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Action Antipub à Bxl
by R.A.P. Monday October 06, 2003 at 12:59 PM
rap@antipub.be

Une demi douzaine de membres de RAP et de Placeovelo sont passés à l'action ce vendredi 3 octobre à la gare du midi.

Action Antipub à Bxl...
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A wonderful day in a one-way world

« Approchez Mesdames et Messieurs ! Quelqu’un peut-il me dire où nous sommes ici ? Dans une gare ou au Salon de l’auto ? »

Ce vendredi 3 octobre à 17h, une demi-douzaine de membres de RAP et de PLACEOVELO sont passé à l’action dans le hall principal de la gare du midi à Bruxelles. Au beau milieu de cet espace piétonnier sont exposées deux voitures que sépare l’immense logo (3 mètres de haut, 20 mètres de long) de la marque. Les bagnoles sont en promotion : Conditions très exceptionnelles et attirantes ! Sur l’affiche on peut voir une dame et son chien qui, ayant quitté le plancher des vaches, sont littéralement aspirés vers l’offre (photographiée cette fois sur une aubette de bus) : 21% moins chères ce mois-ci ! Concours GSM, et tout le toutim.

Sous le feu des projecteurs et surveillés de près par une bonne dizaine d’agents de la sécurité, les quelques militants commencent par accrocher aux quatres coins de l’immense publicité des panneaux sur lesquels on peut lire : « CECI N’EST PAS UN PARKING ! », au cas où cette évidence échapperait aux navetteurs (malheureusement cela semble être le cas). Ils glissent ensuite plusieurs procès-verbaux sous les essuies-glaces des bagnoles : « PARKING INTERDIT !», « FAUSSES PLAQUES ! », « APPEL À DES COMPORTEMENTS INCIVIQUES ! ».

Mais trève de plaisanteries. Pendant la « semaine de la mobilité » et plus précisément la « journée sans voiture » le voyageur qui débarque à la gare du midi se voit confronté à cette offre mirobolante où on le presse d’acheter un voiture !
C’est quoi ça ? un « bug » ? le nectar du confusionnisme ?
Alors que tout un chacun est invité à réfléchir aux conséquences environnementales du « tout à l’auto », la SNCB se positionne comme complémentaire et non comme concurrent à l’auto. Or, pour réellement diminuer les impacts environnementaux des voitures, il faudrait diminuer drastiquement leur nombre. Tant que des millions de citoyens achèteront des autos, il y aura des millions d’autos qui circuleront sur nos routes (lapalissade). Si la SNCB peut être complémentaire, elle doit surtout contribuer à offrir une alternative véritable et pratiquable à ceux qui veulent se passer de l’auto. Pour ce faire elle doit améliorer son service. De plus, l’augmentation du nombre de voyageurs est une nécessité autant économique (rentabilité) qu’environnementale : un train vide coûte plus cher à l’environnement que quelques autos.

Imaginerait-on, au salon de l’auto, qu’on interpelle le visiteur, dans le hall principal, par une publicité géante : « Prenez le train » ? Pourtant en plein coeur de la principale gare du pays, pendant des semaines (dont celle de la mobilité), une publicité géante interpelle les voyageurs : « achetez une voiture » ! Une incompréhensible erreur en matière de publicité, dont la SNCB est pourtant une bouillonante adepte (pour décorer les gares il n’y a que la pub). Les militants renverseront donc exceptionnellement (pour l’exemple) cette mauvaise image que se donne le service public de transport, en entourant les bagnoles exposées de quelques panneaux de vraie pub : « JE POLLUE... PRENEZ LE TRAIN ! », « JE RÉCHAUFFE LE CLIMAT...PRENEZ LE TRAIN ! ».

Lorsqu’on sait ce que la manne publicitaire rapporte à l’entreprise publique (2 % des recettes), que la pub pour voiture n’en représente qu’une toute petite partie, mais que celle-ci lui fera assurément perdre des clients, on ne peut s’empêcher de s’interroger. Voici en effet une bien singulière façon de gérer le bien public ! Merci Monsieur Vinck ! Cette méthode est d’autant plus surprenante lorsqu’on considère les terribles difficultés que rencontre actuellement la société de transport (elle va notamment licencier plus de 3000 travailleurs). Les militants placeront donc un panneau supplémentaire : « NON AU SABOTAGE DU SERVICE PUBLIC DE TRANSPORT ! ».

