arch/ive/ief (2000 - 2005)

procès de Monsanto, ce 6 octobre àNamur
by posted Saturday August 09, 2003 at 01:12 PM

2eme audience du procès de Monsanto Parole à la défense Une journée de plaidoyers pour la liberté du vivant et des hommes qui en prennent soin

Rassemblement ce lundi 6 octobre à 9h00 devant le Palais de Justice de Namur


Lors de l¹audience d¹ouverture du procès - le premier du genre en Belgique
- le 10 mars 2003, les 13 prévenus se sont exprimés sur le contexte et les
motivations de leur action. Deux témoins ont également pris la parole :
Jacques Van Helden, bioinformaticien à l¹Université Libre de Bruxelles, a
souligné l¹indétermination liée aux retombées d¹un usage et d¹une
commercialisation précipités de constructions génétiques expérimentales ;
Paul Lannoye (Membre du Parlement européen, Belgique) a rappelé l¹incidence
bénéfique des interventions de la société civile sur l¹évolution de la
législation européenne en matière d¹OGM, avant de s¹attarder, a contrario,
sur le catalogue des catastrophes humaines et environnementales provoquées
par l¹activité de Monsanto.

L¹audience du 6 octobre promet d¹être plus riche encore en informations et
en analyses grâce auxquelles il est possible de prendre du champ par rapport
au déploiement du génie génétique appliqué à l¹agriculture. Cinq nouveaux
témoins seront en effet appelés à la barre. Michel Pimbert, politologue basé
en Angleterre, illustrera la manière dont les paysans du Sud construisent
une réponse pratique à la dite " faim dans le monde " ; Gabriel Dewael,
endivier français, éclairera le rôle du développement et des technologies en
tant que machines à éliminer les paysans; Percy Schmeiser, agriculteur
canadien, expliquera comment il a été poursuivi par Monsanto pour " vol de
technologie " à la suite de la contamination de ses champs par des OGM semés
à proximité; Michel Tibbon-Cornillot, épistémologue, interrogera les
catégories sur lesquelles se fondent le caractère scientifique et la
légitimité des pratiques en biologie moléculaire; enfin, Jean-Pierre Berlan,
directeur de recherches à l¹INRA , nous initiera à une lecture des OGM
agricoles en tant qu¹aboutissement d¹un double mouvement, en cours depuis
150 ans, d¹industrialisation de l¹agriculture et de privatisation du vivant


- Cette deuxième audience aura lieu devant la 10me chambre du Tribunal
correctionnel de Namur.
- Un petit déjeuner et un dîner bio et végétarien, préparés par les soins de
la cuisine mobile Kokerellen, accueilleront les participants (prix libre).
- A l¹issue de l¹audience et du repas (probablement vers 13 :30), un " point
d¹info " sera instauré. Il sera possible de s¹y entretenir avec les témoins
et les inculpés.

Le dernier acte du procès se tiendra quant à lui le lundi 17 novembre 2003.
Il sera consacré aux plaidoiries.

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A noter également !

Deux " conférences-combats " auront lieu le jour du procès, avec la
participation des témoins internationaux :

* à Namur, à 19h30, " La résistible imposition des OGM en agriculture "

Orateurs : Percy Schmeiser (Canada), Gabriel Dewael (France), Paul Lannoye
(Belgique), Michel Pimbert (Angleterre)

* à Bruxelles, à l¹ULB à 19h30, à l'initiative des inculpés et du Cercle du
Libre examen, " Les OGM, point de bascule des rapports entre science et
société ? "

Orateurs : Jean-Pierre Berlan (France), Isabelle Stengers (Belgique), Michel
Tibon-Cornillot (France), Jacques Van Helden (Belgique), Jean-Claude
Grégoire (Belgique), Sébastien Denys (Belgique)

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sujet.
Un dossier complet (38 faces) sur la décontamination chez Monsanto et
l¹ouverture du procès vous sera envoyé sur demande à soutien7mai@altern.org
Photos et compte-rendu du Festival de résistance aux OGM :
http://sbb.collectifs.net

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RAPPEL DU CONTEXTE ET DE LA PROCÉDURE
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" Festival de résistance aux OGM "

