L’OTAN envisage un pas de souris dans le désarmement nucléaire by Bomspotting Wednesday October 22, 2003 at 12:30 PM |
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Depuis quelques mois, l’OTAN discute d’une proposition de diminuer de moitié les armes nucléaires américaines présentes sur le territoire européen. Si cette décision est prise, elle sera rendue publique après la rencontre du Nuclear Planning Group de l’OTAN au mois de décembre.
A l’heure actuelle, 200 armes nucléaires sont stationnées en Europe, réparties sur diverses bases aériennes en Grande-Bretagne, Allemagne, Italie, Turquie, aux Pays-Bas et en Belgique. Toute réduction est en soit positive, mais ce mouvement reste un pas de souris dans le désarmement nucléaire. L’asbl Bomspotting, le Forum voor Vredesactie et Voor Moeder Aarde appellent dès lors le gouvernement belge à placer le retrait total des armes nucléaires sur son agenda.
Cette proposition de réduction fait suite à une initiative américaine qui a été annoncée sans détails lors de la Nuclear Posture Review de 2002. Selon cette proposition, rien de fondamental ne serait modifié, mais le déploiement actuel serait évalué et des propositions seraient transmises au sein de l’OTAN. Toute réduction est en soit positive, mais ce mouvement reste un pas de souris dans le désarmement nucléaire. Rien ne change au niveau politique. La stratégie nucléaire de l’OTAN reste la même. Il ne s’agit que d’une opération d’économie des États-Unis impliquant le retrait d’une série d’armes superflues. 110 soldats américains sont stationnés à chaque endroit de stockage, ce qui représente un coût élevé pour un symbole de solidarité politique.
L’asbl Bomspotting, le Forum voor Vredesactie et Voor Moeder Aarde appellent le gouvernement belge à intervenir dans cette discussion pour mettre le retrait total à l’ordre du jour.
Dans les années 90, les gouvernements européens ont laissé passer des possibilités importantes pour franchir des étapes importantes vers le désarmement nucléaire. Pendant une décennie entière, ils se sont raccrochés à la grande réduction qu’ils ont effectuée juste après la fin de la Guerre Froide. Avec comme résultat une pression toujours plus grande sur le Traité de Non-Prolifération. Aujourd’hui encore ils risquent de rater le train. Pour d’autres états non nucléaires, le fait d’être menacé avec 100 ou 200 armes nucléaires ne fait pas de grande différence. Par contre, le fait d’être menacé par des armes nucléaires est d’une importance politique beaucoup plus grande. Pour persuader les états non détenteurs d’armes nucléaires de continuer à respecter le Traité de Non-Prolifération, il faut arrêter d’utiliser soi-même la menace de ces armes.
En outre, il faut tenir compte du fait que cette discussion ne concerne que 200 armes nucléaires. L’ensemble de l’arsenal nucléaire des États-Unis se compose d’environ 10.000 têtes nucléaires. Dans ce contexte, un retrait complet des armes nucléaires peut difficilement être considéré comme un désarmement unilatéral. Il s’agit d’une mesure indispensable et créatrice de confiance qui peut entraîner d’autres pas vers le désarmement nucléaire. A l’heure actuelle, les négociations dans le cadre du Traité de Non-Prolifération sont complètement bloquées en raison du refus des états détenteurs d’armes nucléaires de franchir des étapes supplémentaires. Dans ce cadre, les propositions actuelles équivalent au renforcement de l’inégalité inhérente à ce traité entre les pays qui possèdent des armes nucléaires et les autres, et pas à la disparition de cette inégalité par le biais du désarmement nucléaire, conformément à l’obligation de désarmement pour les états détenteurs d’armes nucléaires reprise dans ce traité. Le retrait total peut être une étape pour relancer le désarmement nucléaire et respecter le Traité de Non-Prolifération.
Le 25 octobre 2003, des centaines de citoyens inspecteront le quartier général militaire de l’OTAN, le SHAPE situé à Mons, à l’instigation de l’asbl Bomspotting, du Forum voor Vredesactie et de Voor Moeder Aarde. Ils partiront à la recherche d’informations sur la présence d’armes nucléaires en Belgique et en Europe et sur l’utilisation prévue pour ces armes. En effet, les armes nucléaires sont non seulement des armes de destruction massive dangereuses et immorales, mais sont également illégales. Il ressort du jugement de la Cour Internationale de Justice de La Haie du 8 juillet 1996 que l’utilisation et la menace d’utiliser des armes nucléaires sont illégales. En Belgique, des armes nucléaires sont entreposées sur la base militaire de Kleine Brogel. Et c’est au SHAPE, le quartier général militaire de l’OTAN situé à Mons, que sont élaborés les plans relatifs à l’utilisation des ces armes nucléaires. Il s’agit d’une infraction grave au droit international. Par analogie avec les inspecteurs en armement des Nations Unies en Irak, nous inspectons le SHAPE afin de constater la préparation de l’utilisation d’armes de destruction massive et de tenter de mettre un terme à cette activité illégale.
Bomspotting
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