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Journal de bord de Che Leila 11 juillet 2003
by Line Monday July 14, 2003 at 09:54 AM

On se trouve à Yarmouk, le plus grand camp de réfugiés palestiniens de Syrie ... Le journal de bord de Line en direct des camps Palestiniens en Syrie.

Line:

Jeudi 10/07/2003

Il y a un peu moins de 24h, j'étais encore dans ma petite Belgique et maintenant je me trouve en plein milieux d'un camp de réfugiés palestiniens en Syrie. Le dépaysement est grand. On se trouve à Yarmouk, le plus grand camp de réfugiés palestiniens de Syrie. Il compte plus de 100.000 réfugiés et le camp ressemble plus à une ville qu'à un camp. La plupart des réfugiés sont de réfugiés de 48 qui ont du quitter la Palestine lors de la création de l'Etat d'Israël. Ca fait bientôt 55 ans qu'ils sont ici, les gens ne dorment plus dans des tentes depuis longtemps et ont commencé à construire des maisons.

Hier, on est arrivé vers 20h à l'aéroport de Hamman. Après un contrôle assez long à la douane, on a pu se diriger vers notre petit hôtel en plein cœur d'un quartier populaire de Hamman. Autant dire que le nombre de touriste qui passe par ici est assez limité et qu'on ne passe pas vraiment inaperçu.

Ce matin, on est parti à 10h pour nous rendre ici à Damas. Le passage des différents postes frontière ne s'est pas fait sans mal. On a été contrôlé en tout et pour tout 4 fois alors qu'il n'y a qu'une frontière entre la Jordanie et la Syrie: 2 pour sortir de la Jordanie et 2 pour entrer en Syrie. La raison de se contrôle est la différence de position politique entre la Jordanie et la Syrie avec le conflit en Irak ce qui a pour conséquence qu'on vérifie minutieusement toute les allées et venues des étrangers sur le territoires. Nous apprenons en même temps que les camps de réfugiés n'ont pas le droit d'accueillir des délégations internationales et que nous ne sommes officiellement pas autorisé à faire notre programme. Bilan de ces formalités: 2h30 de retard!

C'est vers 16h qu'on arrivera finalement ici, à Yarmouk où nous sommes accueilli par un groupe de jeunes palestiniens. L'ambiance me rappelle un peu mon voyage en Palestine il y a deux ans. La même envie de chanter et de danser tout le temps et puis surtout l'envie de libérer la Palestine. La communication n'est pas toujours facile et la barrière de la langue est parfois frustrante mais on a fini par trouver quelques personnes prêtes à jouer le rôle d'interprète. On discute un peu et je raconte que j'ai visité la Palestine il y a deux ans. Il m'écoute avec attention et je vois qu'ils essayent de s'imaginer à quoi cette Palestine peut bien ressembler. Je réalise que ces jeunes palestiniens auquel je suis en train de raconter mon voyage n'ont jamais vu la Palestine eux-même. Je suis fière de pouvoir leur parler de leur pays, mais j'ai en même temps un sentiment de culpabilité. Pourquoi moi j'ai pu visiter la Palestine et eux pas? J'ai l'impression de leur avoir volé une partie de leur existence.

L'identité palestinienne est très très forte. Tous ces jeunes sont palestiniens et quand on leur demande d'où ils viennent, ils ne répondront pas Damas mais la ville d'où leur parents ou grands-parents ont été chassé. On a préparé un petit questionnaire et on a décidé de faire des interviews des jeunes pour essayer de comprendre ce phénomène.

Après un petit repas composé de pain et de houmous, un plat typiquement palestinien, et après avoir chanter quelques chansons, on est parti en petit groupe se balader dans les rues du camp en petit groupe de 4. La ville est très animée le soir et les magasins restent ouvert jusqu'à 22h. Les palestiniens nous expliquent que beaucoup de jeunes n'ont pas de travail et qu'ils passent beaucoup de temps à traîner dans les rues. La situation pour ces jeunes n'est pas toujours facile.

Il est 21h30 quand on rentre dans les familles d'accueil où nous dormirons cette semaine. Notre famille sont des réfugiés de 48. Les parents de notre famille ont quittés la Palestine pour le Liban mais pour des raisons financières, ils sont venus habiter ici en Syrie. Partout sur les mur on peut voir des photos de Jérusalem, des posters sur la Palestine et toutes sortes de bibelots sur l'Intifada. La Palestine est omniprésente dans toutes les maisons du camp.

Vendredi 11/07/2003

Vendredi est un jour saint ici en Syrie, un peu comme le dimanche chez nous. Tous les magasins et l'administration sont fermés. C'est donc le moment idéal pour visiter la vielle ville de Damas. En semaine, les rues sont bondées et il est presque impossible de s'y promener sans s'y perdre. On visite les remparts de la vielle ville et la mosquée des Omeyyades, une grande mosquée au centre de la ville. Ils y a plusieurs siècle, cette mosquée était un temple chrétien mais lors de l'islamisation, on en a fait une mosquée magnifique. On a même pu visiter la salle des prières qui est immense. On y trouve un espace de calme qui contraste avec l'agitation de la ville.

On s'arrête ensuite sur la terrasse d'un café pour y boire un verre de thé et pour fumer le narguilé. Le thé, le narguilé et une dizaine de camarades palestiniens, le mélange idéal pour une petite discussion sur la situation du peuple palestinien dans les camps de réfugiés. Beaucoup d'entre nous était étonné de voir que la situation des réfugiés à Yarmouk était relativement bonne malgré une certaine pauvreté. Hamed et Wissam nous ont expliqués que Yarmouk est une exception et que la situation est loin d'être bonne dans les autres camps. Yarmouk est un camp immense et il n'est pas possible de contrôler les entrées et sorties des réfugiés. Les autres camps sont plus petits et sont de vrais ghettos. Le camp est entouré d'un grand mur et pour entrer ou sortir du camp, il faut montrer son passeport. Vu que les réfugiés ne sont pas autorisé à accueillir des délégations étrangères, il n'est pas possible pour nous d'y entrer. La raison pour laquelle l'Etat syrien ne nous autorise pas à visiter le camp n'est pas encore très clair et il faudra que je me renseigne à ce sujet.

Le soir, on passe la soirée, comme beaucoup d'autres jeunes palestiniens, à errer dans les rues de Yarmouk. Les rues sont bondées et très animées.