arch/ive/ief (2000 - 2005)

Depuis deux semaines entières, 300 Afghans sont devenus nos voisins. Ils occupent l’église Sainte-Croix. Et les adultes, parmi eux, sont en grève de la faim. En face, le Belga continue à drainer sa foule insouciante : par ces grandes chaleurs, on s’attable en terrasse, les yeux résolument hors du monde. Ce sont les voisins qui ont entendu les cloches de l’église hésiter quelques heures. Ce sont les voisins qui, les premiers, sont venus aux nouvelles : comprendre d’abord. Rencontrer. Puis se rendre compte. Se rendre compte que toutes ces femmes, tous ces hommes, tous ces enfants... ne sont pas si différents de nous. Des voisins, en somme…

Dignes d’intérêt, dignes de respect.

Au fil des heures, des jours qui passent, les Afghans de l’église Sainte-Croix sont devenus nos amis. Rien de ce qui peut leur arriver aujourd’hui ou... dans un an ne pourra plus nous être indifférent. Et nous savons que si l’arrêté d’expulsion devait leur être appliqué ils se fondraient dans la nature, ils deviendraient des clandestins. Victimes dans l’exil, ils viendraient gonfler cette masse de sans droits. Cette masse d’angoisse qui habite heure après heure, jour après jour ces sans existence. Cette masse de sanspapiers qui habitent dans nos rues, qui sont nos voisins. Ceux-là dont certains voudraient nous faire croire qu’ils sont des criminels.

Merci Monsieur Naazari, merci Jasser, merci toutes et tous les autres.
Merci pour votre courage. Merci pour votre dignité. Merci aussi pour vos sourires et votre sens de l’accueil. Merci de nous ouvrir les yeux sur la terrifiante injustice de ce monde : on s’habitue trop à voir crever les gens, tout au loin là-bas, sur le petit écran. Le flot va chaque jour grandissant des voisins qui se rangent à vos côtés.
Et, nous vous l’avons promis : jamais nous ne vous laisserons tomber.