La Belgique « voilée » par ces jugements de valeurs… by Mouedden Mohsin (Posted by han) Monday September 08, 2003 at 10:16 AM |
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Notre pays connaît de manière régulière des secousses thermiques assez violentes qui donnent de la Belgique à l’étranger l’image d’un pays démocratique certes, mais surréaliste, complexe et étonnant… Je ne voudrais revenir ici sur tous les dossiers lugubres, n’importe quel pays a des cadavres au placard, néanmoins rappelons nous des moments particulièrement douloureux, à commencer par « les tueurs fous » du Brabant Wallon, qui dans les années 80 assassinèrent de sang froid plusieurs personnes, sans qu’il n’y ait interpellation, voir une enquête digne de ce nom.
Vingt ans plus tard, nous ne savons toujours pas qui se cache derrière ces assassins, l’assassinat politique d’un ministre socialiste dans les années 90, les conflits communautaires violents, notamment aux Fourons, qui nous valurent quelques images peu glorieuses de « l’Union » tant vantée par la Royauté, les centaines de millions « d’euros » engloutis dans des travaux inutiles ( à l’époque une émission de la RTBF du journaliste Jean Claude Defossée revenait avec chaque semaine des projets inutiles abandonnés après que l’on y ait englouti des sommes astronomiques… payées par le contribuable ) , la disparition des enfants ( An et Effje, Julie et Melissa, Loubna, Brichet et tant d’autres « oubliés »… ) avec en point de mire la guerre des polices ( police judiciaire-gendarmerie et vice-versa ), le très douloureux dossier de la pédophilie, la dioxine et l’assassinat d’un vétérinaire réputé incorruptible, par la pègre des hormones, l’assassinat d’une réfugiée nigérienne, Samira Adamu, étouffé par un coussin par des gendarmes hilares… et puis peut-être moins dramatique, mais néanmoins toujours aussi surréaliste.. la détention d’un membre du collectif contre les expulsions, violemment battu au point que l’on ait craint pour sa vie, ayant eu pour seul tort de manifester contre la détention arbitraire des réfugiés et de leurs enfants, dans des camps nous rappelant de tristes souvenirs, la criminalisation du mouvement syndical et associatif ( les 13 des Forges de Clabecq, le collectif contre les expulsions, les mouvements pour une autre mondialisation… ), la détention honteuse du président de la ligue Arabe Européenne…en 2002 par un gouvernement ayant perdu non seulement la raison, mais aussi, et c’est plus grave, la faculté de comprendre le malaise et les discriminations que vivent les jeunes belges issus de l’immigration ( politique sécuritaire, enquête criminogène initiée par l’ancien ministre de la justice pour savoir si il n’y avait pas de lien entre immigrés et criminalité, double peine, « bavures » policières ).
N’en rajoutons plus, la coupe est pleine, cependant pour être tout à fait honnête, notre pays peut aussi se targuer de certaine réussites sportives, culturelles, artistiques et… sociaux-économiques, qui donnent de la Belgique à l’étranger, l’image aussi d’un état social paradisiaque, ce n’est pas le moindre des paradoxes à la belge.
Pourquoi avoir rappelé ces quelques événements douloureux de ces vingt dernières années ? Ceci pour rappeler que le gouvernement belge a adopté des attitudes étonnantes envers des citoyens qui étaient belges depuis 10 ou 20 générations et que par conséquent on ne peut dans ces cas là, parler de racisme, ceci est important car si les musulmans pensent que dans le dossier qui nous préoccupe, à savoir, l’interdiction du port du voile, tant au niveau de l’enseignement que dans le monde professionnel, c’est avant tout une question de racisme primaire étatique, nous risquons de partir dans des analyses tronquées. J’ai la nette conviction que la revendication du port du voile est avant tout perçus comme un combat d’arrière garde, archaïque, allant contre l’émancipation de la femme, tant vantée par le féminisme européen….Ajoutons depuis la chute du mur de Berlin ( le nouvel ennemi est d’après certains stratèges, le péril vert, après le péril rouge que fut le communisme ) une peur réelle de l’islam plus que sa méconnaissance qui donnent cette impression d’immense gâchis, d’une « insertion » pour ne pas parler « d’intégration » impossible avec cette communauté religieuse, si en plus on ajoute une vision biaisée et fausse de la laïcité, calquée sur la France Républicaine ( plus au Sud qu’au Nord du pays ou la population flamande est encore fortement imprégnée de culture et religion chrétienne ), ainsi qu’une situation internationale explosive au Proche-Orient et dans certains pays musulmans finiront de convaincre les plus optimistes des non-musulmans qu’en définitive, les musulmans européens sont plus des facteurs de troubles sociaux, que de richesses inter-culturelles.
Depuis quelques années, que ce soit en Belgique en France ou dans d’autres pays européens, la question du voile ou foulard islamique, revient régulièrement sur le devant de la scène médiatique et politique, il ne se passe pas une semaine sans que l’on parle ici et là du danger de l’intégrisme, lorsqu’on évoque le port du voile. Cette situation a atteint à un point de paroxysme tel, qu’aujourd’hui parler du voile de manière positive vous amène immanquablement à devoir justifier votre choix qui s’apparente à un blanc seing donné aux intégristes religieux.
Il est important de garder la raison dans un dossier ou très souvent, l’affectif, l’émotif et la déraison prennent rapidement le pas.
