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[OMC Cancún] L'accord agricole de l'OMC
by lize Sunday August 31, 2003 at 07:26 PM
lize@indymedia.org [adapté du néerlandais par duende]

Du 10 au 14 septembre se tient à Cancún, au Mexique, la cinquième conférence ministérielle de l'Organisation mondiale du commerce (OMC). Quel est le contenu de l'accord sur la libéralisation du commerce des produits agricoles?

L'accord sur la libéralisation du marché agricole mondial est le dossier le plus brûlant et le plus hypocrite de l'OMC. Même si l'OMC prétend que la libéralisation du commerce des produits agricoles sortira les pays pauvres de l'ornière, dans la pratique, c'est le contraire qui se passe. Avec l'ouverture de leur marché, les pays pauvres qui ont une agriculture basée sur les petites exploitations sont confrontés à un dumping massif de produits agro-industriels en provenance des pays riches. Les paysans des pays en développement ne peuvent pas résister à cette concurrence et s'appauvrissent.

Les pays riches trichent au jeu du libre échange, qu'ils tiennent en si haute estime. Quand ça les arrange, ils mettent la pression sur les pays pauvres pour que ceux-ci acceptent des exceptions qui sont utiles uniquement aux pays riches. Alors que les pays pauvres sont obligés de lever les barrières douanières qui protègent leur marché, les pays riches se réservent le droit de protéger leur production agricole. Ils le font d'une manière indirecte, en subventionnant les agriculteurs pour que ceux-ci puissent vendre leurs produits à un prix inférieur au prix de revient.

Les subventions protègent les producteurs des pays riches d'éventuelles importations meilleur marché en provenance des pays pauvres. À cause de ces subventions, la production agro-industrielle des pays riches est souvent tellement énorme que les excédents agricoles sont vendus sur les marchés d'exportation à un prix dérisoire. Conséquence: les prix mondiaux chutent et les paysans des pays pauvres sont les dindons de la farce. C'est ce qui arrive avec le lait, le riz, le sucre, la viande de boeuf, la viande de porc, le blé et le coton des États-Unis et de l'Union européenne. L'industrie alimentaire brésilienne, par exemple, achète de la poudre de lait européenne bon marché. Les petits producteurs de lait brésiliens ne peuvent plus vendre leur lait à l'industrie locale et ils n'arrivent plus à s'en sortir.

Les pays en développement veulent que les négociations de l'OMC corrigent cette situation déloyale, mais les pays riches ne sont pas disposés à faire beaucoup de concessions. À Doha, il avait été convenu de réduire de 13 à 36% en dix ans maximum les subventions (à l'exportation) qui perturbent le commerce mais, deux ans plus tard, presque rien n'a changé. L'Union européenne répète à qui veut l'entendre qu'elle a réformé sa politique agricole, mais cette réforme n'est rien d'autre qu'une réorientation des subventions à la production vers des aides aux revenus, et les agriculteurs européens peuvent donc continuer leur dumping en vendant leurs produits à un prix inférieur au prix de revient.

Plus d'infos:

Maïs mexicain sans OGM

Photo:
©Greenpeace/Tomas Bravo
Source:
www.greenpeace.org

Vía Campesina est le plus grand mouvement paysan international, composé d'organisations paysannes de petits et moyens agriculteurs, de travailleurs agricoles, de femmes et de communautés indigènes d'Asie, d'Afrique, d'Amérique et d'Europe. À Cancún, Vía Campesina appelle les gouvernements à refuser les propositions et les concepts de l'OMC et à défendre le principe de la souveraineté alimentaire. Vía Campesina à Cancún

La Confédération paysanne, membre de Vía Campesina, est l'association de José Bové, figure emblématique de la lutte contre la malbouffe, les OGM (organismes génétiquement modifiés) et l'agriculture productiviste. Après le rassemblement du Larzac, le syndicat agricole français appelle à rester mobilisés contre la dérégulation du commerce et pour la solidarité. Appel à la mobilisation (pdf); Dossier OMC

La Coordination rurale, un autre syndicat agricole français, propose une étude L'exception agriculturelle à l'OMC (ex-GATT) qui cherche à montrer que, en raison de ses spécificités, le secteur de l'agriculture est absolument incompatible avec le libre-échange mondial et doit faire l'objet d'une politique particulière.

La Coordination paysanne européenne, qui représente 18 organisations paysannes et rurales de 11 pays européens, dénonce la libéralisation du commerce agricole, source d'importants dégâts dans le monde entier (faim, chômage, inégalités, pauvreté, dégradation des ressources naturelles). Dans sa rubrique OMC, elle insiste sur la nécessité d'un commerce international solidaire et sur le respect des droits fondamentaux partout dans le monde.

Solagral est une ONG française qui veut promouvoir la solidarité internationale en matière d'agriculture, d'environnement et de développement. Dans un dossier très bien documenté et actualisé l'OMC, elle regrette notamment la prééminence des mécanismes de marché et du libre-échange sur toute autre préoccupation.

Le Centre technique de coopération agricole et rurale ACP-UE (CTA) est un organisme qui cherche à promouvoir le développement agricole et rural dans les pays d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (ACP) en encourageant l'acquisition, l'échange et l'utilisation de l'information. Pour le CTA, la politique agricole de l'OMC est inadaptée aux contraintes des pays en développement et renforce les inégalités. Les enjeux agricoles pour les pays d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique.

Greenpeace dénonce le parti pris de l'OMC en faveur des multinationales américaines productrices d'OGM (organismes génétiquement modifiés). Le 21 juillet dernier, au quartier général de l'OMC, des militants de Greenpeace ont remplacé l'insigne de l'OMC (en anglais World Trade Organisation, WTO) par un nouveau World Transgenic Order (ordre transgénique mondial). L'organisation écologiste accuse également les États-Unis de se servir de l'OMC pour forcer les pays en développement à accepter les cultures et aliments transgéniques, et de mener une guerre contre la biosécurité et le Sud pour servir les intérêts de l'industrie des biotechnologies.