arch/ive/ief (2000 - 2005)

Tibet ... suite
by Upali Wednesday July 02, 2003 at 11:47 AM
Upali@netzack.zzn.com

J’ai été surpris d’un certain nombre de réactions lorsque j’ai proposé de ne pas oublier le Tibet dans les luttes altermondialistes.

J’ai été surpris d’un certain nombre de réactions lorsque j’ai proposé de ne pas oublier le Tibet dans les luttes altermondialistes.
Certaines m’ont parues d’un aveuglement démesuré, rempli de pré-jugés, s’appropriant le sens de l’esprit libertaire et reléguant aux égouts toute sensibilité culturelle. Certaines autres, heureusement, remettait le discours à sa place.

De toutes nos sensibilités nous avons réussi ( !) à nous rejoindre en un même mouvement de masse. Tel qu’il est, aujourd’hui il existe ; parce que nous avons simplement pu nous réunir autour de quelques règles de base qui, en fait, nous unissaient.
Parmi celles là le respect de la personne humaine … de l’individu au moins en théorie.

Pour certains d’entre nous, ce simple respect poussé dans ses plus profonds retranchements est la « règle du jeu » suffisante pour créer un système social humain, humain.
Bakounine l’avait exprimé, dans toute sa complexité « ma liberté s’arrête là où commence la liberté des autres » … « et réciproquement ».
Peut se prétendre libertaire celui qui est capable d’appliquer cette règle, pas seulement superficiellement et dans les grandes lignes, mais dans son expression la plus infime, qui s’astreint à la respecter dans les moindres recoins de son intimité la plus profonde, à chaque instant de sa vie, dans toutes les circonstances … tel est l’enjeu de la Grande Utopie Libertaire.
Pensiez vous qu’il puisse en être autrement ?
Votre réflexion sur l’avènement d’un monde meilleur pour tous s’était elle arrêtée à quelques engagements activistes ?
Etes vous prêt à en faire une lutte pour toute une vie, ou vos rêves finiront ils par vous amener autre part ?
Pensez vous que votre engagement du moment, quelqu’il soit, puisse être suffisant pour créer ce monde meilleur dont vous n’osez même plus rêver ? et quand bien même la terre entière réagirait comme vous, serait ce suffisant pour supprimer toute la souffrance humaine ?
L’aventure n’est pas simple, une vie est bien courte, et il y a temps de choses à faire entre deux … mais admettez que pour un esprit qui réfute les dieux et les maîtres, et toutes formes d’emprisonnement … une seule, simple règle, respectée dans ses moindres détails, ça ressemble à une Utopie constituante d’un Peuple Humain … non ?

Tous que nous sommes, malgré nos différentes perceptions et sensibilités, nous sommes tous à la recherche d’une même chose … être heureux … ou tout du moins arrêter de souffrir. Et pour beaucoup d’entre nous la chose n’est pas facile … il y a temps de souffrance, a l’extérieur, à l’intérieur, et surtout maintenant …
Que faire de plus, que je ne fais déjà pas, ou mal, pour participer à l’extinction de cette souffrance. Agir en activiste n’est ce pas déjà beaucoup ? quelles actions supplémentaires dois je mener pour que ma lutte s’inscrive dans un processus à plus long terme ?

La réponse est simple, elle semble même évidente … je travaille sur ma personne pour être en accord dans chaque instant de ma vie sur l’instant où ma liberté s’arrête, je rectifie mes automatismes, j’insuffle à mon être de nouveaux réflexes, je mute, je prépare les gênes qui permettront à des générations futures d’avoir intégré dans leurs modes de fonctionnement naturel cette simple définition de la liberté …
En ces temps là l’utopie se réalisera … l’individu sortira de sa caverne et ainsi débutera l’ère de l’humanité.
Bel objectif … et encore énormément de boulot.

