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No-Border Cologne - Premières impressions fugitives
by intrigeri [posted by protesta] Wednesday August 06, 2003 at 02:29 AM

No-Border Cologne - Premières impressions fugitives

Lundi 4 août

A notre arrivée ce soir à Cologne, nous constatons que, sur la rive gauche du Rhin, s'élèvent buildings dédiés au grrrrand kapital, édifices religieux, grues et tout ce qui constitue un centre-ville où tout fonctionne, où la croissance bat son plein.

Mais tout n'y fonctionne pas exactement comme d'habitude, car sur la rive droite du fleuve se tient un campement "No Border", dont un des objectifs politiques est d'être parmi les grains de sable qui empêchent la machine bien huilée de tourner comme à l'accoutumée.

Ayant rejoint ce camp, nous y trouvons une ambiance festive mêlant musiques, projections vidéos, chaînes enflammées et autres saltimbanques ; notons de suite que la buvette occupe une place non négligeable... l'avenir nous dira dans quelle mesure nous devons déplorer ce fait.


Mardi 5 août

Le camp occupe une bande herbeuse de 80 mètres de large, désespérément dénuée d'ombre, et longeant le Rhin sur 150 mètres. Quelques centaines de personnes y sont réunies dans 200 tentes pour vivre ensemble et mener des actions offensives sur le thème des frontières et des migrations. Parallèlement au fleuve, le camp est bordé par une rangée d'arbres et de banderoles, suivis d'une déchetterie.

Les structures collectives standard sont bien évidemment présentes : tente médicale, point média/internet, et deux cuisines itinérantes ayant mis leurs forces en commun pour l'occasion. Apparemment, point d'équipe légale, mais des investigations plus approfondies me donneront peut-être tort. Mauvais point : les chiottes sont chimiques et non sèches. Grrrr. M'énerve. Non seulement la location coûte une fortune, mais ça dégage une odeur des plus pestilentielles. Et ce, sans même parler du charme indéfinissable des chiottes sèches sur pilotis...

Pour ce qui est de l'organisation du camp, il semble qu'elle soit quelque peu... étonnante : d'après mes informations, les décisions engageant le camp dans son ensemble sont prises par une assemblée de "déléguéEs" choisiEs par les collectifs ayant organisé le camp. Un niveau d'horizontalité largement moindre, donc, que ce qui a été créé lors du No-Border Camp de Strasbourg (juillet 2002), au cours duquel les décisions étaient prises, après avoir été débattues dans chaque "quartier", par des déléguéEs mandatéEs pour une journée et sur des positions précises. Point de réunions de Barios le matin, donc... snif.

Quant à l'autogestion du camp, elle semble pour l'instant toute relative : les groupes et individuEs (groupiduEs) à l'origine du campement sont alléEs jusqu'à placarder, en certains lieux stratégiques (cuisines, chiottes, etc.), des affiches porteuse d'une ironie acerbe : elles proclament, en substance, "l'équipe des organisateurices est à votre service, et c'est avec grand plaisir qu'elle s'occupe de tout pour votre bien-être". Espérons que cela suffise à renverser la vapeur.

En fin de matinée, quelques petites actions ludiques et spontanées ont visé à réduire la concentration de flics au mètre-carré aux abords du camp : un fourgon qui se trouvait dans les parages s'est par exemple fait attaquer à la bombe à eau, avant de subir un légumage en règle ; pour les personnes n'ayant jamais eu vent de cette dernière pratique, nous pourrions la définir par "projection violente de légumes pourris sur une cible statique ou en mouvement" ; à noter que le fait de pratiquer le légumage collectivement accroit non seulement son efficacité, mais aussi le plaisir qu'il provoque chez les assaillantEs.