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Les marxistes et la religion sous ses multiples formes

On a vu et lu beaucoup de « choses » sur ce site à propos de la religion et son lien avec le marxisme. Je voudrais souligner le mot « choses » car si le thème peut sembler très intéressant au premier abord, il n’a aucun aboutissant matériel. C’est un débat complètement transcendant, bergsonien, futile et fallacieux.
N’importe quel écolier peut, en découpant des citations d’un livre, faire avouer à Bush son penchant musulman et au Pape qu’il est marié. Quoi de plus facile et surtout quoi de plus futile ?

On distingue deux questions (sous-entendues), l’une pratique et l’autre méthodique. La question méthodique tient simplement à poser la question de savoir quelle position ceux qui se prétendent marxistes doivent adopter face à la religion. Je n’évoquerai pas la question pratique, qui découle elle-même de la première car elle susciterait trop d’aboiements vu qu’elle tient uniquement par des considérations de politique politicienne, c’est à dire à la politique des partis qui affichent encore les photos de Marx.

Un marxiste est avant tout quelqu’un qui se positionne par rapport à son environnement et qui évite le dogmatisme dans lequel tente de l’enfermer l’idéologue capitaliste, qui justement vient ressasser quelques citations qu’on doit aux vieux barbus. La religion était au XIXe l’un des plus grands freins au développement et à la libération des hommes du joug de l’exploitation féodale et/ou capitaliste. Il n’est pas étonnant de lire Marx contre la putain de Rome. Les communistes sont les initiateurs véritables de la laïcité dans son sens positif (bien avant que les soi-disant libre-penseurs ne se couvre du drapeau laïc pour mieux se substituer au clergé). Ce sont eux qui ont chassé les icônes et les hagiographies des esprits de la classe ouvrière. Ca, c’est du concret !

En ce début du XXIe siècle, les marxistes sont tout à fait conscients que la Religion ne constitue pas (et plus) un bloc monolithique. Elle adopte plusieurs visages différents en fonction de son développement à un stade bien déterminé. Examinons par exemple le cas de l’Islam puisque, pour tenir compte des allusions si nombreuses sur ce site, c’est bien de la collusion entre un groupe musulman et un autre communiste qu’il s’agit. (Devinez de qui il s’agit, et vous saurez aussi contre qui les incessantes attaques étaient dirigées)
L’Islam de par son évolution est une composante incontournable de la vie des hommes et des femmes du moyen orient (et d’ailleurs aussi) et exerce une influence sur toutes les décisions politiques tant au niveau supérieur comme sur les émirs du Golfe, qu’au niveau de la base populaire, tel le mouvement insurrectionnel libanais contre les phalangistes de la famille Jemayel. Les marxistes vont donc subdiviser les catégories de musulmans, entre ceux qui adoptent des positions anti-impérialistes qui mèneront dans une certaine probabilité contrôlée par plusieurs facteurs, à des situations révolutionnaires et ceux qui au contraire représentent et représenteront pour longtemps encore les forces de la Réaction.

En Belgique, des communistes se sont liés avec des musulmans, avec la conviction que cette alliance renforcerait les positions anti-impérialistes qui vivent parmi les masses islamiques en Belgique. C’est assez indigeste pour l’Etat, c’est assez louable en terme de dévouement et de sacrifice. Se basant sur des faits historiques bien connus (Abdel Kadeer et Abdel Krim), ils ont ouvert une voie qui demande encore beaucoup d’efforts et de courage pour mener à des résultats palpables. A côté, des petits individus se perchant au milieu de petits groupements auto-proclamés marxistes, ont comme je l’ai décrit, ont une lecture très dogmatique de Marx, lorsqu’ils ne sont pas complètement vendus à la Réaction. Oser écrire et réécrire qu’un marxiste doit nier l’existence de la Religion et de ses multiples formes, c’est faire preuve avant tout de très mauvaise foi. Etre marxiste et faire silence devant de pareilles inepties, c’est manquer d’initiative.

