arch/ive/ief (2000 - 2005)

Visite aux réfugiés kurdes d'Aywaille
by Jean-Marie. Friday August 29, 2003 at 01:17 PM

Nous partions avec l'intention de rencontrer des voisins du Centre ouvert de la Croix Rouge à Aywaille...

Imaginez, loin de tout, une route asphaltée qui se déroule avec à sa gauche un talus forestier, à sa droite l'Amblève et.. au détour d'un tournant, les proprets bâtiments du Centre ouvert d'Aywaille. C'est ainsi qu'est cachée aux habitants du coin la misère des demandeurs d'asile, des sans droits. Nous avons, tout de même, rapporté les coordonnées d'un voisin qui était là, sur le banc devant l'entrée, à discuter avec quelques réfugiés du Centre : "un réfugié d'Aywaille" comme nous l'a présenté un Africain au rire éclatant.

L'accueil de la directrice est des plus chaleureux : elle est réellement sensilble à toutes les souffrances de ce qu'elle appelle son "village" mais, neutralité de la Croix Rouge oblige, est tenue à un devoir de réserve. Pourtant, contrairement à ce qui fut dit auparavant, nulle volonté de couper les réfugiés hébergés là-bas du monde extérieur : des téléphones publics sont d'ailleurs disponibles qui leur permettent d'entrer en contact avec qui ils veulent. Simplement, le téléfax, qui laisse l'empreinte "Croix Rouge" leur est inaccessible : souci de neutralité encore.

Nous partions à la rencontre aussi et, dans l'urgence, surtout, des six grévistes de la faim Kurdes. Ils sont là, à même le sol carrelé, dans la petite antichambre de l'infirmerie qui continue à remplir son rôle de salle d'attente. L'un d'entre eux, menacé de broncho-pneumonie, est dans un état très préoccupant. Les autres ne sont guère plus solides. Fatigués par trente deux jours de jeune complet ­ ils acceptent, heureusement, de boire de l'eau sucrée et du thé ­ et d'une telle indifférence. Les mains que nous serrons sont flasques et sans force, les sourires absents. Pas un seul ne parle français ; heureusement, une délégation venue de Liège est venue avec une interprète.

Le but de notre visite est, tout simplement, de leur faire part de l'expérience de notre Assemblée des Voisins et, essentiellement, au recours peut-être possible au Médiateur fédéral. Sans leur donner de faux espoirs non plus. La négociation sera longue, très longue, eut égard au mois d'abstinence qu'ils se sont déjà imposé. La négociation, aussi, ne pourra être possible qu'en concordance avec la loi belge. La négociation sera parsemée d'embûches. Nous leur racontons que c'est sur le fil que l'accord entre les Afghans et le Ministre de l'Intérieur fut conclus. Peut-être, si le contact entre eux et le Ministre était établi via le Médiateur fédéral, pourraient-ils arrêter leur grève ? Le médiateur, nous leur assurons, leur permettra de les mettre à même hauteur de tête que le Ministre, en gardant à l'esprit que c'est, en dernier recours, le Ministre seul qui a le pouvoir de décision. Non, ils n'arrêteront pas leur grève sans résultat positif. Oui, ils acceptent, si c'est possible, de tenter la médiation via Monsieur Monette. Nous téléphonons à leur avocat qui promet de contacter immédiatement la Médiature fédérale.

Aujourd'hui, la procédure est sans doute lancée. Mais... L'état des dossiers permettra-t-il au Médiateur d'intervenir ? Les plus anciens demandeurs d'asile parmi eux ne sont en Belgique que depuis deux ans. Et, tous... ils sont passés par l'Allemagne : accord de Shengen "aidant", leur demande est censée être irrecevable en Belgique. Et, si le Médiateur entre en action, le Ministre acceptera-t-il cette fois son intervention.

Nous partons. Leurs mains faibles et décharnées souffrent une dernière fois dans les nôtres. Et ils demandent nos numéros de téléphone : garder le contact à tout prix avec cet univers si lâchement indifférent...

J'ai peur. J'ai très peur que cette fois la mort soit au bout.
Et, encore plus, je suis en colère...

Jean-Marie.


PS : Nos amis du CRAPCE cracpe@skynet.be de Liège organisent un grand rassemblement, ce samedi 30 août, devant le Centre ouvert d'Aywaille (voir mail envoyé ces dernières heures à la liste).
PS : Chaque visite personnelle (adresse) est un acte de solidarité qui ne peut réconforter nos six amis kurdes :


L' Amblève Sedoz, 6
4920 Remouchamps
tel: 04/384 02 53