Les musulmans à cet égard devraient faire preuve de plus de maturité, de présence citoyenne, de pédagogie, afin de porter, de mener des revendications claires et sans détours, pour que cette population puisse être considérée comme une communauté faisant partie intégrante de notre pays, il est quand même étonnant de constater tant chez les acteurs associatifs musulmans que l’organe censé représenter ces derniers, une frilosité, une peur, une crainte de dire les choses qui pourraient déranger les pontes de notre pays, plus grave encore, nous constatons souvent une attitude, une posture défensive, peureuse, allant à contre sens des désirs et souhaits d’une grande partie de la population musulmane belge… peur de froisser la susceptibilité de tel ou tel ministre de tel ou tel parti démocratique, crainte parfois légitime d’être montré du doigt et considéré comme une association subversive, manipulatrice des jeunes musulmans, encore plus si ce sont des femmes, jeunes et voilées.. à croire que certains membres du gouvernement n’envisage nullement que ces jeunes belges musulmanes puissent penser d’elles-mêmes et pouvoir donner ainsi leur point de vue de manière sereine, plus grave encore, elles sont perçues comme des éternelles mineures, manipulées soit par le père, le frère, la mère ou pire encore la mosquée ou l’imam du quartier, si O miracle on constate malgré tout que cette jeune fille a de la réflexion, de la maturité intellectuelle, on finira par dénoncer sa lecture simpliste, voir intégriste du Coran… quoi qu’elle fasse, si elle n’accepte pas le point de vue de la pensée unique, formatée, aseptisée, uniformisée, elle ne pourra accéder à l’enseignement, ne parlons même pas de l’emploi, où une discrimination sévit actuellement en Belgique et dans la plupart des pays européens. Cette situation burlesque poussera sans conteste les jeunes filles voilées au communautarisme, à un repli identitaire.
Cette vision et l’attitude profondément méprisante prônée par une petite frange des directeurs d’établissements scolaires à discrimination positive ( enseignement clairement destinée aux enfants de l’immigration ainsi qu’à une population belge marginalisée, au sein de ces écoles « ghettos » tant vantées par le politique, situés dans des quartiers populaires, nous ne constatons jamais la présence d’étudiants aisés ou d’enfants des politiques, alors que ceux ci sont censés donner l’exemple ), appuyés en cela par le ministre de l’enseignement du secondaire est hors la loi, car elle ne garantit plus la neutralité de l’école, inefficace, car elle institue l’exclusion de ces étudiantes belges mineures, et dangereuse, en donnant le sentiment que les musulmans vivent bien sous une ségrégation raciale et philosophique.
Comment en est-on arrivé à un climat aussi détestable ?
Juste avant les élections législatives de mai 2003, l’Athénée Bruxelles II à Laeken décide d’interdire tout port de couvre-chef dès la rentrée scolaire 2003-2004, cette décision prise avec l’appui des 3/4 du corps professoral passe mal, très mal. Les étudiantes musulmanes qui représentent une bonne partie des élèves de cet Athénée sont ulcérées, ne reviennent pas de ne pas avoir été partie prenante dans la négociation. Elles ont le sentiment encore une fois, que le responsable de cet Athénée a sciemment éludé le débat démocratique et voulu de cette manière pratiquer une répression religieuse qu’elles qualifient de discriminatoire.
Plus qu’une discrimination ou un acte xénophobe, n’assistons nous pas avant tout à un déni de justice ? qui stigmatise encore plus la foi des étudiantes qui ont choisi de manière libre, le port du voile ou du foulard, qui n’est pas pour elle un couvre-chef, mais un habit faisant partie intégrante de leur personne.
Le directeur de cet Athénée estime quant à lui, que la foi des étudiantes musulmanes voilées pesait négativement depuis quelque temps sur le bon déroulement des cours et de la cohésion sociale au sein de l’établissement, pêle-mêle, il cite le port des vêtements islamiques, voilant les étudiantes de haut en bas, le port des gants noirs, le refus d’assister à certains cours, ainsi qu’un prosélytisme et des signes extérieurs jugés, trop ostentatoires…
D’après un célèbre hadith, l’islam pousserait les musulmans à aller chercher le savoir jusqu’en Chine, contrée qui représentait à l’époque le bout du monde.
Refuser de participer à des cours de chimie, science ou histoire reste très marginal, dénote d’une méconnaissance profonde de l’islam et est en contradiction totale avec la pensée musulmane, puisque le messager de l’islam a prêché au plus haut point la curiosité intellectuelle, « la connaissance de toute chose, ne vaut-elle pas mieux que son ignorance ? ». Néanmoins nous constatons que les musulmanes dans leur immense majorité participent aux cours et obtiennent souvent des résultats satisfaisants, quant à la tenue vestimentaire, chacun s’habille comme il le désire, avec le souci de ne pas provoquer la sensibilité d’autres étudiant(e)s et corps professoral, cependant cette affirmation va dans les deux sens, à l’heure où le nu est porté aux nues…
Pour les cours de Gym, l’islam pousse les étudiantes, les femmes à pratiquer un sport, cela fait partie d’une hygiène de vie pour toute personne, concernant la natation, nous pouvons aisément comprendre que certaines jeunes filles comme les garçons d’ailleurs peuvent être amené à ne pas se dénuder, la timidité, ainsi que l’adolescence, période en perpétuelle recherche du « moi » parfois instable peut rebuter certains à ne pas participer à des cours de natation, d’ailleurs de mon point de vue, personne ne devrait être obligé de se dénuder obligatoirement que ce soit pour l’école, dans un poste de police, au sein de l’armée ou pour un job, quant aux signes extérieurs « ostentatoires », chacun a son interprétation à ce sujet, cependant certaines étudiantes minoritaires peuvent parfois avoir un comportement islamique zélés à l’extrême ( interprétation ultra-rigoriste ) et me semble t’il dans ce cas précis, des rappels à l’ordre ainsi qu’une sanction sont à définir, il est aussi vrai qu’à partir du moment où le voile est considéré par beaucoup d’ athées et de laïcs comme un signe ostentatoire, un débat serein ne pourra voir le jour. Ne faudrait-il pas que le bon sens reprenne le dessus dans un dossier très délicat, risquant de créer une fracture sans pareil dans la société belge et européenne ?