La publicité dans l’espace public prend chaque jour des proportions plus phénoménales. Son avancée, pas après pas, nous amène à trouver normal ce qui nous aurait semblé inacceptable si tout cela nous avait été imposé d’un coup. Prenons l’exemple de la RTBf, service public de télévision : lorsque la pub y a été introduite on nous assurait qu’il ne s’agirait que de quelques publicités triées sur le volet, sans aucune commune mesure avec ce qui se faisait sur les chaines commerciales. Aujourd’hui ce sont des chiées de publicités qui font de la RTBf une chaine commerciale comme les autres. Aujourd’hui la pub vient y interrompre les films. Ce ne sont encore que deux ou trois pubs, mais gageons que demain elles seront des dizaines à interrompre deux ou trois fois les longs métrages. Un des responsables du stand, avec qui nous avons discuté sur place, nous a fait part de ses idéaux néo-libéraux. Il verrait bien nos trains intégralement recouverts de publicité en échange de quelques recettes supplémentaires pour la SNCB. Cette logique est délirante, et on imagine sur la même lancée qu’on puisse tatouer les chômeurs sur le front du logo d’une grande marque en échange de quelque allocation ! Pourquoi pas ? Une des plus formidables caractéristiques de l’être humain est son immense pouvoir d’adaptation qui lui permet de survivre dans des conditions extrèmes et difficiles. Sachant cela il est impératif de se battre pour que nos conditions de vie ne se dégradent pas trop sous des pressions aussi diverses que néfastes. Les militants appellent donc la population : « RÉSISTEZ À L’ESCALADE PUBLICITAIRE ! » celle-ci dégrade petit à petit notre environnement public et mental. C’est aussi une question de dignité, nous sommes des êtres humains avant tout. Nous ne sommes pas uniquement des consommateurs dont la seule préoccupation est de savoir ce qui se vend ou ce qu’il faut acheter !

Enfin, parce que ce n’est pas leur métier, nos sociétés publiques de transport ont délégué la gestion de la manne publicitaire à une société spécialisée. C’est la multinationale américaine Clear Channel qui s’occupe de tout cela. Conséquence directe : nos sociétés publiques n’ont plus rien à dire par rapport aux messages qui sont adressés à leurs clients dans leurs infrastructures. L’importance qu’a prise le média, comme sa nature agressive, imposerait déjà en soi que les pouvoirs publics en gardent le contrôle absolu. Mais lorsqu’on sait que tout ce bazar ne rapporte que deux misérables pourcents des recettes, on ne peut que s’alarmer que cette gestion soit abandonnée à une entreprise dont l’intérêt est aussi privée que les méthodes de travail sont maffieuse. Clear Channel s’est constitué de par le monde des monopoles médiatiques ahurissants. Ce qui permet au groupe d’influencer des millions de personnes. Ainsi, par opportunisme (relations d’affaires avec Bush et consorts) il soutiendra la guerre en Irak, organisant notamment des manifestation pro-guerre et boycottera des artistes qui ne respectent pas la pensée néo-libérale. En Belgique le groupe a, en l’espace de quelques années seulement, mis ma main sur plus de la moitié de l’espace d’affichage et acheté les principaux organisateurs de concerts rock. La désertification du paysage culturel est bien entammé. Il est grand temps de reprendre pied sur notre terre. Les militants poseront donc quelques panneaux supplémentaires : « CLEAR CHANNEL DEHORS ! »

Le nombre d’agents de la sécurité, dont une bonne partie en civil, ne cessant de croître, nous avons préféré remballer le matériel et nous en aller sans en ajouter.

L’action aura duré une bonne demi-heure. Une bonne cinquantaine de sympathisants sont venus nous soutenir. Un grand merci à tous !

Quelques autres photos de l'action sur: Photos

Comme dans les abribus!
by Lermunev Monday October 06, 2003 at 02:06 PM

La même escalade dont vous vous êtes bienheureusement fait l'écho est observable au sein des abribus gérés par la stib. Tandis que ces derniers continuent de rivaliser d'inconfort (il est évident que leurs concepteurs n'attendent jamais le bus sous la pluie), des "publicités déroulantes" sont maintenant offertes au "client". Si j'ignore quel pourcentage de recettes cette agression visuelle continue représente pour la Stib, je note en tout cas l'extrème suivi technique qui est derrière, et qui nettoie notamment très rapidement toutes les initiatives visant à détourner le con-sot-mateur de son rôle bêlant. Les différents autocollants et annotations antipub y sont hebdomadairement effacées. Souhaitons que ces actes de civisme continuent, de façon à rendre non rentable ces intrusions publicitaires dans nos vies.