Interview avec Wa BMG 44 by jessie Sunday July 20, 2003 at 12:49 PM |
jessie@indymedia.org |
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"Wa bmg 44" est un groupe de deux rappeurs et un DJ, formé en 1992, amis d'enfance pour la plupart, tous originaires de la banlieue de Thiaroye, proche de Dakar.
Wa Bokk Menmen guestu signifie littéralement "tous ensemble pour mieux réflêchir"..
Le chiffre 44 est un hommage aux tirailleurs sénégalais rapatriés
après la libération de la France, qui ont été assassinés
le premier décembre 1944 par les troupes coloniales françaises
pour avoir réclamé leurs indemnités de détention
dans les camps de travail en Allemagne et leurs primes de démobilisation.
Le camp militaire où sont morts les soldats ainsi que le cimetière
où ils sont enterrés, est situé à Thiaroye, dans
la banlieue de Pikine, à 15 kilomètres de Dakar d'où sont
originaires tous les membres du groupe.
(source: www.lezarts-urbains.be)
Vous êtes occupé d’enregistrer un nouvel album. Est-ce sur le nouvel album, vous collaborer avec des artistes belges aussi ??
Matador : « Oui, c’était dans le cadre d’un échange culturel. Donc, les belges sont venus au Sénégal et sont restés un mois. Là-bas on a commencé à travailler. Deux mois plus tard nous sommes venus ici en Belgique. On a continué le travaille et ce que ça a donné c’est une compilation « Dakar-BXL » qui doit sortir en septembre.»
Avec quels artistes belges ou internationaux voulez-vous encore travailler ?
Manu : « On veut travailler avec personne qui ne veut pas travailler avec nous. On veut juste travailler avec ceux qui ont connait, avec qui on a une bonne relation. Pour l’instant ce sont des gens comme Pitcho, comme UMAN, comme Smimooz de RAB, il y a MC Liz. Ceux avec qui on a travaillé un peu dans la compilation. Il y en a d’autre comme Baloo de Starflam, qui a dit que si on l’appelle il est prêt à faire un truc avec nous. Ces gens là et peut-être il y en aura d’autre qui, au files des scènes qu’on fait, parce que chaque fois qu’on se déplace sur scène on rencontre des nouvelles artistes, on prends des coordonnées. Ceux qui se montreront honnête avec nous, qui sentent ce que nous on fait, et qui aiment ce qu’on fait,… Ouias, c’est sure qu’on va faire des trucs avec eux quoi, parce qu’on est ouvert. C’est un monde où ce qu’on doit partager nos lyrics, nos paroles et notre malheur comme notre bonheur dans le hiphop, dans la musique avec tous les gens.»
Quelle est la grande différence avec la vie au Sénégal et la vie ici en Belgique ?
Matador : « La différence c’est le développement. Ici c’est le développement et là-bas c’est le sous-développement. C’est le coté matériel surtout qu’on voit qu’il y a une grande différence. Mais appart ça, je trouve qu’il n’y a pas de grandes différences. On a les même problèmes. Les problèmes de boulot existent ici et existent là-bas. Les problèmes avec les filles, les couples, ça existe partout. Ici par apport à là-bas, les gens sont plus enfermées. Tu sens que, même avec le développement, c’est difficile pour les gens. Alors que là-bas, ils n’ont rien, mais les gens sont toujours content. Ce qui a ici on ne trouve pas là-bas, ce qui a là-bas, on ne trouve pas ici. Avec les échanges on a capté qu’il a des choses à changer ici, comme il a des choses à changer chez nous aussi. »
Ils vous appellent « le porte parole des sans voix ». Quelles sans voix voulez-vous représenter aujourd’hui ??
Manu : « Comme nous on dit que le système social c’est un pyramide. Quand on dit des pyramides, il y a des tombaux. En faite, les tombaux, c’étaient les tombaux des pharaons, mais ici ce sont les morts, les pauvres, les mort-vivants,… nous, c’est cela qu’on veut représenter, les gens du peuple qui sont pauvre, qui sont pas respectés par tous les systèmes africains, tous les systèmes mondiaux. Comme on dit, on représente le sous bassement même, là base de cette pyramide. On veut dire à ces gens qui sont au sommet, qui dirige le monde : tenez nous en conte. Comme j’ai dit tout à l’heure : il n’a pas de présidents qui tiennent, on est tous humains. Il faudrait qu’ils dirigent le monde avec plusse de sagesse. Nous, c’est le bas peuple qu’on représente. Nos verbes sont pour eux, notre bataille est pour eux. La guerre qu’on mène est musicale, elle est non-violente et c’est pour eux. »
Vous faites du hiphop, mais le genre, vous l’appelez le « jihadcore ». C’est quoi juste ce « jihadcore » ??
Matador : « Le Jihadcore ça a 3 dimensions. « Ji hardcore » c’est du Wolof (la langue Sénégalaise) et ça veut dire : semer le hardcore, la vérité. Alors, « Jihad core », la guerre sainte pour le hardcore, la guerre sainte des mots. La 3ième signification, « jeha core », c’est en Sérére, un autre dialecte du Sénégal. Ca veut dire : apporter la lumière. Dans nos textes, c’est ce qu’on essaye de refléter. On doit se battre avec les mots pour semer la vérité et pour ensuite apporter la lumière aux gens. C’est ça le jihadcore. »
Quand tu veux devenir quelqu’un dans le monde du hiphop, est-ce que c’est obligatoire de passer par l’occident ??
Manu : « Oui, franchement. Parce que nous, ça fait 10 ans qu’on
fait de la hiphop au sénégal. On ne vie pas de notre art au Sénégal.
