À Cancún, la plupart des actions de protestation qui se sont déroulées vendredi étaient des occupations et des libérations de l'espace public.
Le coeur de la
résistance continue à battre au kilomètre 0, où
un fermier coréen s'est donné la mort mercredi pour dénoncer
les politiques meurtrières de l'OMC. À plusieurs endroits,
des blocages ont été organisés, des routes occupées.
Des activistes ont même ouvert un squat dans un immeuble abandonné. Ils ont nettoyé et redécoré les lieux, puis ils ont fait la fête. Dans leur communiqué de presse, les organisateurs expliquent que cette action veut dénoncer la privatisation des biens et des services publics. Retaking Public Spaces by teo |
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À proximité du centre de convention, deux hommes et une femme sont montés à l'aube sur une grue haute d'une centaine de mètres et ont déployé une bannière «Que se vayan todos». Qu'ils s'en aillent tous! En Amérique latine, ce slogan symbolise le rejet des marionnettes de l'élite planétaire. Il avait déjà été scandé dans les rues de Buenos Aires lors de la débâcle économique de 2001, dont la responsabilité est attribuée aux politiques imposées par le Fonds monétaire international, la Banque mondiale et l'OMC, et qui a entraîné la chute du gouvernement argentin. Sur la bannière figurait
également un signe «stop» avec les lettres OMC barrées,
un message clair que l'Organisation mondiale du commerce doit mettre fin
à ses politiques hégémoniques avant qu'elles ne tuent
encore des millions de personnes dans le monde entier. Les autres symboles
qu'on distingue sur la photo sont un épis de maïs, qui symbolise
le droit à la nourriture et à l'eau pour tous, et un poing
serré qui réclame la dignité pour les peuples indigènes
et les travailleurs du monde entier, dont les cultures et les traditions
sont menacées par les pratiques colonialistes des multinationales.
Direct action in the hotel zone / Acción directa en la zona hotelera
by editorial collective / colectivo editorial Cancún |
Non loin de là, la police a empêché
des étudiants mexicains de mener une action non violente pour exiger
que l'éducation reste en dehors des négociations commerciales.
Les manifestants voulaient défendre le droit à l'éducation
pour tous: «Nous voulons que l'éducation sorte complètement
des négociations. L'éducation n'est pas un produit, c'est
un droit, et c'est un droit que nous devons exercer. Nous ne voulons pas
que nos enfants grandissent sans école où ils puissent étudier.»
Plus tard dans la journée, une centaine d'activistes qui brandissaient des calicots et des pancartes se sont rassemblés dans la zone hôtelière. Ils ont organisé une danse païenne en spirale. La circulation a été interrompue pendant plus d'une heure. D'autres manifestants chantaient, assis sur la route. Interrogé sur les raisons de la manifestation, un des activistes a déclaré «Nous sommes ici pour reprendre la souveraineté de l'OMC et pour la rendre au peuple. Nous sommes ici pour dire que nous pouvons porter notre propre souveraineté.»
Un peu plus tôt, un autre groupe de six
activistes mexicains avait bloqué le trafic avec leur voiture. Ces
perturbations de la circulation ont provoqué une belle pagaille quand
les délégués de l'OMC sont sortis du centre de convention.
Au moins quatre points supplémentaires de contrôle ont été
mis en place par la police pour contrôler le trafic, et plusieurs
délégués ont été escortés par
d'importantes forces de sécurité vers des bus privés.
Les milliers de fermiers et de citoyens venus des quatre coins du monde qui ont convergé vers Cancún pour protester contre les politiques d'exploitation de l'OMC, contrôlée par les pays riches et qui favorise ces derniers au détriment des pays pauvres, mèneront encore de nombreuses actions avant la fin de la conférence. Samedi, un grand défilé rejoindra le kilomètre 0 et d'autres actions décentralisées seront organisées dans toute la ville de Cancún.