La décontamination du 7 mai 2000 clôturait le Festival de résistance aux
OGM. Dans la matinée, Isabelle Stengers (professeure de philosophie des
sciences à l¹ULB) avait animé un débat où intervenaient Paul Lannoye (député
européen vert), Marc Vanoverschelde (paysan du Mouvement d¹Action Paysanne),
René Riesel (éleveur de brebis en Lozère) et Jean-Pierre Berlan (directeur
de recherches à l¹INRA). La majorité des participants s¹est ensuite rendue à
Marchovelette, localité située à quelques km de Namur, d¹où s¹est élancé
vers le centre d¹expérimentation de Monsanto à Franc-Waret un cortège coloré
et dansant, entraîné par la musique du groupe " René Binamé et les roues de
secours ". Peu après l¹arrachage, Monsanto décidait de fermer deux de ses
quatre implantations en Belgique, au nombre desquelles le Centre de
disséminations de Franc-Waret.


Les préventions
Sur la base d¹une plainte déposée par Monsanto, 13 des 200 participants à la
décontamination sont arbitrairement choisis, pour être inculpés :
- de " violation de domicile ",
- d¹avoir " méchamment coupé ou dévasté " des cultures de colza,
d¹orge de printemps et de blé d¹hiver,
- d¹avoir " méchamment ravagé " des semis de maïs et de betteraves.


Les prévenus

Sébastien DENYS, Jean-François JACQUET, René RIESEL, Gilles HENROTAY, Paul
WILMES, Jacques BOULVIN, Nicolas VANDENBROUCKE, Cédric LOSANGE, Isabelle
STENGERS, Frédéric LEVEQUE, Vincent WATTIEZ, Paul VERJANS et Chantal CORNET


Les exigences de Monsanto

Monsanto réclame 137 500 euros (soit 5.131.000 Fb) en dommages et intérêts,
sans justifier le moins du monde l¹ampleur de ce montant. Que du contraire,
puisque certaines des dépositions de travailleurs de la multinationale
indiquent que les plants piétinés n¹étaient pas génétiquement manipulés.

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MONSANTO TRAÎNÉ EN JUSTICE PAR 13 DÉCONTAMINATEURS
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Quel crédit accorder à Monsanto et à ses semblables semenciers lorsqu¹ils
prétendent s¹engager dans des combats contre la " Faim dans le Monde " ou
contre l¹utilisation accrue de produits chimiques, phénomènes dont leur
activité est la principale cause ?

Le " pedigree " de la Monsanto Chemical Company est explicite. Depuis sa
création à la fin du XIXme siècle, la multinationale américaine s¹est
toujours distinguée par la toxicité de ses activités, produisant entre
autres l¹Agent Orange pour l¹armée américaine, lors de la guerre du Vietnam.
Avec les OGM (80% des OGM du monde appartiennent à Monsanto) ­ et
particulièrement avec les moins hypocrites d¹entre eux, la gamme des "
Terminator " - la multinationale, autoproclamée leader des " Sciences de la
vie ", s¹attaque à cette fâcheuse caractéristique des êtres vivants : leur
faculté de se reproduire librement. Les plantes visées subissent une
stérilisation par modification génétique, ce qui contraint les fermiers à
racheter des semences chaque année aux sélectionneurs professionnels. Ce
mécanisme, inauguré au début du Xxme siècle avec la production des "
variétés hybrides ", instaure une dépendance des paysans inédite dans
l¹histoire de l¹agriculture. Les semenciers produisent aussi les herbicides
et les pesticides auxquels 70% des OGM agricoles - de leurs OGM - sont
rendus tolérants.

L¹introduction du génie génétique dans l¹agriculture participe d¹une fuite
en avant technologique dans une agriculture toujours plus industrialisée,
déshumanisée et uniformisée, et approfondit un mouvement mondial de recul de
la souveraineté du Sud envers le Nord, des paysans envers l¹industrie, des
citoyens envers les marchés, de la politique envers l¹économie.

Dernier avatar d¹une science qui, depuis Descartes, s¹est donné pour
objectif de nous rendre " comme maîtres et possesseurs de la Nature ", les
biotechnologies tiennent pour un progrès la réduction des êtres vivants à un
mécano physico-chimique aux rouages interchangeables à volonté. Au
croisement de logiques techno-scientifique (de maîtrise), technocratique (de
contrôle) et marchande (d¹appropriation), la biologie moléculaire est
d¹autant moins capable de se détourner par elle-même de postulats théoriques
dont la faillite est pourtant complète : le modèle un gène-une protéine,
l¹irréversibilité de l¹enchaînement ADN/ARN/protéine etc.