L’attitude et l’analyse du directeur ou préfet de cet établissement scolaire ne nous paraît pas judicieuse, car par l’interdiction du port de tout couvre-chef ( qui vise clairement le port du foulard ), nous avons la nette impression, qu’il s’est servi de quelques cas très marginaux, faisant d’un cas spécifique, une généralité, cette stratégie pernicieuse a pour objectif de sanctionner plus facilement une bonne partie des étudiantes de cet établissement, d’ailleurs cette idée commence à faire son petit bout de chemin, dans la tête de plusieurs établissements scolaires, qui veulent « épurer » leurs écoles, de toutes étudiantes musulmanes.
Pour se faire entendre médiatiquement et politiquement, les étudiantes décident le vendredi 16 mai, devant plus de 150 étudiant(e)s de toutes confessions religieuses d’organiser un rassemblement symbolique afin de rappeler leurs droits bafoués, ainsi que les devoirs qu’ont les établissements scolaires, non seulement d’accepter tout étudiant jusqu’à sa majorité ( 18 ans ) quelle que soit sa confession, philosophie et idéologie, mais aussi rappeler à nos décideurs le droit et la loi. L’état et à priori l’école sont censés garantir d’après la Constitution de notre pays, la neutralité tant dans l’espace privé que public.
Un collectif « Touche pas à mon foulard » créé juste après cette décision d’interdire le port de tout couvre chef, composé de citoyens mixtes , dont quelques membres du très contesté Parti Citoyenneté et Prospérité ( PCP ) vont organiser deux actions au mois de juin 2003 pour alerter les pouvoirs politiques, le second rassemblement organisé devant les locaux de l’Exécutif des Musulmans de Belgique, absent ce jour là, vit même la présence et le soutien de la Ligue des Droits de l’Homme, d’un prêtre néerlandophone, du MRAX ( Mouvement contre le Racisme, l’antisémitisme et la xénophobie ), des professeurs de religion musulmane, ainsi que la présence d’une association juive laïque, quant aux associations musulmanes, représentants religieux et les imams, ils décidèrent dans leur écrasante majorité de boycotter l’événement, estimant que ces actions contre-productives ne pouvaient que « salir » l’image des musulmans de ce pays, d’ailleurs des appels de boycott dans certaines mosquées et sur une radio arabe ont ponctué la semaine qui précédait cette rencontre.
Ce n’est pourtant pas la première fois, que cette situation secoue notre plat pays, il y a une dizaine d’années une petite dizaine d’ étudiantes à l’EOS ( école supérieur d’études d’assistant social, tendance socialiste ), à Anderlecht furent exclues des cours en dernière années supérieures pour avoir refusé d’enlever le voile dans leur lieu de stage, devant le refus catégorique tant de l’école que des étudiantes, l’affaire se termina devant les tribunaux, appuyé en cela par le Centre pour l’Egalité des Chances, le verdict négatif de la Cour, poussa les étudiantes à trouver asile dans une université catholique, on releva ici et là encore quelques affaires du « voile », mais de manière générale, une grande « tolérance », « compréhension » des responsables scolaires perdura tout au long des années nonante, espérant sans doute, que cet épi-phénomène ( le port du voile ) s’atténuera avec l’intégration et l’assimilation quasi définitive de la troisième génération des musulmans belges, d’ailleurs cette posture est souhaitée par la grande majorité même des acteurs associatifs, politiques ou intellectuels non-musulmans qui soutiennent ces étudiantes portant le foulard, à croire que le paternalisme ambiant déteint immanquablement même sur les plus progressistes…
On notera un changement profond dans la société belge à partir de la fin des années nonante avec la montée phénoménale d’un mouvement politique raciste, le Vlaams Block qui de plus en plus va déteindre sur certaines formations démocratiques, cette stigmatisation de l’islam, va conduire notre pays pour la première fois à parler d’islamophobie, ce mal à accepter une religion, une composante religieuse et spirituelle du pays, jugée de plus en plus oppressante, ( vestimentaire, prosélytisme, visibilité perçue comme agressive… ) déstabilise nombre de politiciens et de belges de « souche » qui ont l’impression d’un retour à un intégrisme religieux, à moins que ce ne soit tout simplement le refus de pouvoir accepter une implantation définitive de ces populations musulmane, une mutation sociologique, un changement que connaît tout pays multiculturel qui invita dans les années soixante, à coup de publicité grossière et mensongère, une main d’œuvre malléable, bon marché de l’Afrique et de l’Asie pour reconstruire le pays.
On parle aussi souvent d’un retour à un communautarisme pour expliquer le port du foulard. Qu’en est-il réellement ? Sommes nous dans une communauté qui se replie sur elle-même ? Allons-nous vers un communautarisme exacerbé ? Y a t’il un retour du religieux, pis encore, la Belgique risque t’elle via l’affaire du voile, de devenir une république islamique ? Ces questions sont résolument provocantes, pourtant, il serait sot de penser que ce genre de questions ne se discute pas entre intellectuels, politiciens et responsables de notre pays… il ne faudrait croire que c’est juste un fantasme d’une minorité, je ne voudrais même pas épiloguer sur la littérature « nazie» que reçoivent la totalité des foyers musulmans, où chaque trimestre un dossier détaillé du Vlaams Block ( premier parti raciste d’Europe avec des scores avoisinant les 35% dans certaines villes flamandes ) vient nous rappeler, l’islamisation de la Belgique, la menace « islamiste… » et la nécessité immédiate, de renvoyer ces Sarrasins, Gueux et terroristes dans des contrées plus exotiques.
Avant de répondre à ces questions, je tiens à rappeler que cette attitude sécuritaire, arrive à un moment où pendant ces deux dernières années, nos sociétés européennes, ont eu l’impression de devoir engager de profondes réformes pour juguler, contrer et sanctionner les aspirations de « certains musulmans religieux » à travers le monde et notamment en Belgique.