Moi, je suis encore toujours chez mes parents. Babacar (aka Matador) aussi.
Je ne suis pas encore marié, Babacar la même chose. On voudrait
bien être marié si on a trouvé quelqu’un. Moi, j’ai
une femme que j’aime et je voudrait la marié, mais je veux attendre
jusque quand j’ai plusse d’assise. Franchement, oui, il faut venir
en Europe. Ici, les artistes sont bien payés, et en plus, il y a des
bonnes scènes. C’est vrai qu’aujourd’hui le matériel
a un peu déconné, mais on a du bon matoz. On a fait des scènes
comme Couleur Café, c’était super au niveau du matoz. On
a fait une bonne scène à BsBbis, Klinkende Munt. C’est super.
Nous on été là : « Waw, le matériel !!! »
Nous on se dit, quand on peut venir en Europe, faire connaître nos styles,
faire connaître nos verbes, notre engagement, notre combat, toute en gagnant
de l’argent… Parce que cet argent va nous servir. Nous on a envie
de produire aussi. On a envie de rester dans la musique, de produire nos frères,
de produire des albums avec eux ou même de produire leur album, pour que
les gens sachent que c’est ça notre vie.
Comme j’ai dit toute à l’heure aussi, l’Europe c’est
le dernière continent où ce qu’il y a la liberté.
Ce n’est pas parce que maintenant je suis en Europe. Franchement, il faut
qu’ils continuent à se battre, parce que les Etats-Unis, le rêve
Américain, c’est « fucked up », c’est rien. Maintenant
on sait, on a vue que l’Américain Bush est un menteur, un fou.
Alors, il faut que les gens se battent pour que après l’Europe,
c’est l’Afrique qui développe le côté paix,
le côté amour et démocratie. Les Africains sont en faite
beaucoup pour le partage, c’est dans la culture. Mais pourquoi tous ces
guerres ?? C’est parce que Babylone est arrivée, Babylone est venue,
Babylone a montré les intérêts : Il faut dominer celui là,
parce que quand tu le domines, tu as plus d’argent et tu traiter avec
moi. C’est ce qui fait qu’Afrique est parti en couilles. Je lance
un appel aux Européens et aux Africains : Devenez ensemble. Donnez une
autre image et surtout donnez une change à nos enfants, parce que demain
ça sera eux. Aujourd’hui c’est nous, mais demain ça
sera eux. Il faut qu’ils vivent dans un beau monde. »
Vous avez déjà fait quelques concerts en Europe. Est-ce qu’il y a une différente ambiance ici qu’en Afrique ??
Matador : « Non, c’est aussi chaud. La première fois qu’on a joué ici, on avait peur avant de jouer. On ne savait pas comment le public aller réagir sur un groupe qui ne parle pas la même langue et tout. Franchement, depuis notre première scène jusqu’à présent, partout où on passe, on trouve qu’ils captent les vibes et c’est chaud. Ca nous donne envie de continuer. J’oublie que les gens ne captent pas la moitié de ce que je dis, et j’oublie que je suis hors de chez moi. »
Vous mettez beaucoup de temps dans Wa BMG. Qu’est-ce que vous faites à côté de Wa BMG ??
Manu : « A côté de Wa BMG on va faire le « fourty four
», le 44. (Manu rit) C’est Wa BMG 44. Non, plus sérieusement,
ce qu’on pourrait faire à coté c’est aider nos frères
à s’en sortir. Ceux qui sont bon dans le foot, ceux qui sont bon
dans les études, ceux qui sont bon dans la musique. On voudrait avoir
de la « tune » pour faire des projets immédiats dans notre
quartier, parce qu’il y a beaucoup de pauvreté, il y a beaucoup
de violence, et il y a peu d’espoir. On voudrait emmener un peu d’espoir.
Si on réussie, on sait qu’une part c’est eux qui ont réussie,
et on sait où il fait investir pour permettre à d’autre
personnes de réussir.
On fait autre chose. Des fois on a des concerts et on achète des livres,
des cahiers ou des stylos pour des petites écoles. Tout ça c’est
avec les gains qu’on gagne en Europe. On mets un peu pour la famille et
un peu pour nous et le reste on mets ça pour des écoles, des enfants,
parce qu’on en a pas encore mais on aime les enfants et on aime la vie.
Elle est assez dure et si on peut faire plaisir à cinquante jeunes dans
une école, c’est déjà quelque chose. On s’investit
dans des associations sportives et culturelles de notre quartier. »
Quand est-ce qu’on peut attendre le nouvel album de Wa BMG 44 ??
Matador et Manu : « 2004 !!! »
Matador : « Ca va faire 1-9-9-4 et 2-0-0-4. 2004, ça sera l’année
de Wa BMG. »
BIG'UP à Wa BMG et à PEE FROISS qui était là aussi. RESPECT, les gars!!!
Sir by Michael Sunday October 05, 2003 at 08:59 PM |
Wa BMG 44 seront encore en Belgique, le 24/10 à la Salle Delvaux, Av Paul Héger 22 - 1050 Brussels. Disque bientôt dispo (à Dakar!).
wéééé by jessie Sunday October 05, 2003 at 09:08 PM |
jessie@indymedia.org |
Le disc "Dakar - BXL" est sorti au mois de septembre au Sénégal. Dans les prochaines mois il y a différentes concerts de wa bmg. L'année prochaine le disque 1944-2004 sort en belgique et au sénégal. Moi je l'ai entendu et il est super. En plus, la pochette est tres tres belle. Big Up à Babacar, Manu, Ousmane et Amath.