Pour une solution à la question kurde en Turquie by phoenix Thursday September 11, 2003 at 05:03 PM |
propositon du K.A.D.E.K
En bref la Feuille de Route Du KADEK
le 2 août 2003, le Conseil Exécutif du KADEK présente sa nouvelle stratégie appelée :
Feuille de route pour une solution pacifique et démocratique à la question kurde en Turquie
Après avoir rappelé les souffrances du Peuple kurde et de la Turquie, durant un conflit qui dure depuis quatre vingts ans, et notamment durant les trente dernières années, le Conseil Exécutif du Congrès pour la Démocratie et la Liberté du Kurdistan (K.A.D.E.K.) analyse la situation, fixe à la Turquie un cadre et un calendrier de négociation et lance un appel en direction de l'Union Européenne, des Etats Unis, des Etats de la Région et des forces démocratiques en Turquie.
De la période récente, c'est à dire depuis le cessez le feu décrété unilatéralement par le PKK, le 2 août 1999, le K.A.D.E.K. constate que les nombreux appels, communiqués et rapports proposant des solutions pacifiques et démocratiques à la question kurde n’ont eu aucune conséquence pratique : " Tout au contraire, la répression s’est amplifiée et les opérations militaires sont devenues continuelles".
Mais la goutte d'eau qui fait déborder le vase, - ou plutôt les trois gouttes d'eau - sont la Loi de Repentance encourageant la délation, votée par le Parlement de Turquie "dont le seul but est l’élimination du KADEK", le rapprochement de la Turquie avec l’Iran et la Syrie sur la base de la "négation du peuple kurde" et le projet de déploiement de troupes turques en Irak vécu comme un moyen radical d'éliminer, avec l'aide des Etats-Unis, les bases arrières des combattants kurdes de Turquie.
En réponse, le KADEK rétorque en préconisant une nouvelle stratégie qui met fin au cessez-le-feu unilatéral – des accrochages sont déjà signalés - et qui exige un cessez-le-feu respecté par les deux parties accompagné "d'une feuille de route", garant d'un changement de mentalité, et d'un calendrier de négociation en trois étapes.
La première étape, 1er Septembre 2003 / 1er décembre 2003, sera celle de la mise en place d'un Comité pour la Paix et le Dialogue composé de représentants des organisations civiles et des partis politiques, d'intellectuels, d'artistes et de personnalités. La tâche la plus urgente sera de transformer le cessez-le-feu de fait - unilatéral - en un cessez-le-feu bilatéral.
Le gouvernement devra prendre un certain nombre d'engagements :
1. Arrêter des opérations militaires.
2. Démanteler forces supplétives appelées "protecteurs de villages" et forces opérationnelles telles que les Forces Spéciales de Police ou les milices armées utilisées à des fins de contre-guerilla et de guerre psychologique.
3. Faciliter le retour des personnes déplacées et reconstruction des villages détruits.
4. préparer l'opinion publique à une solution négociée et à la création d’une culture de paix
5. renoncer à toute entrave gênant le déroulement de manifestations légales et toutes autres activités démocratiques constituant un droit pour le citoyen.
Le K.A.D.E.K. devra également prendre un certain nombre d'engagements :
1. Cesser les activités militaires, les unités armées devant rester sur leurs positions actuelles.
2. S'abstenir de faire une propagande anti-Etat turc ou d’incitation à la guerre.
3. adhérer à l’esprit de cohabitation avec le peuple de Turquie et adopter une attitude inspirant la confiance
4. Garantir le respect de la légalité dans le déroulement des manifestations et autres activités démocratiques.
La seconde étape devra être celle de mesures prises pour instaurer la confiance.
Le gouvernement devra prendre un certain nombre d'engagements d'ici avril 2004 :
1. La question kurde devrait être traitée comme la question-clé de la démocratisation.
2. Toutes les restrictions à la liberté d'expression et d’organisation devront être abolies
3. Une loi pour la paix sociale et la participation démocratique devrait être votée.
4. les conditions de détention d'Abdullah Öcalan devront être revues
5. Des efforts concertés pour le développement économique et social du Kurdistan devront être consentis.
6. Une Commission pour la Recherche de la Vérité, de la Justice et du Pardon devrait être rapidement mise sur pied. Les auteurs de crimes devront être déférés devant la justice.