Les attentats du 11 septembre 2001 à New-York, ainsi que des clichés, fantasmes et amalgames en tout genre sur l’islam, ( aidés parfois en cela soit par des personnes issus de la culture arabo-musulmane, mais athées ou parfois encore plus grave par des religieux extrémistes aux discours inacceptables ) vinrent ponctuer ces deux dernières années par des assassinats particulièrement horribles. Cela débuta par le meurtre d’une paisible famille marocaine à Schaerbeek au mois de mai 2002 par un sympathisant d’un parti politique raciste, âgé de 78 ans. La mort passée quasi inaperçue d’un jeune marocain à Charleroi abattu par un voisin au mois de juillet pour une histoire de ballon de football et pour finir d’un professeur de religion islamique abattu à Anvers fin 2002, ( sous les yeux de son père qui échappa à la mort par miracle ), lui aussi abattu par un vieux sympathisant du Vlaams Block, rêvant d’une société épurée de « cafards » musulmans.
Certains esprits chagrins maugréeront et parleront de circonstances exceptionnelles ou de co-incidences extraordinaires, d’autres encore.. parleront d’une communauté qui pratique la victimisation à outrance.
Ces meurtres racistes confortent les musulmans dans leurs soupçons, à savoir que l’état belge qui depuis la reconnaissance du culte islamique en 1974, pratiqua une politique attentiste, de tolérance teintée néanmoins de paternalisme, décida de passer à la vitesse supérieure en stigmatisant la pratique religieuse, jugé par beaucoup comme rétrograde.
Le monde politique a des envies certaines ( voir l’ex PSC qui change son nom en CDH en jetant tout lien avec le christianisme, jugé rétrograde dans une société de plus en plus athée et scientiste ) de refreiner la pratique religieuse des musulmans ou plutôt de tenter de contrôler cette pratique, la création de l’Exécutif des Musulmans de Belgique ne participerait-elle pas à ce projet Big Brother ? On peut aussi comprendre que depuis quelques années des pays européens craignant le terrorisme puisse se prémunir de ce fléau, en effet nous avons constaté que certaines personnes minoritaires, mal intentionnées pouvaient faire de notre plat pays, un champ d’expérimentation pour leurs luttes idéologiques personnelles ( procès en cours… ), cependant lorsqu’on lit le rapport de la Sûreté de l’état de 2002 sur la communauté musulmane ou lorsqu’on écoute les positions dangereuses et gravissimes d’un ministre de l’enseignement du secondaire à l’égard d’un professeur belge de religion musulmane, qui prouva tout au long de sa carrière, son sérieux, son sens critique et sa responsabilité, on peut légitimement commencer à craindre une chasse aux sorcières, dont les musulmans pratiquants risqueraient à l’avenir de faire les frais.
Pourtant les 450.000 musulmans de Belgique de culte ou culture ( 4 à 5% de la population belge ), pratiquants ou non, agnostiques, laïcs sont heureux de vivre en Belgique, havre de paix comparée à des zones trouble dans le monde, est loin, très loin de représenter un groupe compact, monolithique. Une diversité culturelle d’origine étonnante allant du Maghreb, à la Turquie en passant par l’Afrique Subsaharienne, le sous-continent indien où les convertis nous rappellent une richesse culturelle fortement diversifiée qui a des répercussions importantes dans la pratique du culte, ajoutée en cela une présence de nombre de musulmans , dans le monde politique, artistique, culturel, associatif et économique, et puis comment ne pas parler des lectures et interprétations personnelles du Coran et de la Sunna ainsi que des écoles juridiques musulmanes nous amènent à analyser l’islam en Belgique ou les musulmans belges avec un peu plus de d’intelligence et de raison, que les sempiternelles analyses de tel ou tel journaliste appuyées par les rapports de la Sûreté de l’état.
Pour ces raisons, j’ai presque l’impression, que certains de nos politiques maladroits ou mal intentionnés, ( on leur laissera le bénéfice du doute ) aidés en cela par l’ancien Exécutif des Musulmans de Belgique, ne veulent pas faire de ces populations, une richesse pour notre pays, pire encore, nous avons le sentiment que certains ne veulent guère partager leurs prérogatives, une posture particulièrement conservatrice, teintée d’un néo-colonialisme et de jugement de valeurs douteux, où seule pour certaines élites de notre pays, la société occidentale, gréco-romaine, judéo-chrétienne et surtout post-matérialiste, scientiste et laïque aurait prédominance sur toute autre culture et civilisation dans le monde, oubliant au passage que la civilisation musulmane d’Al Andalus, européenne et occidentale a pendant plus de 700 ans illuminé l’Occident par son apport critique, scientifique, philosophique et culturel, cet apport permit à une grande partie de l’Europe de sortir de la pénombre, de vivre son aggiornamento et d’accéder à de profondes réformes. Comme l’a bien rappelé, le journaliste français, Jean François Kahn du magazine « Marianne » ou il écrit ceci : « c'est grâce à cet apport de l'islam rationnel et pré-moderne que la chrétienté, à son tour, redécouvrit la pensée grecque » (voir son article Marianne du 8 au 14/10/01 p15). Tout ceci s'est passé bien avant le XVIème siècle, celui de la Renaissance, inaugurant l'entrée de l'Occident dans la « modernité » qui sera parachevée, sous sa forme intellectuelle, avec la pensée des Lumières avec Diderot, Montesquieu, Voltaire et les autres. Cet « oubli » cache sans doute le malaise de devoir reconnaître, que l’islam a pétri la société occidentale de valeurs pré-démocratiques ( Shoura, la culture du débat, du vote et de la négociation ) et humanistes ( sous certaines dynasties musulmanes, les juifs, chrétiens et mêmes les non-religieux avaient des droits importants qui à l’époque en faisait la société du monde la plus moderne ), pour cette raison, les musulmans ne doivent nourrir aucun complexe et doivent regarder devant eux, pour améliorer, apporter leurs pierres à l’édifice pour une société plus égalitaire.
