été les exécutants de cette politique. Des suites des attentats d’Istabul, leurs ex-alliés aujourd’hui au pouvoir ont été pris par un “sentiment de culpabilité”. En effet, ce même Etat a utilisé les trafiquants de drogue contre les révolutionnaires. Dans d’autres circonstances mais pour les mêmes objectifs, les Fronts Nationalistes successifs ont utilisé les fascistes civils (notamment les milices appelées “Loups Gris”, ndt).

Dans le même esprit, la junte miliaire du 12 septembre a utilisé les Islamistes. Toutes ces manipulations trahissent en réalité la faiblesse de l’Etat. Car, en essayant de résoudre une contradiction, l’Etat se retrouve coincé dans une nouvelle contradiction. Telle est la crise dans laquelle l’Etat sombre peu à peu. C’est pourquoi, aujourd’hui, chaque organe de l’Etat rejette la balle vers un autre organe de l’Etat.

L’AKP se trouve à fortiori, dans une crise plus profonde que les partis des gouvernements précédents. Ses dirigeants souffrent “d’angoisse” et de “sentiment de culpabilité”. Car les cadres de l’AKP proviennent des mêmes milieux. Ils ont servi dans la guerre contre le communisme menée par l’impérialisme et l’oligarchie en tant que militants ou en tant que cadres. Ensuite, ils ont joué un rôle de premier ordre dans la création et l’entretien d’organisations islamistes telles que le Hizbullah.

L’AKP et ces organisations se retrouvent aujourd’hui dans un face à face. L’AKP se retrouve poignardé dans le dos par les organisations qu’il a soutenu tout un temps.

Fondamentalement, il n’y a pas de différence entre l’anti-communisme de l’AKP et celui d’Al Qaida, ni entre la défense du capitalisme de l’AKP et celle d’Al Qaida. Leur seule différence réside dans leur rapport à l’impérialisme. Ils sont issus de la même école mais ils se retrouvent dans des camps adverses. Al Qaida ne joue plus le rôle de tueur à gages. De même l’Amérique a utilisé Al-Qaida, de même, elle utilise aujourd’hui l’AKP. Hier, Al Qaida jouait le rôle de “porte-drapeau de la guerre contre le communisme”, aujourd’hui, l’AKP est adulé en tant que “modèle de l’islam modéré”. Toutes ces ressemblances et ces dissemblances sont importantes pour mieux comprendre les attentats et la situation à venir.

Les attentats d’Al Qaida ont aujourd’hui un caractère anti-américain. Sans plus. Il serait erroné de leur attribuer un caractère qu’ils ne possèdent pas. Dans les conditions actuelles, c’est-à-dire sous la coercition de l’Empire américain, l’islamisme peut être catalyseur d’une politique anti-américaine. Mais il ne peut être le défenseur de l’indépendance et de la démocratie.

En outre, son idéologie ne peut permettre à ses adeptes d’adopter un attitude anti-capitaliste face à l’exploitation. Demain, l’islamisme peut à nouveau être instrumentalisé par les impérialistes et les oligarchies.

Mais cela n’est toutefois pas une raison pour ignorer sa position actuelle. Dans la nouvelle répartition des forces sur le champ de bataille où l’impérialisme et les peuples s’affrontent, Al-Qaida et les organisations qui lui sont doctrinalement proches se trouvent dans le front des peuples.

L’appel à la “mobilisation contre le terrorisme” est une stratégie visant à déguiser l’occupation militaire et la collaboration et à condamner le droit de résistance et de représailles des peuples

La position adoptée par une série de milieux à l’égard des attentats visant Israël, l’Angleterre et la Turquie ignore la réalité du monde et de notre pays; comme si ces milieux avaient oublié qu’il y a un massacre en cours en Irak. Comme si, l’oppression visant le peuple palestinien n’avait jamais existé.

