arch/ive/ief (2000 - 2005)

NON A CLEAR CHANNEL ET A SA CHAPE DE PLOMB !
by Rockomotive Wednesday September 03, 2003 at 12:26 PM

Rockomotive (a non commercial association organising concerts at "l'Escalier'" and "the Soundstation" in Liège/Luik) stops officially its "collaboration" with Rock Werchter (the quasi monopolistic booking agency in Belgium), and with the whole Clear Channel entertainment group. Ethically, it's a tough position, but it's also looking like a financial suicide... except if the audience decides to go on supporting them by attending the concerts they organise. Let's think of it...

Depuis quelques mois, nous nous interrogeons sur la pertinence de notre «
collaboration » avec la société CLEAR CHANNEL ENTERTAINMENT, multinationale
américaine, qui, par sa reprise de SAARMAN S.A (Rock Werchter), MAKE IT
HAPPEN S.A, MINERVA S.A, ON THE ROX S.A et SOUND&VISION sprl, s'est assurée
d'un quasi-monopole en matière d'organisation de concerts en Belgique.
Outre des pratiques douteuses outre-atlantique sur lesquelles nous
reviendrons plus longuement, c'est la détérioration des relations que nous
entretenions depuis dix ans avec les structures sus-citées qui pousse à la
réflexion.

Actifs depuis 1992 au sein de l'asbl ROCKOMOTIVE qui programme les
événements culturels dans deux « petits lieux » de diffusion connus sous le
nom de « l'ESCALIER » et « SOUNDSTATION », nous n'avons pu que constater un
changement progressif de ton et d'attitude dans le chef des décideurs et
employés de ces différentes agences. Celui-ci a conduit principalement à la
raréfaction des propositions de concerts un tant soit peu « porteurs » et à
la multiplication d'injonctions et d'obligations unilatérales mettant à
maintes reprises l'organisateur dans une position délicate, voire précaire.

Dans notre cas particulier, c'est avec la société ROCK WERCHTER que cette
évolution fut la plus relevante. D'autant plus que celle-ci a, elle-même,
absorbé de plus petites structures (ou engagé le principal actionnaire de
celles-ci : The Foundation, par exemple). Elle s'assurait ainsi une
position déjà dominante et imposait une manière unique de travailler.
Celle-ci, dictée par le principe omniscient « le bon artiste, au bon
moment, à la bonne place » d'Herman Schueremans* , la tête pensante de ROCK
WERCHTER, allait conduire à la désertion des petits lieux de diffusion pour
des artistes ignorant souvent cet état de fait ou se voyant contraints
d'ignorer un aspect important de leur développement. Plus grave, si ces
règles venaient à être contournées d'une manière ou d'une autre
(généralement par un contact plus direct avec l'artiste-même ou son
entourage proche), une menace de boycott, arme redoutable dans le domaine,
ramenait les brebis égareés au bercail (voir notamment l'édito du Bear
Rock-zine de mai 2003, « Les fossoyeurs de la culture », relatif au duo
électronique français M83 et aux menaces dont ils firent l'objet pour
annuler leur participation à Andenne au profit d'une exclusivité
Pukkelpop). Nous passerons rapidement sur la condescendance croissante de
ces décideurs du Nord du pays à l'égard des acteurs wallons ; celle-ci
prenant cependant des proportions à tel point préjudiciables qu'une
solution alternative est maintenant indispensable. Nous ne ferons également
qu'évoquer la complaisance journalistique qui a enrichi ce terreau dans
lequel la société CLEAR CHANNEL est venue planter ses premiers jalons
impérialistes. Dès lors, si l'attitude de Monsieur Schueremans justifiait
déjà à elle seule une remise en question du travail que nous effectuions
dans ce contexte, des informations concernant CLEAR CHANNEL, la société
dont il est devenu le parfait vecteur depuis plus d'un an, rendent
impossible une quelconque continuation.