Invoquer pour des musulmans aujourd’hui que ce soit en Belgique ou en France, les valeurs universelles lorsqu’on parle d’islam, fait de vous un suspect dangereux, un islamiste en devenir ( ?), car en mettant sur le même pied d’égalité, l’occident et l’Orient ou plutôt le religieux ou le non-religieux, ces jugements de valeurs sont monnaies courantes ( dans les deux sens malheureusement ), cela traduit un retour à la moitié du 19ème siècle ( l’âge d’or du colonialisme ), où l’Européen, pétri de valeurs voulait « évangéliser » les sauvageons, imposer de force ou de gré sa culture supérieure. Ne pensons pas que nous sommes si loin de cette idéologie, la seule différence se trouve au niveau de la rhétorique et de la communication… ( propagande de la « bonne » communication )
Malgré cette diversité impressionnante, la grande majorité des musulmans sont contre l’interdiction du port du voile, car elle bafouerait l’esprit et la lettre de notre constitution, d’autant plus que cette mesure crisperait encore davantage la communauté musulmane, déjà fortement discriminée au niveau de l’emploi ou de l’enseignement, pour ne parler que de ces deux dossiers.
Enfin, dès les premiers jours du mois de septembre, nous avons constaté des rassemblements organisées par la Ligue Arabe Européenne, jugé comme une association subversive et provocatrice, cela ne risque guère d’aplanir la situation, quant au PCP, il ne va bien évidemment pas rester les bras croisés puisque déjà des manifestations, des rassemblements vont marquer cette rentrée scolaire.
Ces crispations, nos politiques auraient pu les éviter avec un peu plus d’intelligence et de discernement, à moins que ce ne soit réellement le désir d’une frange de politiciens zélés, de lancer une nouvelle « croisade » envers les musulmanes et par la même occasion de stigmatiser toute une communauté religieuse, cette attitude est gravissime de la part d’un gouvernement en attente qui ne prend apparemment pas conscience du danger de l’exclusion d’étudiantes belges musulmanes.
Le gouvernement belge ainsi que les politiciens d’origines maghrébine toujours prompt à vendre leur marchandise du bazar avant les élections aux musulmans belge ( les positions les plus rigides viennent souvent des élus belge d’origine «maghrébine », la plupart athées et ayant souvent un mépris royal des musulmans pratiquants… il faut dire que tenir un discours autre au sein d’un parti belge est quasi impossible ou cela signifierait votre « mort » politique… ) doivent absolument prendre des mesures allant dans le sens de l’apaisement, de la retenue et de l’intégration immédiate de ces étudiantes renvoyées. Rejeter la responsabilité sur les directeurs des établissements scolaires est lâche et irresponsable de la part du gouvernement de la communauté française, quant aux responsables scolaires ils doivent clairement nous annoncer la couleur. La laïcité n’est-elle pas protectrice des spiritualités et croyances ( athée ou pas ) ? Ou alors n’est-ce que poudre aux yeux ? aujourd’hui alors qu’on continue de nous resservir jusqu’à satiété le plat de l’ intégration, sujet désuet et dépassé, puisque ces populations sont nées ici et que la Belgique est leur pays, on tente de manière sectaire, par une idéologie ( religieuse ? ) dominante du 21ème siècle qui ne donne pas son nom, l’athéisme intégriste, de violer le sens profond de la laïcité, de bafouer les droits d’une population belge en invoquant à tout bout de champ, le danger de l’intégrisme islamique. Cette démocratie à géométrie variable doit cesser, car ces attitudes ambiguës, floues et parfois teintées de xénophobie sont nuisibles pour notre état de droit et les déclarations Universelles des Droits de l’Homme. Aujourd’hui ceux qui violent et bafouent la loi ne sont peut-être pas ceux qu’on croit, mais sont peut-être ceux qui donnent des leçons de civisme et de démocratie. Etre démocrate et respectueux du droit est une chose, l’appliquer pour tous les citoyens en est une autre.
Il faudrait que les organisations des droits de l’Homme, les citoyens de toutes confessions confondues de ce pays commencent à œuvrer ensemble pour rappeler non seulement que les musulmans sont des citoyens européens à part entière, que la pratique religieuse n’est pas un délit, mais qu’il est impératif alors que la scène internationale est toujours aussi critique, de pouvoir construire le pari, le challenge d’une société véritablement interculturelle, où le droit, la justice et la laïcité seraient indissociables de notre démocratie et non plus, les otages d’une frange minoritaire de décideurs politique zèlés.
Mouedden Mohsin,
Acteur dans le monde associatif
Formateur à la citoyenneté,
Pas d'accord by Pascale Monday September 08, 2003 at 02:52 PM |
Je réponds en tant que femme et en tant qu'athée. Je n'ai malheureusement pas le temps d'écrire un texte cohérent, c'est pour cela que je joins un article auquel j'adhère.
Je reviens quand même sur 3 éléments de votre article : 1) vous dites que si on refuse le droit de porter le foulard à l'école, les filles seront poussées vers le repli identitaire. Il me semble moi, que ces jeunes filles portent le foulard justement par repli identitaire et dans une moindre mesure par respect de leur religion et on sait où mène le communautarisme...
2) Vos termes "chacun s'habille comme il le désire, avec le souci de ne pas provoquer la sensibilité d'autres étudiant(e)s", et bien justement, si j'étais étudiante, le port du foulard à l'école me dérangerait, il me rappellerait les luttes que les femmes occidentales ont menées pour l'égalité et bien d'autres choses encore et pour la lutte que les femmes du sud continuent à mener. C'est une insulte à toutes ces femmes.
3)Par contre, vos termes "athéisme intégriste" me font davantage rire, parce qu'après tout, qu'est ce qui peut être intégriste à part tous ceux qui adhèrent à une religion ?? Les athées ne partiront jamais en croisade pour un dieu, ils ne portent pas d'insignes, ils ne réduisent pas la femme dans un rôle subordonné dans la société et la famille.
