Première assemblée de voisins de Saint-gilles contre les rafles de sans papiers by des Saint-Gillois Thursday July 10, 2003 at 08:00 PM |
La première assemblée de voisins de Saint-gilles contre les rafles de sans papiers a eu lieu ce mercredi 9 juillet, en deux langues et sous le soleil. Entre 200 et 250 personnes y ont participé.
Petit rappel des faits.
Le 24 juin on apprenait, par la bande, qu'une rafle de sans-papiers latino-américains avait eu lieu au numéro 17 de la rue de la Perche. On apprendra par la suite qu'il y a eu plusieurs opérations similaires dans six immeubles, quatre à Saint-Gilles et deux à Bruxelles-ville. Alors que les policiers raflent dans la violence plus de 80 personnes, la version officielle nous dit que les autorités luttent contre les propriétaires "indélicats" qui louent des logements insalubres, à des sans-papiers, à des prix énormes. Des membres d'associations se battant pour le droit au logement ont depuis visité certaines de ces maisons, celles qu'ils ont vues ne sont nullement insalubres. La police a changé les serrures des logements et "invite" les personnes qui le voudraient à passer au commissariat pour aller chercher la clef et récupérer leurs affaires.
Lundi avait lieu le conseil de police, à la maison communale de Saint-Gilles. La séance était publique. Environ 80 personnes équatoriennes y ont assisté. Elles venaient chercher des informations sur les membres de leurs familles et leurs amis disparus. Pour seule réponse à l'interpellation d'une conseillère écolo, le chef de la zone de police, Simonet, répondra : "je vais vous décevoir mais nous n'avons rien à voir avec tout ça, nous n'étions même pas au courant des faits, c'est la police fédérale qui a mené les opérations". Rappelons tout de même qu'on nous a seriné sur le fait qu'il s'agissait d'une police unique sans aucune hiérarchie entre les différents corps. Rappelons également que les questions d'hygiène et d'insalubrité sont de compétence communale.
En tant qu'habitants de saint-Gilles, nous avons voulu réagir pour affirmer que nous refusions de vivre dans une commune qui collabore à des rafles de sans-papiers. C'est afin de dégager ensemble, habitants et victimes étrangères, des pistes de travail pour contrer ces opérations que nous nous réunissons dans l'espace public. Outre les victimes des rafles qui ont été relâchées (ceux qui ont un dossier de demande d'asile en cours), leurs proches et les voisins de Saint-Gilles, les consuls d'Equateur et du Pérou étaient présents.
Certains responsables d'associations sociales saint-gilloises ont subit des remontrances de leur hiérarchie pour avoir diffusé le mail d'invitation à l'assemblée. Pour avoir fait la même chose, des personnes travaillant à la commune de Saint-Gilles ont été convoquées par le bourgmestre.
Lors de l'assemblée du 9, un résumé de la situation a été fait. Des gens ont déjà été expulsés, mais reviendront, leur famille est ici. D'autres sont encore concentrées, avec des enfants et des bébés, dans différents centres fermés. D'autres vivent dans les parcs à Saint-Gilles. Certains ont déjà reçu la visite de la fille du propriétaire qui leur réclame le prochain loyer. Signalons que les personnes arrêtées et celles qui ne peuvent plus rentrer dans le logement pour lequel un loyer est toujours en cours, ont payé une garantie locative qu'elles ne récupéreront sans doute jamais.
Les personnes présentes à l'assemblée ont discuté premièrement des actions concrètes à mener avec les équatoriens, notamment :
- sur la nécessité d'un local pour entreposer les affaires, plusieurs associations ont proposé un lieu. Des belges accompagneront les occupants des immeubles rescapés pour aller chercher les affaires.
- sur un réseau de logements de secours, les personnes pouvant héberger certaines des victimes en urgence peuvent proposer leur aide lors de la prochaine assemblée.
- une chaine téléphonique efficace pour se tenir au courant si d'autres rafles venaient à avoir lieu. Il est nécessaire que les différentes communautés s'organisent pour au moins prévenir les voisins et associations lorsque le cortège de camionnettes de police vides arrivent au bas de leur immeuble.
- des questions aussi liées à ceux qui continuent de payer un loyer exhorbitant pour des logements insalubres.
Les nombreux équatoriens présents ont élu une personne qui représentera leurs intérêts et travaillera à l'organisation de la communauté équatorienne pour contrer les actes des autorités de ce pays.
Il a été question d'impliquer et d'inviter d'autres organisations spécialistes, de trouver des avocats disponibles pour défendre les sans-papiers, d'organiser un réseau de maisons solidaires. Pour cela, différentes personnes se sont engagées à chercher des solutions et à revenir à la prochaine assemblée avec les infos concrètes.
En second lieu, l'assemblée a abordé la question de mener une action - manifestation sur Saint-Gilles, ainsi que d'organiser une conférence de presse. L'idée évoquée jusqu'à présent est de faire un parcours qui passerait devant chacune des maisons où a eu lieu la rafle et d'écrire sur la rue des textes et revendications pour laisser des traces de qui vivait là, de ce qui s'est passé. Il est nécessaire également d'identifier les différents propriétaires et de diffuser largement leur identité et leur visage. Un groupe de travail se réunit aujourd'hui à 20 heures en face du café de l'Union sur le carré Hotel des Monnaies afin d'élaborer plus concrètement la proposition.
PROCHAINE ASSEMBLEE ce VENDREDI 11 A 18 HEURES au même endroit, c'est-à-dire le croisement entre le Parvis de St Gilles et la rue de Moscou.
On invite tout le monde à venir à cette assemblée pour discuter :
1/ Où en est-on avec les logements, les clés, les avocats ?
2/ Action sur Saint-gilles.
3/ Conférence de presse.
4/ Affiches, autocollants, tracts pour revendiquer l'arrêt des rafles dans notre cadre de vie.
D'autres point s'ajouteront à l'ordre du jour selon les besoins et la situation du moment.