Pour revenir au Tibet, et à travers le pays, la culture, et bien entendu le bouddhisme.
Quelques rapides explications pour recentrer le débat.

Le bouddha historique, celui que nous connaissons, est celui qui dans notre histoire s’est affirmé en premier en tant que bouddha. « bouddha » a de nombreux sens qui décrivent tous un état d’être humain. D’une façon générale, tous les sens du terme bouddha désigne l’individu qui s’est posé les questions de l’être, « qui suis je », et qui y a répondu … qui a réalisé le sens de l’état d’humain … difficile à atteindre, rarement atteint.

C’est à la suite d’une longue méditation, c’est à dire une réflexion continue, ininterrompue, que, sans en perdre un seul instant le fil, sans l’entrave des autres pensées qui interfèrent, il a réfléchi aux tenants et aboutissants de l’état d’être. Il a couvert le sujet en examinant d’abord le corps et ses composantes et leurs rapports avec l’individu, il a structuré, analysé, réfuté les fausses vues, suivi le chemin des évidences, reprogrammant pas à pas ses propres dispositions d’être.
Sa méditation ininterrompue dura plusieurs jours.
Puis il sorti du bois où il s’était isolé, rencontra un personnage et lui annonça qu’il était le bouddha.
Son premier discours commence par « L’esprit préside aux choses, pour l’essentiel elles sont pensées, faites de pensées … »
Le Bouddha fut le premier à se reprogrammer à partir du fil de la réflexion sur l’identité de l’être qu’il réussit à suivre, sans interruption, pendant plusieurs jours, jusqu’à ce qu’il ait finalisé sa propre mutation, puis il assuma son état devant le monde entier.

Sa vie se poursuivit au rythme d’un périple local au nord est de l’inde, entraînant derrière lui une troupe de plus en plus nombreuse et le large cercle de ces proches disciples.
Le bouddha n’a pas écrit, il a fait de longues réponses publiques explicatives à ceux qui le consultait, quelques discours et divulgué son enseignement a qui voulait l’entendre. Ces disciples proches formalisèrent en quelques volumes la pensée et la parole du bouddha historique après sa mort.

Le bouddha parle de son expérience, il enseigne la raison et les moyens pour arriver à cet état de bouddha. Il n’est ni d’essence divine, ni fils, ni même cousin d’un dieu. C’est un simple être humain qui a suivi avec la plus extrême rigueur son raisonnement et l’a dans le même temps mis en pratique.
Il enseigne les techniques de méditation qui permettent de poursuivre un raisonnement, sur de très longues périodes, sans que celui-ci ne soit interrompu par telle image ou telle autre pensée.
Quand à la raison, c’est à elle qu’il fait appel …
Il explique que peut être il existe le bonheur dans cette vie, peut être dans la vie précédente ou dans la vie future ou encore après la vie … mais quelqu’elle soit, la réflexion sur ces sujets ne peut qu’aboutir à une croyance, car hors de cette vie il n’y a pas de témoignage crédible, et dans cette vie il n’y a pas de témoignages plus crédibles.

Si il n’y a pas de garantie sur l’existence du bonheur il en existe une sur l’existence de la souffrance.
Il a donc en premier affirmé l’existence de la souffrance. Dans le jargon bouddhiste l’existence de la souffrance s’appelle la première noble vérité. Parce que c’est la première chose que l’on puisse réellement affirmer.

Puisque la souffrance existe alors elle a une origine … comme toute les choses qui existent sur cette planète.
L’origine de la souffrance est la deuxième noble vérité.
La façon dont la souffrance s’exprime n’est que le reflet du message qu’elle veut exprimer comme le montrera bien plus tard Lacan. Toutes les souffrances ont une origine commune.

Toute chose qui existe ayant une origine, elle a donc aussi une fin.
L’existence de l’extinction de la souffrance est la troisième noble vérité.
Débarrassé de la souffrance, l’esprit atteint un état appelé nirvana dans le jargon des spécialistes. Peut être est ce cela le bonheur recherché … simplement l’absence de souffrance ?