Comme si le gouvernement AKP n’avait pas apporté un soutien politique et logistique total aux Etats-Unis d’Amérique. Comme si ce pouvoir n’avait pas décidé d’envoyer dix mille soldats en Irak... Comme si ce qu’ils appellent “terreur” n’avait aucune raison d’être! La réalité est qu’ils n’osent pas débattre de la réalité. Une réalité que l’on veut étouffer dans un ouragan fabriqué par les démagogues du terrorisme.

Les Ağar, les Tantan* sont appelés à monter au créneau pour participer à cet ouragan de démagogie, assistés par le gouvernement, les partis de l’ordre établi et les médias. Des syndicats d’ouvriers et d’employés s’auto-proclamant “plate-forme du travail”, des associations professionnelles ont elles aussi été emportées dans la tempête. Ils ont eux aussi participé à la chorale. En participant à la marche silencieuse du 22 novembre, ils ont voulu “condamner le terrorisme” !

Parmi ceux qui appelaient à la manifestation, il y avait toutes les organisations portant les étiquettes “droite” ou “gauche”, qu’elles soient patronales, ouvrières, des employés, des commerçants, des médecins, des ingénieurs.

Pour mieux clarifier les mobiles et les allégeances de ces milieux, nous sommes en droit de nous poser une question. Qu’ont fait ces milieux à le matin du 19 décembre 2000 ? Les prisons de notre pays ont été dévastées et inondées du sang des détenus. Qu’ont-ils fait ?

Dans les prisons, quand on sait que les prisonniers étaient les captifs de l’Etat, que l’Etat est responsable de leur sécurité et que l’Etat a lui-même éradiqué cette sécurité, pourquoi, hormis quelques exceptions, ces milieux ne sont pas descendus dans la rue pour scander “non à la violence”.

Pourquoi n’ont-ils pas brûler des bougies pour les prisonniers assassinés par l’Etat (comme durant la marche silencieuse) ? Si la chose principale fut qu’ils soient “avant tout des êtres humains”, ces prisonniers remplissaient cette condition. Si la question principale fut la citoyenneté par rapport à la république de Turquie, toutes les prisonniers assassinés étaient citoyens de la République de Turquie.

Par conséquent, quelle est la différence ?
La différence est le manque d’honnêteté et de conséquence de ceux qui aujourd’hui disent “non à la violence”. En réalité, ils ne disent pas “non à la violence”; ils disent “oui à la violence de l’Etat!”.

Ils disent “non à la violence des organisations qui sont antagoniques à l’Etat”. Quand un révolutionnaire ou comme ils aiment à dire, un “terroriste” est assassiné, ils disent “oui à la violence”. Cette duplicité s’est rencontrée le même jour: le jour de l’attentat contre la banque HSBC et l’ambassade britannique, 16 guérilleros ont été assassinés à Bingöl et à Hatay; aucun de ces “réfractaires à la violence” n’a dit quoi que ce soit à ce sujet.

L’impérialisme et ses collaborateurs peuvent recourir à la violence tant qu’ils le veulent, ils en ont le droit mais les peuples eux, en sont privés ! Comment parler de “non violence”, de démocratie, de “pacifisme”? Qu’est ce que c’est que cela pour des principes de gauche ? Le discours de ceux qui ne soufflent mot sur la violence de l’Etat épouse la politique du système.

La conséquence, c’est que le 22 novembre, la démagogie contre le terrorisme de l’oligarchie a croisé les théories de la provocation provenant de la gauche.

Que s’est-il passé avec ce croisement ? Le résultat est médiocre: la démagogie fabriquée par l’oligarchie n’a plus le même effet. Les théories de la provocation fabriquées par la gauche ne sont pas plus brillantes non plus. La base des organisations de gauche n’a pas montré l’intérêt escompté.

Si l’on résume les manifestations du 22 novembre à un seul mot, on peut dire que pour l’oligarchie comme pour les autres forces qui ont appelé à la manifestation, le résultat est un fiasco.


Le fond du fiasco: une conception politique coupée des masses !

