arch/ive/ief (2000 - 2005)

Grève de la faim indéfinie contre l'impunité au Chili
by posted Saturday August 30, 2003 at 11:51 AM

A Bruxelles, 3 Chiliens ont entamé une grève de la faim pour dénoncer à l'opinion publique internationale les graves dérapages qui s'y poursuivent en matière des droits de l'homme, ainsi que l'absence de justice dans un pays qui se dit en voie de démocratisation. La Constitution fasciste décidée en 1980 par Pinochet y est toujours en vigueur. Entre autres, elle énonce qu'un tiers des sénateurs sont designés par les militaires et prévoit des doubles peines (militaires et civiles). Voici le manifeste des grévistes de la faim, au Chili et en Belgique

À l'opinion publique :

Trente ans après le coup d’état militaire, la Droite, la "Concertation" (le gouvernement) et le haut commandement des Forces armées ont obtenu un accord politique historique qui prétend imposer l'impunité dans notre pays.

Aucun des points de la proposition présentée par le Gouvernement, et qu'applaudissent aujourd'hui les assassins, ne tend à avancer sur le chemin de la justice dans notre pays.

Pire encore et plus indigne, il offre des alternatives à ceux qui ont pris part aux crimes, et l’obtention d’une immunité complète en échange d'informations et de réductions des peines pour ceux qui sont déjà jugés pour leur participation à ces crimes.

Il nous semble que ceci est une farce de plus, comme l'a été la table de dialogue, dirigée contre les juges qui exercent, aujourd'hui, honnêtement leurs fonctions, les parents des enfants frappés par la dictature et la société dans son ensemble.

Au Chili, la grande majorité des responsables de meurtres, de tortures et de disparitions commis sous la Dictature, marchent libres dans les rues ou sont gracieusement « logés » dans les centres de détention de luxe que leur accordent les militaires.

Nous évaluons positivement l'action qu'exercent certains magistrats et quelques juges dans les causes des droits de l'homme, toutefois, nous considérons cela comme insuffisant, parce que l'action de la justice requiert un plus grand nombre de juges qui se consacre aux cas criminels et aux recherches des corps des disparus.

Nous pensons que le pays, en plus de désaprouver les actes sanguinaires, dont ont souffert beaucoup de chiliens, doit sanctionner socialement et judiciairement tous ceux qui ont pris part à ces crimes comme auteurs, ainsi que les complices qui les protègent.

C'est la seule chose qui permettra à nos fils et aux futures générations de vivre dans un Chili tranquille, où jamais plus ne se produiront, sous aucune autorité politique ou militaire, les offenses qui nous ont injustement frappés.

Nous sommes fatigués des mensonges, des promesses et des faux espoirs, et nous sommes conscients qu'il n’y aura pas de réparation possible. Rien, ni personne au Chili, ne nous restituera nos parents assassinés et disparus, ni les compatriotes perdus.

Nous nous déclarons en grève de la faim indéfinie pour que le pays et le monde sache qu’au Chili, les autorités politiques refusent d'assumer les infractions commises, les crimes contre l'humanité et que, par conséquent. Il n'y aura pas de prescription, ni d’amnistie qui violeraient tous les traités internationaux existants depuis la Seconde Guerre Mondiale.

Nous lançons un appel à toutes les personnes et à toutes les organisations sociales qui veulent voir dans le Chili, un pays juste et démocratique, à manifester publiquement leur appui et à se prononcer pour la justice.

Les familles des assassinés et des disparus, sont disposées à continuer le combat, nous ne renoncerons pas à cette grève de la faim, tant que nous ne verrons pas que le Chili avance sur le chemin de la Justice.

Cette grande tâche concerne toute le monde, aujourd'hui plus que jamais, le silence est un allié de l'impunité et de l’acceptation des violations élémentaires des droits de l’homme.

PUISQUE NOUS SOMMES VIVANTS …………………

NI PARDON NI OUBLI