Le 7 mai 2000, les 200 personnes qui ont manifesté leur refus tant de
Monsanto que des expérimentations ou des commercialisations d¹OGM ont
rappelé pratiquement que la société du " tout génétique " n¹est pas le seul
scénario possible. N¹en déplaise aux propagandistes de " l¹Homme programmé
", aucun gène ne prédispose au fatalisme et à la passivité.

Ce procès nous donne l¹occasion de réitérer notre interpellation, et de la
partager avec vous.


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Les OGM, ferments d¹un laboratoireS civique
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Une nuit de 1987, deux mille fraisiers sont arrachés dans l¹enceinte de
l¹Université de Californie. La première dissémination à l¹air libre de
plantes génétiquement modifiées est ainsi surtout restée dans l¹histoire
comme la première manifestation pratique de l¹opposition aux OGM.

En Inde, depuis la fin des années 90, le KRRS, puissant syndicat agricole,
fédère la grogne et réactualise le Quit India Mouvement de la guerre
d¹indépendance en détruisant successivement le siège local de la
multinationale semencière Cargill, et des champs d¹OGM. Une pratique
réitérée à plusieurs reprise en France, en 1999, lors de la Caravane
Intercontinentale qui a traversé l¹Europe : cinq cent Indiens viennent
témoigner, " après avoir bouté les Anglais, nous devons bouter les
multinationales ". Ils sont 30 000 lors d¹une manifestation qui clôturait le
Tribunal populaire des semences de Bangalore, le 26 septembre 2000, à lancer
un appel à la " destruction de tout essai transgénique. Ici et partout sur
la planète. "

Depuis lors : Pays-Bas, Allemagne, Angleterre, France, Brésil, Philippines S
autant de laboratoires qui ont vu se développer une résistance croissante à
l¹exploitation transgénique de la terre.

En Belgique, les OGM émergent publiquement à l¹occasion de l¹arraisonnement,
par Greenpeace, de navires transportant des cargaisons de soja transgénique.
C¹est déjà lors d¹une conférence organisée par Monsanto avec le soutien de
la Commission européenne qu¹a eu lieu la première action organisée par le
comité belge d¹accueil de la Caravane Intercontinentale, au printemps 1999,
pour contester le confinement de fait que subissent les questions qui y sont
abordées. La dépendance des agriculteurs vient à l¹avant-plan, c¹est
l¹époque de Terminator.

Le réseau CAGE naît alors d¹un constat : les OGM sont bel et bien présents
dans notre alimentation mais personne ne le sait et surtout ne fait quoi que
ce soit. S¹ensuivent une trentaine d¹actions dans les supermarchés, au cours
desquelles cinquante mille autocollants " Risque d¹OGM " seront appliqués
sur les produits contaminés. En quelques mois, presque toute la filière
agro-alimentaire, des producteurs aux distributeurs, tourne le dos aux OGM.

S¹il y a des OGM dans notre alimentation, il y en a aussi dans notre
environnement : voilà ce que 200 personnes dénoncent publiquement le 7 mai
2000 au sein du Centre de recherches de Monsanto à Franc-Waret (Namur). Il
s¹agit de la première destruction d¹expérimentation transgénique en
Belgique.

Depuis lors, une douzaine d¹expérimentations a été interrompue par
l¹intervention de groupes anonymes. A tel point que, l¹année passée, la
question de la pertinence de ces parcelles de dissémination est ouvertement
posée, qu¹une centaine de communes adopte une motion contre l¹implantation
des OGM sur leur territoire et que plusieurs autres implantations font
l¹objet d¹intenses polémiques locales. Les entreprises impliquées ont
finalement annoncé, par la voix du lobby BelgoBiotech, qu¹elles
interrompaient leurs expérimentations. C¹est ce nouveau paysage que nous
entendons préserver, et ce malgré la levée annoncée du moratoire européen
sur l¹autorisation commerciale de nouveaux transgènes.