Hormis les organisations révolutionnaires, quasi toutes les organisations ont signé l’appel. Les confédérations d’ouvriers et d’employés, les partis bourgeois, les partis de la gauche réformiste portant les étiquettes “libertaire”, “communiste”, “ouvrier”, les organisations partronales, tout le monde y était. Il faut y joindre les médias bourgeois.

Le fiasco enregistré dans la rue est le fiasco de toutes les forces composant l’alliance.

Certains ont cru qu’avec le soutien des médias bourgeois, il y aurait des dizaines, voire des centaines de milliers de manifestants dans les rues. Ceux-ci se sont trompés parce qu’ils ont rompu avec la réalité du peuple et se sont subordonnés au discours véhiculé par les médias bourgeois.

La presse avait joué le même des suites de l’accident de Susurluk (une collision entre en camion et une mercedes blindée survenus le 3 novembre 1996 avaient révélé les collusions entre l’Etat, les fascistes et la mafia sous forme de réseau de contre-guérilla); mais le résultat avait été différent dans la mesure où les médias avaient perçu l’état d’esprit des masses et avaient repris les revendications des masses. Les médias ne sont pas une force auto-motrice.

Il est très difficile de vivre en Turquie sans comprendre cette réalité pourtant certains milieux y parviennent. Décidemment, le Parti de la liberté et de la solidarité (ÖDP) qui a subi un fiasco électoral cuisant lors du dernier scrutin n’a rien appris depuis. Ceux dont la cervelle est toujours orientée par les médias bourgeois comme une antenne parabolique, ne peuvent certes ni comprendre l’état d’esprit des masses, ni adopter des positions politiques correctes.

A la tête du “meeting contre le terrorisme”, on a surtout mis en avant les “organisations du travail”. Ces organisations représentent-elles vraiment le “travail” ? Il faut vraiment s’interroger sur la justesse de cette dénomination. S’il s’agit vraiment d’organisations du travail, où sont donc les travailleurs ? Quelle est cette organisation du travail qui a des opinions si éloignées des travailleurs.

L’attitude et l’état d’esprit des travailleurs face à ces attentats est bien différente de celle des bureaucrates qui siègent dans les organisations syndicales. L’une des raisons du fiasco de la manifestation est la différence entre les dirigeants syndicaux et leur base.

Le projet de “manifestation contre le terrorisme” existe depuis des années dans l’esprit des forces bourgeoises et réformistes. Le chef de rédaction du quotidien “Hürriyet”, Ertuğrul Özkök a maintes fois exprimé ce vieux “rêve”. Son but, condamner la violence des peuples. A titre d’exemple, on invoque souvent l’Espagne; en effet, il arrive en Espagne que plus de 100.000 personnes défilent des suites des actions de l’ETA. Mais la même foule proteste contre les crimes de la contra organisés par l’Etat espagnol, proteste contre les mesures d’isolement frappant les prisonniers révolutionnaires et contre l’interdiction de partis légaux taxés de “terrorisme”. Ces manifestations sont le succès de la bourgeoise.

Ces manifestations ne sont pas l’expression politique des sentiments et des opinions de la bourgeoisie mais de celles de la politique bourgeoise.

La bourgeoisie de notre pays désirerait aussi réaliser une telle manifestation en Turquie. Comme en Espagne, la bourgeoisie a trouvé un allié de “gauche”.

Le partisan de cette opinion à gauche, c’est l’ÖDP. Le cerveau de ce groupe se trouve en Europe. “Si ça se passe en Europe, cela peut aussi se faire chez nous” pensent-ils. Une fois de plus, la réalité de la Turquie a été galvaudée.

Coupé des masses, l’ÖDP ne connaît pas le peuple. Il poursuit une politique de classe moyenne mais malheureusement, il est agglutiné à la direction des “organisations du travail”. Ce parti essaie d’imposer la culture des classes moyenne aux travailleurs. Leur rêve, c’est un monde sans lutte révolutionnaire armée; dans un monde pareil, ils feraient du militantisme de gauche soft, sans risque ni sacrifice, en préservant leur statu quo.