Confluences Méditerranée N°16 Hiver 1995-96
Le foulard islamique à l'école
Essai d'approche féministe et laïque
Régine Dhoquois-Cohen
Les travaux préparatoires de la conférence des Nations Unies sur les femmes à Pékin, le déroulement de celle-ci ainsi que les discussions au sein du forum des ONG, ont permis de mesurer l'ampleur des problèmes à résoudre pour parvenir à une égalité de droit et de fait entre hommes et femmes dans le monde, et ce, malgré les incontestables progrès accomplis dans certains pays depuis une trentaine d'années. L'opposition, parfois violente, de certains Etats catholiques et islamistes à la reconnaissance de l'égalité hommes/femmes et de droits sexuels pour les femmes a montré, s'il en était besoin, que les obstacles se situaient à l’interface du politique et du culturel.
Revenir sur le port du foulard islamique à l'école laïque permet, au travers du symbole qu'il représente, d'aborder concrètement l'un des aspects essentiels de la confrontation Islam/Occident: la centralité de l'exclusion ou de la réclusion des femmes, chez les partisans d'un islamisme radical, contraire à une vision du monde fondée sur l'égalité entre hommes et femmes et sur une authentique mixité. L'égalité suppose la mixité, c'est-à-dire, la possibilité de participer aux mêmes activités, sans entraves particulières. La non mixité engendrée par le port d'un signe distinctif, quel qu'il soit, est le fondement d'une forme d'apartheid.
Le voile n'est certes qu'un objet, qu'un chiffon disent certains, montrant ainsi leur agacement face à un débat qui à leur yeux n'a pas lieu d'être. Mais il n'est pas un vêtement comme un autre. Il stigmatise le corps de la femme en le cachant. Ce corps devient pour ceux qui le regardent, mais aussi pour la femme masquée, un objet qui n'existe plus que pour attiser la convoitise de l'homme.
Dans cette conception des rapports hommes/femmes, le désir féminin est nié dans son éventuelle multiplicité et le désir masculin se voit réduit à l'état de besoin irrépressible, négatif et bestial.
Le danger de "l'exposition" du corps des femmes, pour la solidité de la famille patriarcale, revient sous d'autres formes dans les discours et les pratiques des fondamentalistes des trois grandes religions monothéistes. La fonction reproductrice des femmes doit être surveillée par les hommes, afin qu'ils puissent être rassurés sur leur paternité.
Le foulard islamique veut nier la liberté de la femme en tant que sujet dans les jeux de séduction, (même si heureusement il n'y parvient pas totalement), qui font partie d'un processus de libération sexuelle, commencé dans certains pays dans les années 60.
Bien sûr, cette libre disposition de son corps implique que l'on puisse vouloir le cacher volontairement. Si cette volonté est exempte de tout vice du consentement au sens général du terme (et la pression identitaire pourrait alors s'apparenter à l'un de ces vices), on ne peut que l'accepter, dans la mesure où ce vêtement ne remet pas en cause de manière ostentatoire la mixité sociale, et la première de toutes qui est la condition de l’autre, la mixité scolaire, sous la forme notamment de la participation à certaines activités et par exemple aux cours de gymnastique et de biologie.
Mais ce respect de la liberté d'autrui qui caractérise le système démocratique — même imparfait — n'implique pas que l'on doive renier les combats menés pour une véritable libération des femmes, qui passe entre autres par la libération de leur sexualité et donc par le contrôle de leur fécondité et la liberté de l'avortement. Ces conquêtes qui ne sont effectives que pour une minorité de femmes et dont on sait qu'elles sont actuellement remises en question un peu partout dans le monde, font partie des conditions nécessaires sinon suffisantes qui pourront conduire un jour à la fin de la division sexuelle du travail, au partage égal du travail domestique, à la non appropriation de la femme… Que cette transformation des mœurs pose des problèmes en termes de transition dans les rapports entre hommes et femmes ne fait qu'insister sur l'importance structurelle de ces changements, mais ne peut, en aucun cas, les remettre en cause.
Cette approche qui se revendique à bon droit du féminisme, peut se trouver en contradiction avec d'autres théories qui se disent elles aussi féministes et qui sévissent notamment aux Etats-Unis. Pour certaines théoriciennes féministes, tout homme étant un violeur potentiel, les femmes doivent éviter de le provoquer, par des tenues trop dénudées, et dénoncer la moindre tentative de séduction. On observe une curieuse ressemblance entre cette vision des rapports hommes/femmes (politiquement correcte?) et celle développée par Madame Mostafavi, professeur de philosophie à l'Université de Téhéran et présidente de l'Association féminine de la République Islamique: "Le voile est notre limite. Si vous le portez, vous n'aurez que 1% de chances de séduire ou d'être séduite… Cacher son corps évite à l'homme de faire ressortir sa nature négative"(1). L'autre, l'Homme, devient l'ennemi potentiel, le violeur potentiel. Les dégâts commis par le refus de la différence ne sont plus à démontrer.
Maurice Agulhon, professeur au Collège de France et historien de l'idée républicaine, affirme dans un article paru dans l'Histoire (N°185-Février 1995): "La question n'est pas celle de la discipline scolaire et de ses retombées psychologiques, elle est celle d'un choix idéologique de fond qu'on aurait bien tort d'éluder: le foulard islamique est-il un signe du Mal? Si l'on répond oui, on approuve la règle d'exclusion; si l'on répond non, on la conteste. Je plaide seulement ici pour que l'on porte le débat à ce niveau, et qu'on le mène franchement."
En évoquant le Mal, il va sans doute trop loin, car la notion de Mal opposée à celle de Bien de façon manichéenne ne peut pas être une question objective ou scientifique… Par contre, ce que l'on doit évoquer, ce sont les valeurs démocratiques que nous souhaitons défendre dans ce pays. Si nous estimons que le foulard islamique constitue une négation de ces valeurs, alors il nous faut le condamner sans appel.
