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Siemens, syndicats et lutte de classes
by Luc Torreele Saturday June 21, 2003 at 11:24 AM

Une fois de plus ce sont les travailleurs qui trinquent.

Ce vendredi, il y avait grève chez Siemens à Mons. Ce sont les travailleurs qui ont décidé de ce mouvement en assemblée générale du personnel le jeudi.
C’est la décision de la direction de Siemens Belgique de licencier 47 des 90 travailleurs du site de Mons qui a motivé ce mouvement de grève.
Il faut savoir qu’à Mons, tous les travailleurs sont des chercheurs de niveau et que cela fait des années que les pouvoirs publics et politiques claironnent à qui veut les entendre que le Hainaut, sinistré économique doit se reconvertir et de préférence dans la haute technologie. C’était chose faite avec le site de Siemens à Mons, mais il apparaît que l’industrie multinationale et les politiques ne semblent plus être sur la même longueur d’ondes, puisque à terme, c’est la survie même de Siemens Mons qui serait menacée. C’est à ne rien y comprendre puisque le bâtiment de Siemens est flambant neuf, qu’il vient d’être inauguré en avril, qu’il était il y a encore quelques années question de faire passer le personnel à 300 personnes.

Quoiqu’il en soit la solidarité entre les travailleurs des différentes succursales semblent jouer puisqu’il est déjà question que des actions communes soient entreprises avec les travailleurs des sites de Herentals et de Gand, qui sont eux aussi menacés par les mesures de restructuration.

Quand on voit que notre sécurité sociale est menacée au niveau des droits acquis en ce qui concerne le chômage et les pensions, que en ce qui concerne l’emploi, il n’y a plus que le futur premier ministre pour croire, du moins c’est lui qui le prétend, qu’il arrivera à créer 200.000 emplois en quatre ans, alors que tous les indicateurs politiques et sociaux non seulement internationaux mais également ceux des entreprises belges, démontrent clairement le contraire.
L’Etat lui-même semble décider à précariser plusieurs milliers de personnes à la Poste et à la SNCB, environ 20.000 personnes pour les deux entreprises publiques. Certains prétendent déjà qu’il y aurait des intentions chez les libéraux de vouloir en privatiser les secteurs rentables et donc pour qu’ils le restent lorsque le privé les reprendra, il faut licencier massivement. Les réactions molles des syndicats semblent déjà démontrer que certains accords auraient été conclus entre les futurs partis de la coalition, MR et Ps et les directions syndicales pour que la résistance des travailleurs soit canalisée comme il se doit et tenue dans des délais raisonnables.

On constate qu’effectivement une telle manipulation des luttes des travailleurs par les syndicats est possible à l’étude du mouvement français de protestation contre les attaques du gouvernement de droite et leur politique de déstructuration progressive des acquis sociaux des travailleurs, mais de par le refus de la politisation de la lutte des syndicats le mouvement s’est désagrégé. Il est nécessaire que les délégués et les syndiqués obligent leurs directions à politiser la lutte syndicale, car le refus de cette évolution nécessaire est directement lié au refus des analystes des bureaux d’études des syndicats d’admettre la radicalisation de la lutte des classes en Europe, alors que celle-ci entre de plein fouet au cœur de la crise structurelle qui frappe le capitalisme. Le chant du cygne du capitalisme peut être long ou abrégé, cela dépendra uniquement de l’attitude des travailleurs et des mouvements les représentants. Mais les travailleurs doivent s’organiser efficacement d’urgence car les institutions du néo-libéralisme régnant feront tout pour combattre par tous les moyens pouvant retarder cette échéance inévitable. Ils s’attaqueront donc en premier lieu à tous nos acquis sociaux et démocratiques : droit de grève, droit de manifestation et de réunion, criminalisation de la gauche révolutionnaire et des mouvements citoyens, mises sur écoutes, etc…etc…

Les travailleurs doivent réaliser qu’ils ont la possibilité et le pouvoir de changer et de faire bouger les choses au sein de leurs organisations syndicales même si pour cela il faut démissionner les directions existantes. Les organisations syndicales appartiennent aux travailleurs et les mandataires doivent être démissionnables au cas ou ils ne sont plus dans la capacité de représenter la volonté de la base, et ce à n’importe quel moment.

En y pensant, une représentation politique basée sur le même principe ce serait pas mal non plus.

Luc Torreele
Juin 2003