Journées historiques au Mexique by tbar (d'après indymedia chiapas) Monday August 11, 2003 at 03:10 PM |
Au Chiapas, Mexique, les Zapatistes n'attendent plus la permission ou la coopération du "Mauvais Gouvernement" et s'auto-organisent, en installant festivement les "Comités du Bon Gouvernement".
(en anglais: http://chiapas.mediosindependientes.org/display.php3?article_id=105722)
A Oventic, Chiapas (Mexico), les 8 et 9 août une révolution dans les 10 ans d'insurgence des Zapatistes a eu lieu, avec la mort des “Aguascalientes”, fameux lieux de rencontre pour les visiteurs de la société civile nationale et internationale, et la naissance des “Caracoles”, qui vont être des lieux de rencontre un peu différents (mais aussi légendaires) dans le futur.
En même temps les Zapatistes ont dévoilé leurs “Comités de Bon Gouvernement”. Ces 5 comités représentent chacun une des 5 régions que les Zapatistes ont démarqués à l'intérieur de leurs “territoires rebelles”, représentant 30 municipalités autonomes.
A l'entrée du village Oventic, situé dans les montagnes du Chiapas, une enseigne annonçant “Vous êtes dans le territoire autonome rebelle des Zapatistes. Ici le peuple commande et le gouvernement obéit” acceuillait les visiteurs.
Pendant longtemps déjà, les communautés zapatistes se sont gouvernés eux-mêmes, quoique, selon Sous-commandant Marcos, surtout à un niveau local. Les Comités du Bon Gouvernement se sont réalisés afin de pouvoir donner plus d'uniformité aux municipalités. Aussi, les Comités devront changer l'organisation militaire des territoires autonomes par le EZLN (l'armée des rebelles zapatistes) en gouvernement civil.
Quoique quelques authorités légales prétendaient que les Comités étaient non-constitutionnels et donc illégaux, le gouverneur du Chiapas ét le gouvernement du président Vicente Fox ont, pour l'instant, accepté publiquement leur existence. Le “Secretary of Governement”, Santiago Creel, qui est responsable de la sécurité nationale et de l'application des lois fédéraux, a affirmé que les comités “ne sont pas nécessairement incompatibles avec la constitution” et que le Mexique “peut avoir des formes d'organisation distinctes” parmis ses groupements indigènes. Le gouvernement de Fox, qui pendant sa campagne de 2000 prétendait qu'il allait “résoudre le problème du Chiapas en cinq minutes”, semble désirer réinstaurer un dialogue avec le EZLN, avec lequel l'armée Mexicaine reste toujours dans une position tendue et incomfortable d'échec et mat.
Ce “gouvernement autonome” pour les régions indigènes faisait déjà partie des Accords de San Andres signés par le EZLN et le gouvernement Fédéral en 1996. Immédiatement après son élection en décembre 2000, Fox a envoyé ces accords (qui avaient déjà subis des années de retard) à la législature afin d'être ratifiés, mais la loi prévue a été tellement mutilée par des membres du PRI (le parti politique qui a été pendant 70 ans au pouvoir jusqu'à 2000) et du PAN de Fox même, que des réformes des droits des indigènes inclus dans l'accord original ne subsistait plus grande chose. Avec la formation des “Comités du Bon Gouvernement”, les Zapatistes ont annoncé de continuer selon l'esprit et la lettre de la “Loi des Droits des Indigènes”, sans attendant la permission de ce qu'ils appellent eux-mêmes le “Mauvais Gouvernement”.
Entretemps le gouvernement de Fox prétend d'avoir fait tout ce qu'il devait faire selon les accords de 1996 et suggère que ce sont les Zapatistes qui sont intransigents.
Mais les reproches n'étaient pas très haut sur l'agenda de la réunion à Oventic. Dans une atmosphère de festival, les déclarations et communications du EZLN et les introductions des Comités étaient précédés par un tournement de basketball et suivi par une fête jusqu'au petites heures. De temps en temps l'appel-et-réponse de “Zapata vive!”-”La lucha sigue!” (Zapata est vivant! La lutte continue!”) résonaient dans la vallée. Les petits magasins et vendeurs ambulants faisaient circuler les tamales, les légumes et le textile artisanal. La petite taverne installé par “Mut Vitz”, une coopérative basée à Oventic qui vend du café biologique était un grand succès parmi les visiteurs internationaux qui attendaient de bonne humeur pendant que le prochain pot de café se préparait.
Tard la nuit du 8 août, le Commandent Javier déclarait la mort des Aguascalientes, suivi quelque moments plus tard par le Commandant Moises qui annonçait officiellement la naissance des Caracoles en tant que “lieux pour parler et écouter”.
Les Aguascalientes étaient nés il y a neuf ans et constituaient la réponse du EZLN à l'inondation par des supporters venant du Mexique et du monde entier pour rendre visite au territoire des rebelles. Le premier Aguascalientes était inauguré au printemps de 1994 avec une invitation ouverte à la société civile internationale. Plus tard cette même année l'Armée Mexicaine a détruist les Aquascalientes en essayant d'anéantir le EZLN une fois pour toutes. Les Aguascalientes ont été cépendant rebâtis dans cinq communautés Zapatistes, et depuis des autres ont été construits dans d'autres pays.
