Réfugiés iraniens : le respect mutuel by Patrick Gillard Thursday November 06, 2003 at 10:24 AM |
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En rencontrant les réfugiés iraniens, le ministre de l'Intérieur Patrick Dewael appliquerait les beaux principes énoncés dans son livre : Respect mutuel.
« Nous devons prendre la notion de respect mutuel à la lettre. Elle signifie que la population locale peut attendre le respect des étrangers dans le domaine de la langue, de la culture, de la religion et des usages, mais également que la population [accueillante] doit respecter la culture de l’étranger. (...)
Ensuite, il faut revoir la manière dont nous nous comportons envers les étrangers. Bien souvent, ce sont des arguments irrationnels et des préjugés qui dictent notre façon de faire. “Les Marocains et les Turcs sont des profiteurs, les étrangers volent, ils constituent un danger pour la société.” Nous devons rationaliser ce débat et le ramener à l’essentiel. L’opportunisme, la violence et les abus apparaissent dans toutes les sociétés. Ils sont le fait d’hommes de toutes classes, de toutes opinions et couleurs de peau, allochtones et autochtones.
(...), la population [locale] se doit de témoigner du respect à quiconque vient d’un pays étranger. Le racisme est un délit, qui doit, en tant que tel, être sanctionné. Il ne doit y avoir ni traitement de faveur, ni discrimination, que ce soit sur les plans de l’emploi, du logement, des loisirs ou sur celui de la sécurité sociale. Tout le monde doit être mis sur le même pied. Il faut montrer du respect pour en recevoir en retour. Et couper court aux dérives potentielles... ». (1)
Ce texte n’est pas extrait du MRAXinfo, le bulletin d’information du Mouvement contre le Racisme, l’Antisémitisme et la Xénophobie. Pas du tout. Sous le titre “Respect mutuel” (1), il est signé Patrick Dewael, à l’époque où il était encore ministre-président de la région flamande. Devenu ministre de l’Intérieur du gouvernement fédéral, l’auteur de ces belles paroles se fait aujourd’hui prier de toutes parts pour ouvrir, ne serait-ce, qu’un dialogue, avec les réfugiés iraniens, dont certains vivent leur quinzième jour de grève de la faim, et qui sont hébergés sur des campus de nos universités. (2)
Évidemment, la tolérance exige un effort intellectuel certain. Patrick Dewael est d’ailleurs bien placé pour le savoir puisqu’il cite dans son livre un passage d’un discours de Frans Grootjans (3) qui dit que « ... la tolérance n’apparaît pas spontanément. Elle exige un effort intellectuel de la part de tous ceux qui attachent une valeur et un sens à leurs propres conceptions philosophiques ou politiques. ...» (1). C’est cet effort que tout le monde demande au ministre de l’Intérieur de fournir aujourd’hui, en dépassant le stade des belles intentions et en allant enfin à la rencontre de ces réfugiés iraniens.
Patrick Gillard, historien
Bruxelles, le 5 novembre 2003
Notes
(1) Patrick DEWAEL, Respect mutuel. Les dangers du Vlaams Blok, Luc Pire, 2002, p. 75-76
(2) Paul PIRET, Comment expulser des inexpulsables ?, dans LLB, Me 29/10/03, p. 6 ; Fabienne DEFRANCE, Les Iraniens oubliés de l’ULB, dans Le Soir, Ve 31/10, Sa 1er et Di 2/11/03, p. 3 ; Belga, L’ULB interpelle à nouveau le ministre Dewael, dans LLB, Ve 31/10, Sa 1er et Di 2/11/03, p. 7 et An. H., Iraniens : le PS sort doucement du bois, dans LLB, Ma 4/11/03, p. 7.
(3) Homme politique libéral flamand décédé en 1999.