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Sigma Coatings : La concertation sociale nécessite des partenaires qui ne mangent pas leur
by FGTB Thursday November 27, 2003 at 04:19 PM

Les derniers jours, les actions chez Sigma Coatings ont parfois suscité des réactions peu nuancées. Ceci, sans avoir une attention sur le contexte, l’histoire du conflit et l’arrière plan dans lesquels les faits très médiatisés se sont déroulés. Pour cette raison, nous tenons à apporter quelques précisions fondamentales.

Si la réaction des travailleurs a été forte, c’est d’abord que la direction a elle-même foulé au pied les engagements qu’elle avait précédemment pris.
Pour rappel, suite à une première annonce de restructuration impliquant 74 pertes d’emploi, un protocole d’accord avait été signé le 16 mai. Ce protocole comprenait un engagement de la direction d’éviter les licenciements secs, et pour ce faire d’explorer 4 pistes, parmi lesquelles la prépension à partir de 50 ans.

Pas moins de 12 (!) réunions de Conseil d’Entreprise ont eu lieu de mai à octobre pour finaliser l’accord. Au cours des discussions, une « petite » délocalisation vers la Pologne avait été annoncée ; la direction y avait renoncé après qu’il lui avait été démontré que cela ne lui coûtait pas moins cher.

Début novembre, la direction annonce qu’elle ne respectera pas le protocole et qu’elle refusera la prépension à 50 ans.
Le 24 novembre, la direction annonce au Conseil d’Entreprise que les pertes d’emplois s’élèveront à 159, qu’on n’évitera pas les licenciements secs et qu’une bonne partie de la production est délocalisée en Allemagne et en Pologne..

La réaction des travailleurs fut celle que l’on sait.
Forte ? Sans nulle doute. Trahis deux fois, les travailleurs ont exprimé leur colère.
Violente ? Non, les membres de la direction ont été traités correctement. La vraie violence, les travailleurs la subiront quand ils devront aller chômer sans perspective d’avenir, et beaucoup plus longtemps que trois jours.

La concertation sociale nécessite des partenaires fiables. La direction ne l’a pas été.
Les travailleurs ont respecté leur parole, ils ont négocié tant qu’ils ont pu. Ils ont été trahis.
Ne pas respecter les règles de la négociation collective en cas de restructuration est punissable. La direction sera-t-elle poursuivie ? Nous en doutons.
La décision de justice n’a pas été respectée ? Rappelons qu’elle n’a pas été notifiée personnellement aux travailleurs concernés.

De plus, nous tenons à marquer notre totale désapprobation avec la prise de position – qui s’apparente à du parti-pris – du Ministre de l’Intérieur, Patrick Dewael dans cette affaire.

L’entreprise est classée de type « Seveso seuil II », les travailleurs ont veillé au cours de l’occupation de l’entreprise à ce qu’aucun dégât ne soit occasionné aux installations.
L’ordre public n’a jamais été menacé et la situation est toujours restée sous contrôle.
Il s’agissait d’un conflit collectif que nous ne souhaitons pas voir exploité politiquement, et non d’une bagarre de rue ou d’une insurrection.
Nous approuvons totalement le refus du Bourgmestre de faire intervenir la police.