La communauté musulmane de Belgique est très riche de savoir et de savoir faire. Elle a développé dans le chef des jeunes issus de ses entrailles, des formes organisationnelles qui sous certains aspects, apparaissent tout à fait adéquates à la lutte contre le capitalisme. Les marxistes auront cœur à se mettre à l’ouvrage rapidement dans l’étude et le travail de masse.

En fait, je ne me sens pas concerné par cette intervention, très intéressante au demeurant. En effet, étant libertaire, absolument pas marxiste, je ne suis déjà pas l'objet de la réponse de l'auteur de ce post. En outre, il n'est pas question, dans aucune de mes interventions, de nier l'existence de la religion (ce qui est assez étrange, comme idée, d'ailleurs), mais bien de remettre en question toute possibilité de mise en avant de celle-ci sur un plan politique.

Je répondrai cependant en partie par la suivante intervention:

La république française, certes réactionnaire et encore baignée de catholicisme nauséeux dans beaucoup de domaine, est parvenue, bon an mal an, à réduire considérablement l'importance de l'église dans les décisions de l'état. Même chose en Belgique, malgré la présence de partis catholiques encore plus ou moins affirmés. Si ce n'est pas nécessairement au bénéfice du socialisme, il faut remettre tout de même dans son ensemble cette situation: un Charles Woeste n'aurait jamais envisagé qu'une femme devienne vice-premier ministre -fût-elle médiocre, ni même haut-fonctionnaire. Les femmes, dans notre pays, sont libres d'aller et venir, de faire des études, d'enseigner la liberté sexuelle, lorsqu'aucun homme homme ne s'avise d'en prendre ombrage pour la remettre dans "le droit chemin" de la soumission à son genre. Cela, c'est un véritable acquis. C'est à cela qu'il faut penser lorsque nous nous battons: un certain nombre de choses sont acquises. On ne peut nier qu'il fait mieux vivre chez nous pour une femme qu'en Colombie, en Egypte ou en Tchétchénie. Et la religion est la première responsable de ce moins-bien vivre là-bas. (il reste qu'il fait mieux vivre pour certaines femmes que pour d'autres en Belgique aussi, et que ce n'est pas normal: c'est pour cela que je suis, reste et demeurerai socialiste en même temps qu'anarchiste, naturellement)

Il ne s'agit pas de nier que la foi est une liberté fondamentale. Au contraire. Mais aucun choix politique ne devrait se faire sur des bases corporatistes. Tous devraient se faire sur base de l'intérêt de chacun, de tous, de la liberté et de l'égalité. A cet égard, la réflexion autour d'alliances de groupes est souvent complexe. Que ce soit avec un groupe théologiquement engagé, ou entre deux groupes idéologiquement peu compatibles. Alors quoi? cessez d'être "ni, ni", vous n'êtes pas productifs, me diront certains.

C'est faux. Je suis productif, parce que je défends la multiplicité des alternatives. Le jour où, suite à je ne sais quel miracle, vous vous retrouverez, marxistes et alliés islamiques, devant le choix de la forme de l'Etat, que ferez-vous, qui serez-vous, les uns pour les autres? des ennemis. En tout cas, il semble bien que les communistes d'Iran l'ont compris de cette manière... Et si l'histoire ne nous apprend rien, alors laissons-nous emporter par la brise de l'irrationnel, parce que cela veut dire que l'expérience passée ne peut être traduite en raison...

Mais si l'irrationnel l'emporte, foutez-moi la paix!

Mes alliances, je les fais avec des marxistes, des chrétiens, des musulmans, des athées, etc. qui acceptent de ne pas mettre en avant autre chose que leur volonté de promouvoir la liberté de pensée, d'agir et d'expression, mais aussi l'égalité en droits et en réalité(s).
Mes alliances se font avec des individus capables de se mouvoir dans un réseau et de reconnaître que certaines de leurs convictions ne doivent pas être partagées par tous...

Idris Minuissi dit:

"En Belgique, des communistes se sont liés avec des musulmans, avec la conviction que cette alliance renforcerait les positions anti-impérialistes qui vivent parmi les masses islamiques en Belgique."

Puis-je remarquer que l'ennemis des musulmans en Belgique, c'est surtout le racisme et la discrimination partout.

Comme ils sont toujours simplistes les marxistes! Rien ,'a changé.