C’est pour cela qu’ils sont si zélés à vouloir participer à la “manifestation contre le terrorisme”.

Le résultat de la manifestation leur est pourtant restée en travers de la gorge. Cela ne s’est pas passé “comme en Espagne”.

Parce que la démagogie sur le terrorisme a été trop utilisée et à force d’utilisation, elle a perdu de son efficacité. En outre, les alliés de gauche de la bourgeoisie sont très marginaux et ils constituent la force de gauche la moins convaincante et la moins apte à s’adresser au peuple. (il y a également des raisons sociologiques au fiasco de la manifestation du 22 novembre, mais ces raisons ne sont pas notre sujet de discussion dans le présent communiqué.)

A travers l’ÖDP, c’est la conception politique de sacralisation de l’individu (!) et d’hostilité envers les organisations révolutionnaires qui a fait faillite.

C'est la déconfiture de la théorie qui prévoyait que les masses allaient fuir les organisations révolutionnaires pour rejoindre des actions organisées “individuellement”, sans calicot, sans identité politique et sans slogan.

Il est inévitable pour ceux qui ne voient pas l’ennemi et la contradiction principaux de confondre le chemin à suivre.

Les marxistes-léninistes observent chaque événement selon les intérêts des peuples et dans le cadre de la lutte pour l’indépendance, la démocratie et le socialisme. Face à ces attentats, il est correct de dire “à qui ces attentats profitent?” cependant, en se posant cette question, il ne faut pas verser dans les théories du complot.

La réponse à la question “à qui profite les attentats” doit être déterminée par la réalité des contradictions du monde et de notre pays.

Ceux qui réagissent sans tenir compte des nouveaux développements raisonnent sous l’influence de la bourgeoisie, avec des opinions troubles chipées à droite et à gauche.

A gauche, certains ont plongé dans les théories de “l’anti-sémitisme” pour expliquer les attentats visant les synagogues. Ils ont condamné ces attentats en y apposant le cachet “d’anti-sémitisme”. Leur théorie n’a duré que cinq jours.

En effet, après les attentats qui ont visé la HSBC et l’ambassade britannique, cette théorie n’avait plus de validité. Quelle est l’origine de cette théorie qui a été bien éphémère ?

Lobotomisés par l’idéologie bourgeoise, ils souffrent de cécité politique aiguë, préférant agir dans les limites tracées par l’impérialisme.

Ils sont incapables de faire la moindre analyse scientifique de type socioligique, même la plus élémentaire. En se rendant à ce “meeting contre le terrorisme” dont ils ne comprennent pas le sens politique, ils ont oublié à qui profitait leur présence.

Ceux qui ne font pas l’analyse de l’ennemi principal et qui ne déterminent pas la contradiction principale qui domine le monde actuel sont condamnés à errer dans le chaos de la démagogie et du pragmatisme.

Ceux qui ne reconnaissent pas leur ennemi principal en se réfugiant dans les théories du “ni l’un, ni l’autre”, finissent par se retrouvrer dans le mauvais camp.

Face l’agression impérialiste menée contre l’Irak en 1991, il y avait un slogan à la mode “Ni Sam Ni Saddam”. Ce slogan est le produit de cette déviation. Le 28 février 1997, (date à laquelle l’armée avait fait une démonstration de force pour intimider les milieux islamistes) on entendait le slogan (qui rime en turc) “Ni Refahyol**, ni garde à vous” cadrant parfaitement dans l’esprit du ‘ni l’un, ni l’autre”.

Aujourd’hui, on entend de nouveaux slogans qui riment (en turc) comme “Contre l’intégriste et contre le yankee”, ou encore “Ni le missile US, ni la bombe intégriste”. Tous ces slogans riment avec le même refrain politique.

