grève de la faim des sans-papiers afghans by GEGA Saturday July 26, 2003 at 10:01 PM |
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Interview de Asifi Sabir, l’un des occupants de l’église Place Flagey à Bruxelles
Grève de la faim des sans-papiers afghans
Interview de Asifi Sabir, l’un des occupants de l’église Place Flagey à Bruxelles :
-Quelle était votre situation en Afghanistan et pourquoi avez-vous décidé de venir en Belgique ?
Je vivais là-bas avec ma famille, mais mes 4 frères étudiaient en Russie. L’intervention et l’occupation russe avait fait un million de morts dans le pays, et nous fûmes soupçonnés d’être « communistes » par les moudjahidin. Plus tard nous fûmes pourchassées par le régime taliban et c’est alors que nous avons décidé de tout vendre pour immigrer vers la Belgique.
- Quelles procédures avez-vous entreprises et quelle est votre situation actuelle en Belgique ?
Lors de ma première interview à l’office des étrangers, on m’a demandé d’expliquer les motifs de ma demande d’asile. Je leur ai parlé des problèmes que je rencontrai à l’époque, à savoir avec les Talibans. J’ai obtenu une réponse positive à cette première demande. Plus tard, j’ai trouvé du boulot ici (je travaille depuis 7 mois et mes frères depuis 2 ans) ; cela fait cependant 6 ans que je suis en Belgique et j’ai 2 enfants qui sont nés et ont toujours vécu en Belgique (ils ne parlent même pas l’afghan). Lors de ma seconde interview il y a quelques mois (après l’intervention américaine en Afghanistan), ils ont jugé qu’il n’y avait plus aucun problème avec le régime taliban et que je n’avais plus aucune raison de rester en Belgique. La situation actuelle en Afghanistan est pourtant désastreuse ; la guerre n’a rien changé et si je retourne là-bas, je n’ai plus rien et je n’ai aucune chance de m’en sortir. Pour beaucoup d’entre nous, retourner dans le pays c’est un aller direct pour la mort…Là-bas les femmes n’ont absolument aucun droit, elles ne peuvent pas sortir, doivent rester travailler au foyer et elles sont obligées de porter la bourka (ma femme ne veut pas la porter). La situation n’est pas stable, je ne trouverai pas de travail et ma famille sera encore pourchassée.
- Depuis quand occupez-vous l’église et qu’attendez-vous ?
Nous sommes là depuis jeudi matin. Tous les adultes font la grève de la faim, dont plusieurs femmes enceintes. Beaucoup commencent à faiblir ; 4 membres de ma famille ont déjà perdu connaissance dont ma mère qui est à l’hôpital. Au début nous étions une cinquantaine, nous sommes à présent environ 300 et nous avons besoin du soutien de la population pour faire pression sur le gouvernement. C’est notre ultime essai et nous n’avons pas le choix ; nous ne pouvons pas accepter ces expulsions.