Mais après cette condamnation, le problème de l'exclusion n'est pas pour autant résolu. En effet la difficulté dans cette affaire est qu'il s'agit pour les jeunes filles concernées d'une double peine: le voile et ce qu'il implique, auquel vient s'ajouter l'exclusion de l'école. Il m'apparaît donc que la seule possibilité — qui est loin d'être satisfaisante — est d'avoir une position de principe très ferme de condamnation du foulard islamique et une tactique pragmatique d'opposition à l'exclusion des jeunes filles qui acceptent de suivre les cours. Ici comme ailleurs, il ne peut pas y avoir de position pure et dure.
J'insiste sur le fait qu'il s'agit là d'une position pragmatique. Le fait que beaucoup de ces jeunes filles portent le voile islamique soit comme une réponse au racisme ambiant, soit comme une recherche d'identité perdue, ou encore comme un signe de révolte adolescente contre des parents dont elles estiment qu'ils ont fait fi de leur dignité et de leur culture(2) ne peut en rien "purger" le foulard des symboles d'aliénation de la femme qu'il représente. Laicïté et mixité sont pour moi étroitement liées. Et c'est au nom de ces valeurs conquises de haute lutte et toujours remises en question que l'on doit éviter cette double peine qui pèse sur ces jeunes filles, en dialoguant avec elles, en faisant preuve de compréhension, en traitant les problèmes au cas par cas, comme le recommandent et le Conseil d'Etat et la circulaire Jospin.
Cette approche implique que tout discours, communiqué ou article se réclamant des droits de l'être humain, tienne les deux bouts de la contradiction. Or, et c'est le deuxième point que je voudrais soulever, on assiste depuis quelques mois à une dérive du discours "labellisé" de gauche à propos du foulard islamique. On nous parle du danger du racisme, de la politique menée contre les immigrés, de la spécificité du racisme contre les Français ou les étrangers d'origine arabo-musulmane, de l'obsession sécuritaire à la suite de la montée du terrorisme. Par contre, à propos des droits des femmes, de leur liberté, on n'entend qu'un murmure presque culpabilisé.
Ce discours que l'on retrouve à d'autres occasions, m'inquiète pour plusieurs raisons. Il risque la démagogie, en niant le danger intégriste. Nous savons tous que la majorité des immigrés ou des Français d'origine arabo-musulmane n'adhèrent pas à un quelconque intégrisme; mais, qui peut affirmer que les minorités intégristes actives ne constituent pas un danger pour la sécurité des personnes, concept qui fait partie des droits fondamentaux de la personne humaine? Dans ce contexte, toute condamnation sans nuances d'une politique sécuritaire, ne peut que radicaliser vers la droite nombre de gens qui refusent cet irénisme.
Il rappelle un discours tiers-mondiste, qui oublie les oppressions à l'intérieur des pays du Sud, pour ne favoriser que l'oppression subie par le Sud du fait des pays du Nord. Cette absurde unilatéralité fait d'une part peu de cas de la réalité, ce qui est grave en soi, mais implique d'autre part une sorte de condamnation implicite des "fausses" démocraties du Nord, qui ne seraient fondées que sur des valeurs hypocrites. Une telle approche oublie que l'impérialisme n'est pas un monopole du Nord. Quid de l'impérialisme japonais, chinois, indien, brésilien etc? On frémit en lisant les propos suivants de Hassan el-Tourabi, secrétaire général de la Conférence populaire islamique: "L'Occident utilise l'économie, la science et la puissance militaire pour sauvegarder ses acquis. Mais les exemples du Japon, de la Chine et des dragons asiatiques montrent qu'existent des modèles économiques et culturels valables en dehors de l'Occident"(3). Est-ce ainsi que nous sortirons du marasme idéologique dans lequel nous sommes tous? Dans le même sens, ce discours occulte le fait qu'une véritable démocratie ne peut pas exister tant qu'il y a appropriation privée des moyens de production et qu'en la matière, nous sommes tous en panne d'idéologie de rechange. En matière de démocratie, il n'existe pas d'absolu, mais une tension vers quelque chose qui y ressemble et qui est, sans conteste, plus positive qu'une absence complète de démocratie, même si le pays totalitaire se situe géographiquement au Sud!
Il s'appuie sur la necessité d'un certain communautarisme pour résister au rejet. Or, ce repli communautaire, dont on voit les conséquences dramatiques un peu partout dans le monde, ne peut en aucun cas être un modèle. L'intégration de millions d'immigrés en France, s'est faite depuis plus d'un siècle par l'adhésion à certaines valeurs républicaines, qu'aucun défenseur des droits de l'homme ne peut refuser, sauf à contester l’universalisme des Droits de l’Homme, ce qui est un autre débat.
Enfin, ce discours distingue des fronts principaux, la lutte contre le racisme et la xénophobie, l'accès égal à l'éducation pour tous et toutes — qui sont bien sûr des éléments fondamentaux — et un front secondaire (des "coutumes" — et là on voit pointer le relativisme culturel — nous dit Hassan el-Tourabi dans l' interwiev précitée) dont fait partie la lutte pour l'égalité entre hommes et femmes. On peut légitimement craindre en la matière un retour en arrière pour les femmes. Or la liberté des femmes n'est pas la limite mais la condition de la liberté humaine.
Régine Dhoquois-Cohen
Notes :
1. Le Journal du dimanche, 18 juin 1995.
2. Farhad Khosrokhavar et Françoise Gaspard, Le foulard et la République, La Découverte, 1995.
3. Croissance, mai 1995.
point de vue... by Mohsin Tuesday September 09, 2003 at 12:08 PM |
Mohsin_Mouedden2002@yahoo.fr |
Madame,
J'ai bien votre critique par rapport à mon texte, meme si je n'approuve pas le fond, je suis néanmoins satisfait de pouvoir lancer un débat virtuel sur le sujet.
La revendication du port du voile n'est pas un retour aux traditions archaiques ou une main mise de certains hommes sur la femme pour l'asservir, cette volonté du port du voile est d'abord individuelle, elle fait référence à la foi et spiritualité musulmane, ne pas en ^etre d'accord avec cette pratique est une chose, mais finir par simplifier la chose serait une erreur.