On peut être contre les deux. Ce n’est fondamentalement pas erroné. Cependant, lorsque l’on exprime une position politique sous cette forme dans des conjonctures politiques déterminées, on dissimule la contradiction principale, on évite de s’en prendre aux véritables cibles et on oriente les masses dans une mauvaise voie.

Ceux qui ont appelé au meeting du 22 novembre ont commis cette erreur. (En outre, ceux qui ont cru pouvoir conscientiser les masses en se rendant quand-même à ce meeting pour scander les slogans “corrects” en comparant le meeting du 22 novembre au meeting anti-US qui a eu récemment lieu à Londres, n’ont pas compris la place de ce meeting dans le contexte politique actuel.)
La contradiction pricipale, c’est la contradiction qui existe entre l’impérialisme américain et les peuples.

Les marxistes-léninistes ainsi que tous ceux qui se disent révolutionnaires et qui aspirent au socialisme doivent oeuvrer au développement de la lutte pour l’indépendance, la démocratie et le socialisme. Ignorer cette contradiction en faisant de la politique sur base de clichés comme la conception bourgeoise du “contre toute forme de violence”, ou encore du “contre la terreur de la force et la force de la terreur”, c’est défendre des principes abstraits et énigmatiques au détriment de toute stratégie politique cohérente.

A défendre la “paix” hors contexte, on en vient à “s’annihiler” politiquement.

Ces slogans et cette forme de politique ne mènent à rien. Les défenseurs de tels principes croient pouvoir se mettre à l’abri. En fait, leur “neutralité” rend service à l’impérialisme.

Voyez l’état d’esprit de ceux qui diffusent ce genre de slogans à travers un de leurs slogans favoris comme: “Contre la violence et la terreur, défendons la paix !”

Sur le plan politique, c’est absurde et irréalisable.

La paix, c’est bien. Théoriquement, personne n’est contre; mais, prenons l’exemple de l’Irak:

L’Amérique a envahi ce pays. Sans mener une lutte armée contre l’occupant, peut-on réellement défendre la paix en Irak? L’occupant ne se retire pas. Tant qu’il ne sera pas chassé, il ne quittera pas les lieux. Allez-vous le chasser avec des slogans de “paix”? Est-ce que les cris de “paix” des dizaines de millions de manifestants a pu empêcher l’occupation de ce pays ? Un autre exemple, “Nous ne serons ni les otages de la violence ni les otages de Bush”! Un tel slogan est certes insensé parce qu’il envisage que Bush pourrait être en dehors de cette “violence”, mais ce slogan sème aussi et surtout la confusion.

Il s’agit d’un point de vue qui ne voit pas la légitimité de la violence des peuples. Ce même point de vue considère la résistance irakienne comme “terroriste”. Ce même point de vue considère les attentats perpétrés en Turquie comme “des actes de provocation destinés à destabiliser le pays” de même qu’ils taxent les actions des combattants indépendantistes irakiens de “semeurs d’instabilité”.

On peut dire que ces slogans et ces positions ont pour source la cécité et l’occlusion politiques.

En effet, en 1991, lorsque l’impérialisme a attaqué l’Irak, une partie de ces milieux qui scandaient “ni Sam, ni Saddam” ont pris une position correcte durant l’agression impérialiste de 2003. Cependant, la plupart de ceux qui ont maintenu ce slogan n'ont pas uniquement commis un “erreur”, ils ont choisi un camp, qui n’est pas celui du peuple mais celui du régime américaniste, cadrant ainsi dans le Nouvel ordre mondial.

Cette position prend ce système criminel pour base irréfutable et est complètement subordonnée au discours dominant. Ils ne sont liés à la gauche que par une mince ficelle.

Le fait qu’ils avancent quelques revendications démocratiques contre le pouvoir oligarchique et qu’ils mènent une lutte minimale pour ces revendications, nous les considérons comme faisant partie du front des forces démocratiques.

Cependant, sur le plan idéologique, ils s’inscrivent progressivement dans le front de l’impérialisme. La période que traversent ces milieux peut être qualifiée de "transitoire" ou de “passagère”. La plupart d’entre eux passeront dans le camp de l’impérialisme sur le plan politique et pratique comme ils l’ont déjà fait sur le plan idéologique.