7. des excuses devront être présentées au Peuple kurde
Le K.A.D.E.K. devra également prendre un certain nombre d'engagements :
1. Retour au foyer des combattants et des exilés en vue de leur insertion dans la vie sociale et politique
2. Engagement à respecter la paix sociale et à s'abstenir à nuire à l’intégrité de l’Etat.
3. Mise en place d'une commission chargée d'instruire les crimes contre le peuple kurde.
La troisième étape sera celle de la pleine démocratisation et la paix achevée.
Le gouvernement devra prendre un certain nombre d'engagements à partir de septembre 2003 :
1. L’identité kurde devra être garantie constitutionnellement.
2. Les droits linguistiques et culturels devront être préservés par des dispositions légales.
3. L’éducation en langue kurde ( en primaire secondaire et supérieur) devra être accessible à tous
4. Abdullah Öcalan devra être libéré,
5. La démocratie locale devra être renforcée et des lois sur la décentralisation devront être votées.
6. Une nouvelle législation concernant les partis politiques devra être également votée.
Le K.A.D.E.K. devra également prendre un certain nombre d'engagements :
1. Ses structures organisationnelles (militaires et politiques) rentreront en Turquie et seront protégées.
2. Ses publications en exil seront rapatriées en Turquie où elles poursuivront leur activité dans le cadre légal existant.
3. Toutes les associations et institutions kurdes en exil se réunir sous un même toit avec les organisations démocratiques de la diaspora turque.
4. Ses relations avec les Kurdes de la diaspora et d’autres régions du Kurdistan tendront à respecter les intérêts d’une Turquie démocratique.
En conclusion le K.A.D.E.K. estime que la Turquie est finalement arrivée à un carrefour et qu'elle ne peut continuer plus longtemps sa politique du “ ni guerre ni paix ". En choisissant la paix, la Turquie en tirera un bénéfice et deviendra ainsi un modèle positif pour toute la région". "La question kurde ne constituera plus une source d’inquiétude".
Le K.A.D.E.K en appelle à L’Union Européenne : " Nous croyons que l’Union Européenne ne devrait pas renoncer à octroyer à la Turquie une adhésion pleine à l’Union, mais qu’elle devrait avoir le souci d’intégrer les Kurdes dans le processus et travailler à la résolution démocratique des problèmes existants…. Notre leader, Abdullah Öcalan, était venu en Europe avec l’intention d’explorer les voies d’une telle solution, avant d'être victime d'un complot international" et d'ajouter "l’Europe devrait maintenant se tenir à distance de toute nouvelle tentative de conspiration contre les Kurdes". Il conclut : "Nous invitons l’Union Européenne à jouer un rôle de médiateur dans la mise en œuvre de la feuille de route, rôle qu’elle tient d’ailleurs dans la question cypriote".
Le K.A.D.E.K en appelle aux Etats-Unis d’Amérique : "tout en souhaitant une coopération entre les USA et la Turquie nous pensons qu'aucune solution au problème kurde en Turquie ne peut être trouvée dans une confrontation entre les USA et le KADEK" et d'ajouter :"Nous aimerions inviter les USA à établir un contact aussi bien avec le KADEK qu’avec la Turquie et à travailler à la mise en œuvre de la feuille de route pour la paix. Nous croyons qu’un dialogue bilatéral de cette nature peut constituer une aide pour sa mise en œuvre".
Le K.A.D.E.K en appelle à L’Iran, à la Syrie, aux autres Etats de la région et aux forces politiques kurdes dans le Kurdistan Sud (Nord de l’Irak), leur garantissant que la résolution de la question kurde serait un gage de prospérité et de démocratisation pour tout le Moyen Orient, dans le respect des frontières existantes.
Le K.A.D.E.K croit aussi à la possibilité de créer un Irak fédéral et démocratique " Nous croyons qu’un tel système serait le plus approprié pour la pluralité nationale et culturelle en Irak et conforme aux intérêts culturels aussi bien des Arabes que des Kurdes, des Syriaques ou des Turkmènes………… il pourrait servir de modèle".
Le K.A.D.E.K en appelle aussi aux forces démocratiques en Turquie : les syndicats, la société civile, les organisations non-gouvernementales, les intellectuels et les artistes ": Ne laissez pas aux politiciens le soin de trancher cette question : ils n'agiront que poussés par l'opinion publique".
Le K.A.D.E.K en appelle enfin à la presse : " la désinformation est telle que l'opinion publique a des préjugés et pourrait s'opposer à une résolution pacifique du problème. Il appartient aux forces démocratiques et à la presse de nous aider à surmonter cet obstacle".