Il n'est jamais trop tard pour se réveiller by Natasha Bervoets Tuesday August 19, 2003 at 11:04 PM |
Réveil arg, bus beurk, métro pfff, rue de la Loi... Depuis jeudi dernier, le bureau où je m'asseois ce matin n'existe plus pour moi. Mais qu'est-ce que je fais ici? Bientôt 4 ans que je me pose cette question, mais remarquez, déjà 30 que je me demande quel sens donner à ma vie.
Jeudi 14 août, le monde a commencé à changer. Regarder le coeur serré les Afghans sortir de l'église, tous debout sur le perron, la main levée, le sourire aux lèvres, les larmes mouillant leurs joues creuses... les histoires d'amour et de révolte ne finissent donc pas toujours mal. Ma vérité alors que je vous parle et pour tout le reste de ma vie, je le sais maintenant, c'est qu'elles ne finissent pas, les révoltés et les amoureux ont de longues journées et de longues nuits devant eux, et je ne désire rien tant que l'insomnie.
Le monde peut changer, église après église soit, perron après perron d'accord, ici ou ailleurs, pas à pas. Vos petits pas sont les véritables grands pas pour l'Humanité, bonheurs et désillusions mêlés, espoirs et souffrances entrecroisés, je sais, je m'y attends. Mais vous ne trouvez pas qu'une goutte d'eau dans l'océan c'est quand même une très jolie goutte d'eau?
En quelques semaines terriblement intenses nous avons vu surgir avec étonnement et ravissement autour des Afghans la générosité, la solidarité, la tendresse et la lutte inconditionnelles... Non pas comme notions abstraites classées "naïfs et autres rêveurs", mais comme sentiments on ne peut plus concrets puisqu'ils peuvent apparaître soudain, et nombreux, se rencontrer, décider de s'unir et créer une force capable, malgré tout ce que leur insuffle leurs frères cyniques et désabusés, de changer le monde. S'il faut rêver, rêvons très fort. Et si vous avez envie de me dire que ma naïveté vous abasourdit et que mon ambition vous stupéfie, surtout ne vous gênez pas, ça me fait plaisir.
Réveil ok, bus pourquoi pas, rue de la Loi jamais plus. Bientôt je serai enfin où je dois être, mes pieds bien ancrés dans la vie. Chronique personnelle de quelqu'un qui à 30 ans connaît la joie de savoir quel sens sa vie va avoir, remerciements à tous, et à tous courage encore et encore. Natasha.