La différence entre les Aguascalientes et les Caracoles n'était pas directement clair. Mais avec la création des Caracoles le EZLN a annoncé de vouloir contrôler de plus près quel genre d'aide extérieure ils veulent accepter. Marcos avait déjà écrit dans une série de lettres annonçant la mort des Aguascalientes et la formation des “Comités du Bon Gouvernement”, que certaines organisations extérieures avaient décidées elles-mêmes ce que nécessitaient les communautés Zapatistes. Pour illustrer ce problème il décrivait l'arrivage d'une seule chaussure à talon rose (sans l'autre de la même paire), dans un “colli d'aide”, et disait que les Zapatistes ne voulaient plus servir comme poubelle pour des ordinateurs cassés et des médicaments passés la date d'expiration. Il parlait de communautés qui ont plutôt besoin d'eau propre et d'une bibliothèque plutôt.
Un autre problème avec l'aide était que les centres Zapatistes les plus connus recevaient plus de visiteurs et de soutien. Avec la création des Caracoles, surveillés par les Comités du Bon Gouvernement, les Zapatistes espèrent de pouvoir distribuer plus équitablement l'aide venant de l'extérieur, et de décider quels projets peuvent servir le mieux à quelle localité.
Le Sous-commandant Marcos n'était pas présent au Caracol à cause d'un “mal à l'estomac”, mais ses paroles étaient transmises à partir d'un enregistrement et à travers l'émission inaugurale de Radio Insurgente, mélangeant des commentaires politiques et ses observations charactéristiques, et accompagnées par de la musique: des chansons d'amour mexicaines jusqu'à BB King et “Ohio” de Crosby Stills Nash & Young.
L'émission, qui avait dûe être transmise partout dans le monde entier (et relayée par internet) était apparamment interféré par le gouvernement Mexicain. Marcos avait déjà envisagé cette possibilité et avait annoncé que, si nécessaire, le programme serait distribué sur des “CD's piratés”. (L'émission entière est maintenant disponible sur http:// http://www.chiapas.indymedia.org/.)
L'idole internationale Marcos étant malade, dix autres commandants du EZLN dévoilaient les paroles Zapatistes. A la fin de la journée c'était clair qu'il existe plein d'authorité et de charisme au sein du EZLN même si “el sup” (le sous-commandant Marcos) n'apparaît pas à l'appel à cause de maladie. La commandante Esther s'addressait aux indigènes du Mexique, en disant “nous ne devons pas renoncer à être indigène pour être reconnus comme Mexicains.” Ensuite elle lançait un appel aux autres communautés indigènes du Mexique à suivre l'exemple du EZLN et d'instaurer les lois sur les droits des indigènes dans leurs propres régions. Le commandant David assurait aux indigènes non-Zapatistes vivant dans les zones en rébellion qu'ils vont être traités justement et avec respect par les Comités du Bon Gouvernement. La commandante Fidelia addressait la parole aux “soeurs” au Mexique et au monde entier, aussi qu'aux hommes, rappellant que les femmes méritent du respect, autant à la maison que dans les usines, “pas parce qu'on va bouder sinon”, mais parce que c'est juste, et parce qu'elle et d'autres femmes vont continuer à se battre pour que ça se réalise. Les Commandants Tacho, Brus Li et Zebedeo parlaient de la globalisation. Tacho appellait aux campesinos (paysans) du Mexique de se réunir dans la lutte contre les politiques néo-libérales qui détruisent leurs communautés. Brus Li annonçait le “Plan la Realidad-Tijuana”, la réponse Zapatiste au “Plan Puebla Panama” et à d'autres projets néo-libéraux. Le Plan “la Realidad-Tijuana” (Realidad étant une ville au Mexique, mais aussi espagnol pour “réalité”) inclue la création de réseaux locaux et nationaux de commerce équitable et des projets d'organiser la défense de cultures menacées par la globalisation néo-libérale. Zebedo annonçait que la “parole des Zapatistes” fera partie des mobilisations anti-WTO à Cancun en septembre, rappellant aux invités et au monde entier la Convergence Tech de Média Alternative, le Forum des Femmes et la Journée d'Action Globale qui vont se dérouler entre le 1er et le 14me septembre.
Hier, dimanche, pendant que les visiteurs s'apprêtaient à partir et que les Zapatistes ramassaient les restes laissés derrière, les haut-parleurs diffusaient une annonce disant que ceux qui voulaient faire un don de chaussures, d'outils pour cuisiner ou d'autres objets, pouvaient les emmener au centre du Comité du Bon Gouvernement. Quelques instants plus tards une longue ligne de donateurs se formait en dehors du bâtiment en bois.
Ainsi le Caracol d'Oventic est né.
(traduit de l'anglais)
article original en anglais: http://chiapas.mediosindependientes.org/display.php3?article_id=105722)
(Photos de l'événement: http://chiapas.mediosindependientes.org/display.php3?article_id=105725)
Multitude by tbar (d'après indymedia chiapas) Monday August 11, 2003 at 03:10 PM |