La quatrième noble vérité est le chemin qui mène à l’extinction de la souffrance.
Le chemin qui mène à l’extinction de la souffrance est le cœur de l’enseignement du bouddha, dont les principaux dépositaires aujourd’hui sont le Dalaï Lama et les moines tibétains en exile ou résistant à partir du Tibet au joug chinois.

La non violence est à la base de l’enseignement du bouddha, comme elle l’est pour beaucoup d’entre nous, et chacun peut revoir les images de ces moines s’immolant sans un frémissement, commettant l’acte de résistance le plus violent qu’ils puissent, sans pourtant enfreindre la moindre parcelle de liberté de ceux qui sont visés.
Tous sont dépositaires de cette culture qui, du bouddha historique à nos jours, a pratiqué et complété l’enseignement oral et écrit du bouddha.

Le bouddha, ses enseignements, ceux qui les représentent, la terre où toute sa représentation avait trouvé asile depuis des centaines d’années sont la richesse de notre humanité, car là se trouve notre savoir le plus profond sur l’être, un véritable savoir, où il n’est pas question de dieux ni de déités, simplement basé sur la raison , l’intelligence critique, et la discipline dans la pratique.

Une fois nos esprits débarrassés des fausses vues qu’ont imprimé en chacun de nous nos cultures individuelles, il devient possible de réaliser, en toute objectivité, que l’expérience du bouddha fait de son enseignement un modèle pour toutes les démarches libertaires et utopiques.

Viendra le temps de comprendre ce que représente le bouddha et son enseignement pour l’humanité.

Quel rapport ??
by Ni Dieu, ni maître, ni lama Wednesday July 02, 2003 at 01:03 PM

Quel rapport entre le Tibet et l’altermondialisme ? Avait-on besoin d’un peu d’obscurantisme en plus ? Quelle rigolade.
Enfin, sans rire maintenant, on peut comprendre l’inquiétude des gugusses qui suivent les dires et les délires de la Religion : le lama fort malade ces derniers temps est politiquement mort puisque l’Inde reconnaît que le Tibet est chinois et que le Népal a expulsé tous les groupes pro-lama (et surtout pro-américains). Tous les idolâtres du lama sont sur le point de se voir envoyé au chômage…
Oui, à ce moment-là peut-être, le mouvement altermondialiste aura une pensée pour vous, mais jamais, vous ne serez les porte-parole du mouvement. Que le monde tolère que le lama squatte les Hilton palaces aux frais des salariés est déjà un scandale, mais que des pseudo-anars se mettent à réciter les soutras des moines bedonnant (tiens ! Il faudra qu’ils expliquent comment ils s’y prennent pour attraper leur ventre, vu qu’il leur est interdit d’ingérer de la viande…), c’est à n’y plus rien comprendre.
Ni Dieu, ni maître,
Ni Dalaï-lama !

Il s'agissait bien de cela
by upali Wednesday July 02, 2003 at 08:23 PM

La réponse prouve bien que certains d'entre nous d'abord ne savent pas lire, puisque le texte souligne du début à la fin qu'il ne s'agit ni de dieux, ni de maître ... et même pas de maîtres de l'anarchie (sauf peut être certains comme Bakounine ou d'autres véritables libertaires).
Par contre bien d'autres dieux existent, ce sont toutes nos nombreuses croyances, tel que la croyance que le bouddhisme est une religion, la croyance qu'il suffit de se satisfaire de stéreotype sans chercher à approfondir. Il est tellement plus facile de perpétrer ces "on dit" que d'investiguer pour savoir ce qu'il pouvait y avoir de vrai dans mes dires.
Je peux penser que d'autres ont su lire et se démarquerons de ton avis aveuglé et satisfait de l'être.

Ni dieu, ni maître, ni aucune autre forme d'obscurantisme !