S’ils se libèrent de leurs erreurs et décident de rester dans le camp du peuple, ce sera tout au bénéfice de la lutte des peuples.

Telle est le but de la lutte idéologique que nous menons avec ces milieux.

Notre opposition à l’impérialisme américain et aux collabos de l’ AKP doit être nette et ferme; il n’y a aucune raison à alléger ou innocenter leur occupation et leur collaboration. Il nous faut être net et ferme dans notre soutien à la lutte armée et non armée des peuples et au droit de représailles des peuples contre les occupants et les collabos. Nous devons voir le monde avec les yeux des peuples et non avec ceux de l’impérialisme.


Depuis le début des années 1990, les peuples connaissent une période difficile.

La rupture de l’équilibre entre le système socialiste et l’impérialisme a rendu ce dernier et ses collaborateurs plus farouches que jamais.

De cette agressivité est née une nouvelle situation mondiale où prédominent la famine et les occupations.

Mais malgré cela, les peuples sont plus proches des révolutions et des victoires contre l’impérialisme qu’ils ne l’étaient hier. (Comme dit notre peuple avec sagesse: le moment où l’obscurité est la plus sombre est le moment où l’aube est la plus proche!)
L’impérialisme et ses crimes nous montrent que nous n’avons d’autre choix que de résister et de nous battre.

Face à l’impérialisme, les seules barricades sont les peuples et non pas le “droit international”, les Nations Unies ou l’Union européenne.

En Palestine et en Irak, la résistance et l’esprit de sacrifice des peuples empêche chaque jour l’impérialisme de remporter une victoire.

Malgré leur divergence de forme et de caractère, les attentats du 11 septembre, la résistance irakienne, la résistance palestinienne et notre résistance contre les prisons de type F qui dure depuis 4 ans sont des preuves de la faiblesse de l’impérialisme.

Ni les technologies “capables de surveiller chaque souffle de notre respiration”, ni les “bombes intelligentes” ne signifie quelque chose face à la volonté et à l’organisation des peuples.

Chaque coup porté à l’impérialisme, que ce soit au niveau d’un pays ou d’une cible isolée augmente la confiance et le moral des peuples et assène un coup dur au front impérialiste.

Les attentats qui ont frappé Istanbul sont certes incorrects d’un point de vue éthique et de la justice mais malgré son caractère éthiquement incorrect, il est à considérer comme appartenant au front des peuples.

Cet acte peut avoir été commis par Al-Qaida, une secte religieuse, un groupe d’anarchistes ou une bande de copains, cela ne change rien à son caractère.

Ce constat est indépendant du choix personnel de ses auteurs.

C’est le rôle objectif de l’action qui détermine son caractère. Les formes d’action, l’éthique des actions et le sens de la justice des révolutionnaires sont des principes clairs et nets.

Sur le plan idéologique, historique et pratique, notre attitude révolutionnaire est nette. C’est ce qui nous différencie de la ligne islamiste; ce n’est pas uniqument valable pour notre “pratique” mais aussi pour notre idéologie.

Dans cette nouvelle répartition des forces, si les organisations islamistes ont une pratique anti-américaine, leur choix reste résolument pour ce système; c’est ce qui détermine leur conception injuste du droit et de la justice.

Nous sommes marxistes-léninsites. Nous concevons le monde et notre pays selon cette philosophie.

Nous déterminons nos cibles selon ses principes.

Nous ne sommes pas uniquement contre l’occupation de l’Irak. Comme pour notre pays, nous prônons un Irak indépendant, démocratique et socialiste.

C’est ce qui détermine nos alliances stratégiques et nos tactiques.

Notre mission aujourd’hui est d'accroître la lutte anti-impérialiste des peuples prenant essentiellement pour cible l’Empire américain.

