arch/ive/ief (2000 - 2005)

Monsieur le Premier Ministre,
Monsieur le Ministre de l'Intérieur,

Près de 300 demandeurs d'asile afghans mènent depuis 8 jours une grève de la faim dans l'église Sainte Croix, à Ixelles.
La plupart d'entre eux, hommes, femmes et enfants, sont en Belgique depuis 4 ans ou 5 ans, et ont appris le français et ou le néerlandais.
Voici quelques semaines, ils ont appris que leurs demandes d'asile étant rejetées, ils devront quitter la Belgique dans les prochains mois.
Comme tous les exilés en temps de guerre, contraints de trouver refuge à l'étranger, ils n'aspirent qu'à rentrer dans leur pays. Mais un pays où ils pourront élever leurs enfants dans des conditions décentes.
Or, si les talibans ne sont plus au pouvoir en Afghanistan, il suffit de lire la presse et les rapports de nombreuses ONG internationales pour savoir combien la paix et la sécurité en sont dramatiquement absentes.
Dans une lettre ouverte aux Afghans, vous écrivez que "forcer une solution collective par la grève de la faim est inacceptable et n'aboutira pas à une solution" ou encore que "un dialogue ne peut aboutir si l'un des partenaires campe sur une position de tout ou rien".
Nous voulons vous dire combien nous sommes impressionné par la dignité, le calme mais aussi par la légitimité de la démarche de ces familles. Ce ne sont pas des réfugiés économiques, mais des réfugiés politiques; et si rien ne les attend en Afghanistan, c'est qu'ils ont tout perdu en quittant leur pays.
A l'heure actuelle, y retourner signifie retrouver un pays en ruine, toujours déchiré par des combats ethniques, sans le moindre espoir de sécurité, sans meme parler de réinsertion.

Tout homme a besoin d'espérance et de stabilité. Nous prions le gouvernement d'accorder un statut et un titre de séjour stables à tous les Afghans dont la demande d'asile vient d'etre rejetée. Nous insistons pour qu'ils soient autorisés à rester en Belgique jusqu'à ce que la situation en Afghanistan leur permette d'y rentrer sans crainte pour leur sécurité. Une sécurité dont les critères d'évaluation pourraient, par exemple, etre fixés et appréciés par le Parlement belge.

Nous apprécions les principes et la démarche humanistes qui, depuis quelques temps, inspirent et animent la politique étrangère de notre gouvernement.
Nous appelons de tous nos voeux à ce qu'une meme éthique de la dignité guide nos ministres et nos mandataires responsables de la politique intérieure belge à l'égard de ces Afghans.

Yael André, cinéaste
Mylène Baum, professeur Ucl
Hugues Pierre Baum, chercheur UCL
Joelle Baumerder, directrice de la Maison du Livre
Paz Boira-Talens, illustratrice, auteure de bande dessinée
Fabrizio Bucella, conseiller communal à Ixelles
Françoise Deppe, asbl Zébulon
Gérard de Sélys, Journaliste, écrivain,
Isabelle Durant, Sénatrice
Béatrice Fraiteur, députée
Zoé Genot, députée
Denis Grimberghs, député
Boris Gvirtman, secrétaire général Union des progressistes juifs de Belgique
William Herne, cinéaste
Jean-Michel Javaux, Secrétaire Fédéral Ecolo
Xavier LF6wenthal, éditeur
François Martou, pdt. M.O.C
Clotilde Nyssens, Sénatrice
Benoit Peeters, écrivain et scénariste
Jean-Marc Picard, avocat
Hugues Robaye, attaché scientifique
Olivier Spinewine, libraire
Maxime Steinberg, Historien
Rik M. Szyffer, président de l' "Union des Anciens Résistants Juifs de Belgique"
Gitla Szyffer, présidente de la "Continuité de l' Union des Anciens Résistants Juifs de Belgique"
Henry et Mady Wajnblum, Union des Progressistes Juifs de Belgique

La liste n'est bien entendu pas close.