Maintenant si nous constatons une main mise de l'homme sur la femme, ou plus grave dans la foi musulmane, une obligation faite à la femme de le porter contre sa volontée, vous me trouverez à vos cotés pour dénoncer cette discrimination.
Chaque élève est libre de porter ou non le voile, la liberté religieuse ( cependant sans prosylétisme ) est garantie par notre constitution et si elle ne l'était pas, il faudrait mener une lutte dans ce sens. Porter le voile ne vas pas contre l 'émancipation de la femme, il suffit pour cela d'en parler non seulement aux femmes désireuses de porter le voile, d'analyser le nouveau féminisme islamique dans le monde ( revendication des droits, lutte contre la pauvreté en se basant sur le coran et l'islam ) mais aussi de lire les lectures des différents spécialistes musulmans à ce sujet ( pas les orientalistes qui n'ont qu'une vision édulcorée voir passéiste de la chose )
Vous estimez que le port du voile vous dérange, c'est votre choix, mais que voulez vous une société uniformisée.. pas de voile pour la musulmane, pas de barbe pour le Sikh, par de crete pour le punk, pas de boucle d'oreille pour les hommes ? vous voulez une société uniformisé basée sur un juste milieu ? mais qu'est ce que le juste milieu ? à moins de souhaiter une société stalinienne, où chaque individu serait privé de sa liberté de penser ( voir Florent Pagny ), je ne pense pas que vous désirez ce système de pensée.
Enfin l'intégrisme n'est pas propre aux religions, j'espére, il existe actuellement une frange minoritaire d'athée intégriste comme des religieux intégristes, l'athéisme n'est pas une religion dans le sens propre du terme, mais l'athéisme est une croyance faisant parfois référence au paganisme ( franc maçonnerie, etc.. ) si elle ne l'était pas, nous ne serions pas en train de nous écrire... ( bien évidemment c'est d'abord une idéologie, mais l'idéologie n'est elle pas une croyance )
Pour votre gouverne, Hitler et Staline ne sont pas des religieux au sens propre du terme, mais ils sont à l'origine de plus de 10.000.000 de morts dans le monde, d'une société uniformisé ou seul leur idéologie pouvait régner ? ne parlons meme pas des guerres du colonialisme ( strictement économique et non religeuse meme si teintée d'évangélisation ) cela n'excuse pas les guerres de religions, bien évidemment, mais vous savez le monde est beaucoup plus complexe, devant le butin, les richesses, les dignaites religieux ou les dirigeants athées ont parfois et souvent la meme posture...
bien à vous
Mohsnin
pour le voile by antoine Tuesday September 09, 2003 at 01:00 PM |
antoine_vietnam@hotmail.com |
J'adopte en grande partie l'article de M.Mohsin parce qu'il remet le port du foulard dans son contexte social.
Je suis athée et communiste convaincu. Je soutiens les filles qui se battent pour le voile parce que, contrairement à leurs parents qui, souvent, ne maîtrisaient pas la langue française et ont subi d'innonmbrables discriminations, elles affirme pleinement leur identité et sont prêtes à se battre. C'est le contraire même du repli sur soit !
Au Vietnam, pays communiste (stalinien, comme dirait M. Mohsin), les minorités ethniques ont le droit de vivre leur religion, leur culture comme ils l'entendent. Il existe même des écoles en langue des minorités. Jamais dans l'histoire du Vietnam, il y a eu autant de prêtres et de bonze, etc. Dans de nombreuses villes, il existes des mosquées. A quand des écoles en langues arabes ?
L'aspect néo-colonial de la culture occidental que montre très bien M. Mohsin est essentiel. Je ne pense pas que ce soit l'athéisme qui poussent les gens à adopter un mépris pour la communuté musulmane. C'est bien le néo-colonialisme qui a pour chef de file M. Bush, dans sa croisade contre les "terroristes barbus". D'ailleurs, il existe en Belgique très peu d'athéistes convaincus (des études le montre pour la France). Par contre le fascisme, inspiré des idées du colonialisme, de "culture supérieure", font leur chemin. Lutter au côté de ses femmes, c'est lutter pour l'ouverture, à leur côter, pour les droits de tous, directement en opposition aux valeurs néocoloniales.
l'histoire qui se répète... by - Tuesday September 09, 2003 at 05:52 PM |
"Je soutiens les filles qui se battent pour le voile".
hmm...on l'a bien vu en France - où ce débat n'a pas la fraîcheur qu'il a en Belgique : un grand nombre de mouvements luttant contre les cheveux sont dirigés par des hommes.
des filles qui luttent pour le patriarcat, c'est un peu comme les zulus luttant pour l'apartheid.
certains s'efforceront à y croire, comme certains ont cru aux mouvements des prostituées des années 1970...
foutez leur la paix by chapopointu Tuesday September 09, 2003 at 07:25 PM |
Rien ne m'énerve autant que tout ce remue-ménage autour du port du voile sous le prétexte de la défense de la laïcité ou des droits des femmes. En fait il s'agit bien plutôt de la stigmatisation d'une culture différente.
Lorsque que chez nous on a établi la séparation de l'église et de l'état il s'agissait d'empêcher l'ingérence de la religion dans les décisions de l'état. Ce qui n'est pas le cas de l'immigration maghrébine.
Vous me direz que c'est le cas à l'intérieur de la communauté musulmane en Europe. Et moi je vous ferai remarquer que pour réussir une intégration efficace de cette immigration l'interdiction du port du voile est la plus mauvaise solution. Pour donner aux jeunes filles musulmanes le choix de leur vie le plus important est de leur ouvrir les portes des écoles laïques, de leur permettre de sortir du ghetto et des éventuelles coercitions familiales, de lier des amitiés avec des camarades de nos pays respectueueux(euses) de leur culture.
On n'obtient rien sans patience et respect de l'autre. Et ce défi vaut bien une tolérance par rapport à des règles qui ont été établies dans un tout autre contexte.