arch/ive/ief (2000 - 2005)

Rencontre avec Elisabeth Badinter

Philosophe et féministe engagée, Elisabeth Badinter ne mâche pas ses mots quand il s'agit de défendre la laïcité.

Pote à Pote : En tant qu'intellectuelle attachée aux idéaux des Lumières, considérez-vous que la laïcité est battue en brèche en ce moment ?

Elisabeth Badinter : Je suis convaincue qu'une majorité de la population française, quelle que soit son origine, est pour la laïcité en tant que protection de la liberté de chacun. En revanche, j'entends monter l'intégrisme religieux depuis une bonne dizaine d'années, que ce soit chez les musulmans ou chez les juifs. Ce sont désormais les religieux qui, d'une certaine façon entendent peser sur les communautés. Alors certes la laïcité n'est pas en danger du fait d'un consensus majoritaire pour la faire respecter. Mais la pression des religions est bien plus importante que jadis. Plus grave encore, pendant 20 ans, la montée du différentialisme a fait des dégâts. Cette conception étrange de la liberté qui dit « je fais ce que je veux et je vous emmerde », sans souci des autres, constitue un profond mouvement de société. En France, nous sommes très influencés par cette notion anglo-saxonne de la liberté. Résultat, le communautarisme monte en puissance.

PàP : Dans votre dernier livre (Fausse route, chez Odile Jacob), vous dites que le port du voile chez les jeunes filles musulmanes s'apparente à un anti-universalisme.

E.B : Oui, car on affiche son particularisme religieux comme étant supérieur à la loi commune de la République, comme un défi. Or cette loi commune veut que l'on garde ses particularismes pour la vie privée, et que l'on ôte tout signe ostentatoire dans les lieux publics (école ou administration). La laïcité s'oppose aux particularismes. Elle garantit l'égalité.

PàP : Dans ces conditions, faut-il une loi pour préciser celle de 1905 ?

E.B : La loi peut être inévitable. Mais elle peut surtout être évitable. Je pense que la loi créerait trop de polémiques et de conflits. Pour cela, il faut faire appel aux responsables communautaires, qui possèdent l'autorité pour dire « non au voile » ou « non à la kippa » dans les salles de classe. Dans un délai d'un an, on doit pouvoir se donner les moyens de régler la situation en douceur, avec l'aide de ces responsables. C'est à eux d'expliquer que le voile n'est pas indispensable, que ces signes ostentatoires n'ont pas leur place à l'école. Il faut mettre les religieux au pied du mur. Car le voile pour les jeunes filles musulmanes, pour moi féministe, c'est insupportable. Cela signifie qu'on fait de la femme la responsable du désir de l'homme. Si on accepte le voile aujourd'hui, pourquoi pas une burka demain ?

PàP : Vous écrivez aussi que « la République a abandonné ses quartiers ». Pensez-vous que le discours identitaire s'est engouffré dans cet « abandon » ?

E.B : Absolument. A force de bons sentiments et de lâcheté, (on a même respecté l'excision ou la polygamie à une époque au nom de la sacro-sainte « liberté »), on ne s'est pas attaché à faire respecter l'égalité. Les gouvernements successifs n'ont pas jugé bon de le faire parce que sur le fond, cela les arrangeait bien d'abandonner les filles à la pression communautaire, familiale et religieuse. Si en 1989, on avait dit « non au voile », on aurait donné aux filles les moyens de leur propre émancipation. Aujourd'hui, on voit des filles voilées à l'Université. Le voile est quand même le symbole de l'oppression des femmes ! De par le monde, trop de femmes ont été torturées ou assassinées pour avoir combattu l'intégrisme. C'est le moindre des respects à leur égard que de ne pas enfiler les oripeaux de l'oppression pour en faire un soi-disant étendard de liberté.

propos recueillis par Thierry Keller

publié sur Ma Cité.net, le site du Collectif Ni Putes Ni Soumises

"Car le voile pour les jeunes filles musulmanes, pour moi féministe, c'est insupportable. Cela signifie qu'on fait de la femme la responsable du désir de l'homme. Si on accepte le voile aujourd'hui, pourquoi pas une burka demain ?"

D'accord avec E.B., à une nuance près. Je ne vois pas pourquoi on interdirait à l'école les différentes sortes de bijoux ou des symboles religieux ou nationaux, que ce soit chez les élèves ou chez les profs. La liberté individuelle, inscrite dans les différentes chartes des droits de l'être humain, c'est notamment la liberté de croire en Dieu ou de ne pas y croire, et d'exprimer ses opinions, y compris au moyens de détails vestimentaires.

Le voile, ce n'est pas en tant que symbole religieux qu'il faut l'interdire, mais en tant qu'instrument réel de l'oppression de la femme.

Le voile change les rapports entre les sexes, chez les filles non voilées comme chez celles qui le sont, et chez tous les hommes. Il "signifie que la femme est responsable du désir de l'homme", comme le dit très bien Elisabeth Badinter.

De même qu'aucun paticularisme religieux ne justifie l'esclavage, aucun particularisme religieux ne justifie que les femmes doivent se cacher pour ne pas éveiller l'ombre d'un désir chez les hommes. Cette obligation est aussi grave que l'esclavage, et débouche d'ailleurs sur lui.

Revendiquer le voile au nom de la liberté religieuse et culturelle, au fond c'est un peu fou, un peu paradoxal. Ca fait penser au fou dans l'album de Tintin, "le lotus bleu": "S'il vous plaît, je voudrais seulement vous couper la tête!"

Prenez Google, tapez "ni putes ni soumises" (avec les guillemets et tout), et allez lire sur le site de cette association, la centaine de témoignage des filles et des femmes des banlieues. Non seulement elles ont toutes des pseudos marrants, mais c'est une tranche de vie magnifique de vérité et de lutte. Vous allez avoir toute votre adolescence boutonneuse qui vous resaute à la figure!
La parole aux beurettes!

http://www.macite.net/home/rubrique.php3?id_rubrique=13
Ici vous trouverez plus que 150 témoignages

pfff...Deja cité Badinter ca peut etre que casse-geule comme elle,elle va n'importe tout tombe tout le tps et se rattrape grace a nos chers medias...

Pour en venir au fait ce quie me gene chez toi et chez la plupart des gens c leur visions biaisé du port du voile ,foulard,...

Vs ne voyez ce truc la que comme une obcession et une difference homme /Femme...

La femme est voilée pour se soustraire au envie de l'homme(ca se dit tellement),ce commentaire fait preuve d'une lecture peu soignnée du Coran voire une non-lecture...

Le coran ne parle pas de voile au sens materiel du terme mais ds une sorte de retenue,chose qu'il demande avec le meme terme aux homme d'ailleurs...

Pour ce qui est du voile materiel a mon humble avis c quelque chose qui a plus rapport a la tradition,et meme a l'adaptabilité des hommes...

Ds le desert Cecily sache que tu serais voilé pour ton confort et que ton ami arborait le keffieh pour le sien...question d'adaptation...

Maintenant qu'il soit reprit comme symbole identitaire(tu a raison)et que ca te gene(tu a tort), je te repondrai simplement que d'autre portait et porte toujours l'etoile rouge ,la croix ou la kippa...et que les Tageurs au grands "A" masqué sont pas prets de s'arreter ,les acharnés...!!!!

A bon entendeur(machisme dirait badinter)...