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Grève SNCB • Pas un train n'a roulé
by Paul De Rammelaere Monday June 30, 2003 at 10:10 PM

Paralysie totale du rail, ce 30 juin, tant en Flandre qu'en Wallonie. La participation à la grève dépasse de loin les prévisions, ce qui montre le potentiel pour combattre le plan Vinck (10.000 emplois menacés).

A Liers, dans la région liégeoise, quelques femmes sont venues au piquet avec leurs enfants, dimanche soir, pour épauler leurs maris. Mais le piquet de grève n'a pas eu de travail. Personne ne s'est présenté pour prendre le service. Les gens ici, poseurs de voie et nettoyeurs de train, sentent leur emploi directement visé. Etre mis d'office à la prépension mettra pas mal de familles dans une situation impossible, surtout quand on a encore des enfants aux études.

Comme eux, un poseur de voie de Charleroi dénonce la privatisation des travaux et de l'entretien de la voie. Le privé est soi-disant moins cher. Mais il arrive souvent que les cheminots doivent intervenir après coup, parce que les travaux ont été mal effectués.

A Kinkempois-Liège, la direction de la SNCB a toutes les peines du monde à trouver des machinistes pour assurer les trains de fonte de Cockerill qu'on laisse rouler d'habitude lors d'une grève de 24 heures. Ce n'est pas un hasard. Les machinistes de Kinkempois font les trains de marchandises: une activité que Vinck veut filialiser en créant une société de droit privée. Une pétition circule d'ailleurs parmi les machinistes, dans laquelle ils disent: «Nous ne voulons pas d'un scénario ABX où, aujourd'hui, 90% du personnel est contractuel.»

«Une seconde de distraction peut avoir des conséquences catastrophiques»

Un signaleur de Gand raconte au piquet: «Je travaille dans un poste de signalisation important. Normalement, nous travaillons à deux, mais désormais, nous sommes seuls la nuit. A deux, on pouvait se relayer. Etre seul demande une concentration à 100% pendant 8 heures. Une fraction de seconde de distraction peut avoir des conséquences catastrophiques.»

«Ils veulent encore plus de flexibilité pour les roulants, dénonce un machiniste anversois. On parle à nouveau de l'introduction des services coupés: venir travailler quatre heures le matin et quatre heures le soir. On envisage même d'allonger nos prestations jusqu'à 11 heures, alors qu'aujourd'hui la durée maximale est de 9 heures. Notre santé en prendra un coup supplémentaire, mais aussi la sécurité du trafic ferroviaire.»

Déçus de participer à ce qui ressemble fort à une grève en pantoufles

Dimanche soir, les plus grands piquets comptaient une soixantaine de personnes. Ce lundi matin, les piquets sont symboliques. Les participants sont contents de voir le mouvement bien suivi, signe qu'il y a un grand potentiel pour combattre le plan Vinck, mais déçus de participer à ce qui ressemble fort à une grève en pantoufles: les dirigeants syndicaux n'ont prévu ni rassemblement, ni manifestation.

On dirait qu'ils ont peur que les travailleurs se mettent vraiment en route contre le plan Vinck. Ils font vraisemblablement plus confiance dans les partis socialistes qui, ces derniers jours, ont fait quelques déclarations ronflantes contre la suppression des 10.000 emplois. Pourtant, ces partis ne s'opposent pas à la privatisation du trafic marchandises, ni à celle de l'entretien des gares et du matériel roulant. Et ils ont déjà souscrit au niveau européen à la libéralisation et privatisation du trafic voyageur. C'est dans cette perspective que Vinck veut supprimer 10.000 emplois.

Certains hauts dirigeants syndicaux essaient déjà de préparer les esprits à la capitulation en disant aux cheminots: «Il faudra bien laisser quelques plumes, si nous voulons être concurrentiels.» C'est aussi ce qu'on disait aux Sabéniens... Qui peut croire que le trafic marchandises belge, même restructuré, pourrait concurrencer les grandes multinationales? Il sera résorbé par eux. Suivra ensuite le trafic voyageurs. A moins qu'on entame le combat contre la libéralisation et la privatisation elles-mêmes. Pour assurer un chemin de fer réellement au service du public.

NL: http://spoor.pvda.be
FR: http://rail.ptb.be