Les formes de luttes, d’action et d’organisation peuvent varier d’un pays à l’autre. Cependant, il faut converger nos luttes vers ces cibles.
Cette lutte ne peut réussir si dans chaque pays, on ne combat pas les collaborateurs locaux.

S’opposer à l’Empire américain c’est s’opposer aux collaborateurs de l’Amérique. C’est ce que n’ont pas compris les participants au meeting du 22 novembre qui croyaient qu’en criant “contre l’occupation américaine”, ils allaient se démarquer front du pouvoir.

On ne devient pas anti-impérialiste quand on marche dans les rangs du pouvoir. En se mêtant côte-à-côte avec l’AKP, on ne devient pas anti-américain.

Les islamistes du pouvoir qui soutiennent l’AKP et qui en même temps se présentent comme des opposants à la guerre sont de vrais hypocrites.

Ceci est aussi valable pour ceux qui sont contre l’occupation, contre l’AKP et qui en même temps, présentent l’état-major de l’armée comme intègre.

Et voilà que toutes les hypocrisies islamistes, nationalistes ou de gauche se sont rejointes au “meeting contre le terrorisme” et ont clairement indiqué leurs rangs.

Ces rangs ne sont pas ceux du peuple.

Etre dans les rangs des peuples nécessite l’adoption d’une position claire contre l’impérialisme et ses collaborateurs. C’est aussi accepter la légitimité de la lutte des peuples pour l’indépendance, la démocratie et le socialisme.

Les marxistes-léninistes sont à ce propos très nets et très fermes. Ceux qui n’ont pas cette fermeté se perdent dans les arcanes de l’absurde qui encense la “globalisation”, qui déclare que l’Amérique va apporter la liberté au Proche-Orient, que l’Union européenne va nous offrir la démocratie (en Turquie), que l’AKP va élargir le champ des droits et des libertés, que l’association des entrepreneurs et des hommes d’affaires (TÜSIAD) défend la démocratie, que l’état-major est garant de l’indépendance du pays etc.

Il s’agit là des coulisses de l’ordre établi.

Nous, nous défendons une politique qui se base sur la réalité et sur des principes de justice.

Les récents développements et le temps nous ont donné raison.

Les barratins sont condamnés à périr. La collaboration et l’hypocrisie ne peuvent être éternellement dissimulés.

La place des peuples de Turquie et du monde ne sera pas aux côtés des bonimenteurs et des démagogues mais se situera dans la défense opiniâtre de l’indépendance, de la démocratie et du socialisme.

Devrimci Halk Kurtuluş Partisi
Parti révolutionnaire de libération du peuple


* Chefs de la contre-guérilla qui ont occupé plusieurs postes ministériels

** Refahyol est le diminutif désignant la coalition gouvernementale composée à l’époque par les partis Refah (prospérité, islamiste) et de Dogru Yol (juste voie, de droite)

Article peu clair
by antoine Sunday November 30, 2003 at 08:10 PM

Je suis extrêment intéressé par les communiqués du DHKPC.

Je voudrais signalé à l'/aux auteur(s) que l'article est beaucoup trop long. Un petit communiqué sur la situation en Turquie serait très intéressant et bienvenu.

Lire tout le texte est impossible (sauf si on a une journée à consacrer à l'article...)
Amitié,

Erratum
by Traducteur du communiqué Tuesday December 02, 2003 at 09:28 PM

Dans l'extrait suivant, une erreur s'est glissée. Veuillez en excuser le traducteur.

En effet, à la place de: "Mais la même foule proteste contre les crimes de la contra organisés par l’Etat espagnol, proteste contre les mesures d’isolement frappant les prisonniers révolutionnaires et contre l’interdiction de partis légaux taxés de “terrorisme”. ",

il faut lire:

"Mais la même foule ne proteste contre les crimes de la contra organisés par l’Etat espagnol, ni contre les mesures d’isolement frappant les prisonniers révolutionnaires ni contre l’interdiction de partis légaux taxés de “terrorisme”."