Pour bien comprendre ce qui suit, il faut savoir que CLEAR CHANNEL détient
aux Etats-Unis plus de 1200 stations de radio, qu'à sa direction l'on
retrouve des proches de Georges W. Bush, et que les récents événements en
Irak ont conduit cette société, au-delà d'une prise de position dont il
n'est pas ici fait le procès, à mener une campagne forcenée en faveur de la
guerre en utilisant des moyens inacceptables. Il est tout d'abord question
de boycott (une fois encore) des artistes s'élevant contre l'aggression en
Irak, mais aussi de « mises en scène » relatives aux manifestations
pro-guerre et de la falsification par les médias (en l'occurrence CLEAR
CHANNEL) de la vérité. Ces manoeuvres décrites par Paul Krugman dans le New
York Times du 25 mars 2003 (voir aussi la traduction de Myriam Tonelotto à
l'adresse internet suivante :
http://forums.transnationale.org/print.php?t=1939) sont inquiétantes quand
on sait que CLEAR CHANNEL exerce aussi un quasi-monopole publicitaire dans
les gares SNCB en Belgique et les stations STIB à Bruxelles (voir avec le
recul nécessaire : http://www.clearchannelsucks.org). Cette volonté
d'imposer une pensée unique est aussi montrée du doigt sur le site d'ATTAC
Wallonie-Bruxelles (http://wb.attac.be/article77.html#2, Grain n°423 du
mardi 13 mai 2003, « Un vent d'effroi souffle sur cette nation » par Tim
Robbins) et du journal The Guardian
(http://www.guardian.co.uk/international/story/0,3604,922012,00.html, «
Bush Baker sponsoring pro-war rallies » d'Olivier Burkeman, 26 mars 2003).

Ainsi donc, nous ne souhaitons plus travailler avec CLEAR CHANNEL et ses
représentants en Belgique. Parmi ces derniers, il en est certainement qui
regrettent déjà cette absorption par une structure dont ils ne partagent
pas la façon de penser ni de procéder et nous nous réjouissons d'ores et
déjà de les retrouver lorsqu'ils seront libérés de leurs nouvelles
obligations. Nous ne sommes pas dupes, non plus. En ce domaine, l'espace
européen signifie peu et les agences étrangères non encore labelisées CLEAR
CHANNEL ont pour habitude de renvoyer les demandes leur adressées au
pourvoyeur de Kontich. Ajoutée à cela la peur du boycott chez les artistes,
les choses sont claires : nous allons, à travers ces lignes, scier la
branche sur laquelle nous sommes assis depuis dix ans. Mais quand l'arbre
tout entier cache une forêt peuplée de rapaces qui ont entrepris de réduire
le biotope à leur strict nécessaire, la désolidarisation semble l'unique
issue.

Pour l'asbl Rockomotive,
Fabrice Lamproye

http://www.soundstation.be

* l'interview d'Herman Schueremans parue dans Le Soir du jeudi 10 avril
2003 traduit assez bien l'état d'esprit de celui-ci.

** Afin de compléter votre information, voici un dossier très interessant
qui met en lumière le fonctionnement "particulier" de la société CLEAR
CHANNEL : "Pourquoi faut-il stopper Clear Channel" publié fin juin 2003 sur
le site: http://www.antipub.be

et alors ?
by ipomea Sunday September 07, 2003 at 02:54 AM

de qui vous moquez vous ? N'avez vous pas fonctionner main dans la main avec ses yankees et autre chanteurs"pop" jusqu'à présent ? Votre fond de commerce est passé entre leur mains ,et alors? Entre les leurs ou les vôtres quelle différence ? N'est ce pas la loi du marché ?

Un peu de mesure...
by Seb Tuesday September 16, 2003 at 04:58 PM

Il est certain que l'attitude de la SOUNDSTATION n'est pas celle d'un pôle anti-commercial, MAIS je pense qu'il est important de souligner malgré tout que depuis toujours l'ASBL rockomotive a su proposer des concert d'une immense qualité à petit prix, dans des styles variés et une atmosphère détendue. Il ne faut pas leur enlever ca...
Ensuite, et d'où que vienne l'appel, le cri d'alarme, ce genre de situation de rachat globalisant est particulièrement effrayant... N'oublions pas l'horrible poids kapitaliste et américain que représente clear channel. Dans un monde que l'on peut qualifier de culturel, un tel Godzilla représente le début de la fin de la liberté d'expression, d'une certaine manière. Les pratiques de cette multinationale, exercent également une pression sur les artistes, en les forcants à des contrats d'exclusivité...
Il est important de rester attentif aux mouvements de ce type de boite : possédant tous les outils de communication nécessaires, elles peuvent devenir l'outil de propagandes sournoises.