arch/ive/ief (2000 - 2005)

Justice = Amour
by j.lakras Tuesday August 12, 2003 at 07:37 PM

Traiter tout le monde avec justice va amenet tout le monde à s'aimer


... Il faut dénoncer l'islamisme radical et le terrorisme. Mais en pratiquant un tel amalgame ? Et une simple question. Imaginons qu'un journaliste fasse un livre comparable à celui de Fallaci, qui traiterait les juifs comme elle traite les musulmans ? Nos bons auteurs seraient-ils d'accord pour ne faire que des critiques sur le style « un peu excessif » du livre ? Quittons le domaine de l'essai et penchons-nous brièvement sur quelques productions éditoriales récentes. Michel Houellebecq s'est un peu livré dans une interview au magazine Lire de septembre 2001. Question : « Pour l'islam, ce n'est plus du mépris que vous exprimez, mais de la haine ? » Réponse de l'auteur : « Oui, oui, on peut parler de haine. Et la religion la plus con, c'est quand même l'islam. Quand on lit le Coran, on est effondré... effondré ! La Bible, au moins, c'est très beau, parce que les juifs ont un sacré talent littéraire... » Question : « Votre personnage principal en arrive à prononcer cette phrase : "Chaque fois que j'apprenais qu'un terroriste palestinien, ou un enfant palestinien ou une femme enceinte palestinienne, avait été abattu par balles dans la bande de Gaza, j'éprouvais un tressaille- ment d'enthousiasme..." » Réponse : « La vengeance est un sentiment que je n'ai jamais eu l'occasion d'éprouver. Mais, dans la situation où il se trouve, il est normal que Michel ait envie qu'on tue le plus de musulmans possible. ..Oui... oui, ça existe, la vengeance. L'islam est une religion dangereuse, et ce depuis son apparition. Heureusement, il est condamné. »

Pierre Assouline, dans le numéro suivant du magazine Lire, affirme que Houellebecq aurait eu plusieurs occasions de démentir les propos qui lui sont attribués, et qu'il , ne l'a pas fait parce qu'ils correspondent à ce qu'il pense et à ce qu'il écrit. Si Houellebecq avait tenu le dixième de ces propos sur ! la communauté juive, aurait-il pu continuer à disserter librement ? Certes, il n'a pas reçu le prix Goncourt comme il en a été question un moment donné. Mais il s'en tire pour le reste à bon compte. Un procès lui sera intenté par plusieurs associations musulmanes, mais les . plaignants seront déboutés. Il y a plaidé le droit à la . liberté d'expression. Pourquoi pas, en effet ? Il est vrai qu'en France la liberté d'expression a eu en premier lieu à se battre contre le roi et l'Église. Il est toujours regret- table de voir un procès fait à un livre. Ce qui est le plus gênant, ce ne sont pas les propos de Houellebecq, c'est que certains estiment que ce type de propos relève de la simple provocation quand on s'attaque aux musulmans et l qu'il s'agit d'incitation à la haine raciale si cela concerne ! d'autres communautés. Jusqu'où peut aller la liberté de l'artiste ? La création [ doit-elle avoir des limites ? C C'est un débat sans fin où évidemment la subjectivité l'emporte. Encore faudrait-il qu'en la matière les mêmes critères laxistes ou sévères s'appliquent de façon uniforme. Je ne suis pas convaincu -loin de là - que le débat d'idées passe par le tribunal. Je pense que, le plus souvent, ce qui est excessif n'a guère de portée. Mais je me dis aussi que si j'étais musulman, si j'étais arabe, j'aurais la conviction que ma religion ou mon identité

Peut beaucoup plus facilement et beaucoup plus impunément -juridiquement et moralement -être attaquée que d'autres, et que cela ne peut que renforcer le poids des extrémistes qui profitent de ce sentiment de rejet pour prêcher en eaux troubles.

Pascal Boniface, Est-il permis de critiquer Israël ?, Robert LAFFONT, 2003, Pages 176 , 177,178.