arch/ive/ief (2000 - 2005)

Je m’appelle Latifa et j’ai 30 ans.
Si j’ose prendre la parole ici c’est que je crois pouvoir amener un petit plus dans un débat qui a semblé secouer votre site.
Mes parents sont d’origine marocaine, je suis né ici. Mes convictions religieuses ? Elles m’appartiennent et ne concernent que moi.
Quand j’étais adolescente mes parents auraient aimé que je porte le foulard. Pour des tas de raison je le mettais parfois. C’était pas toujours facile dans le quartier et puis je me sentais appartenir à qqchose qui me donnait comme un sentiment de fierté.
Puis peu à peu le sentiment m’est venu que ce voile me dérangeait. C’était comme un poids, comme un stigmate. Comme si ce droit à la différence qu’on revendiquait devenait peu à peu simplement de la différence et donc peu à peu de l’inégalité.
Je ne comprenais pas en quoi montrer mes cheveux ou mon cou était mal. J’étais pas un objet.
L’école m’a beaucoup aidé dans ce sens. On pouvait y montrer qu’on valait autant que les garçons et le fait que le voile ne soit pas toléré dans l’école où j’étais était vraiment un plus. Cela ouvrait le débat avec mes parents qui dans le fond était ouvert car sinon ils m’auraient mise dans une école où le voile était accepté.
Sans cette école, je portera le voile par conformisme et lassitude. C’est donc important qu’il existe des écoles où le voile n’est pas accepté ( comme aucun autre signe religieux d’ailleurs). Cela aide beaucoup les filles qui veulent faire un choix pas toujours évident dans un milieu qui se défend comme il peut contre un monde hostile.
C’est pourquoi la manif du collectif « touche pas à mon foulard » qui vient me fait peur.
Bien à vous,
Latifa B.

Latifa,
bravo pour votre courage! C'est le même courage qui a emmené nos femmes occidentales à se libérer de leur propre joug imposé par l'église.

Le plus étonnat c'est que de soi-disant progressistes défendent des positions les plus retrogrades de notre société?

J'ai connu plusieures étudiantes marocaines qui en occident avaient peur de leurs frères et cousins pour ne pas sortir avec des jeunes autichtones, pendant qu'eux s'en tapaient à qui mieux mieux ( et parfois en groupe et sans consentement)

L'association "ni pute ni soumise" aurait d'ailleurs besoin d'une antenne en Belgique. Ton courage me fait penser que tu pourrais en devenir l'initiatrice.

De qui doit on avoir peur d'un occident ranger au côtré d'un Impérialisme qui méne une campagne de racisme et de guerre contre le monde arabe. Ce qui se traduit dans notre pays sous disant démocratique à essaier d'interdire l'expression de sa foi en Allah dans son milieu social?
Ou de l'obligation par des forces communautaire (ex: pendant qu'eux s'en tapaient à qui mieux mieux ( et parfois en groupe et sans consentement)) de parter ce voiles.

Je pense que ce débats est une possibilité de plus pour encrer le racisme et l'intolérence dans notre société. C'est pour ça que nos politiciens le ménent et certainnement pas par soucis de certaine jeunes filles de la communauté musulmanes.

Latifa, tu nous explique ton expérience, rien à redire. Tu as fais des choix qui te sont propres, et j'espère qu'ils te satisfont pleinement.
Mais ces manifestations sont avant tout une réaction à une menace d'interdiction. Quelle aurait été ta réaction si tu avait été exclue d'une école parce que tu portais un foulard ou si on te l'avait fait retiré par la force ? L'aurais-tu accepté ?
Tu revendique, avec raison un chois personnel, et je pense qu'en effet ce choix doit être personnel, pas imposé.

Une fille écrit ici pourquoi elle ne va pas allé manifesté et hup, un réaction pour presque dire elle ne fait pas un bonne choix.

Quest-ce que tu veut, Kitty, que ce fille vient manifester avec toi et les autres hommes blancs pour qu'elle peut mettre un foulard?

Peut-etre c'est mieux de lire encore un fois son texte?

"On pouvait y montrer qu’on valait autant que les garçons et le fait que le voile ne soit pas toléré dans l’école où j’étais était vraiment un plus."

Sorry, Guido, je pense que tu devrais relire ce qui est ci-dessus.
Je respecte le choix de porter ou non le foulard ou quoi que ce soit d'autre.
Mais je pense que le choix doit être avant tout personnel et qu'une interdiction n'arrangera rien.

Merci Latifah, un beau témoignage qui devrait rappeler à tous ceux qui défendent le droit de porter le voile le poids de la pression sociale et de l'autorité et le fait que faire le choix de la liberté et de l'égalité dans ces conditions peut parfois ne pas être facile et que dans certains milieux, il est tout bonnement impossible.

Nos défenseurs "progressistes" du voile omettent de considérer l'importance de la pression sociale communautaire et/ou familiale, implicite ou explicite, qui peut s'exercer sur ces jeunes filles.

Concernant ce voile, je pose la question : d'où la pression est-elle la plus forte, la plus directe, la plus oppressante et la plus lourde de conséquences ?
De la société qui souhaiterait que ces jeunes femmes ne portent pas le voile (rien n'est encore légiféré) ou du groupe communautaire qui en recommande le port ?

Red Kitten, ici, ce n'est clairement pas un choix personnel au sens : JE unique veut faire un truc unique que je suis seul à comprendre et à apprécier et les autres peuvent en penser ce qu'ils veulent.

Ce voile est un choix communautaire général qui s'exprime à travers les aspirations personnelles de ces demoiselles vivant dans un environnement communautaire donné qui souvent les y encourage.

Et les filles qui portent le voile ne sont qu'une incarnation de cette lame de fond plus globale de repli sur ses valeurs sans plus vouloir les confronter à l'échange ou à l'évolution culturelle.

Alors quand tu parles de choix personnel, à mon avis c'est un peu court... cela néglige la pression sociale et cela sous-estime le rôle du communautarisme (voir ci-dessus) qui gagne en importance ce qui est déjà assez regrettable comme ça.

Ce n'est donc pas un combat pour la liberté de l'individu.

Où est le libre choix des jeunes filles face à la pression de leurs pères et frères ?
Pourquoi n'y a-t-il aucune pression de ce type vis-à-vis des garçons ?
Pourquoi, en tant que médecin travaillant en planning familial, suis-je de plus en plus confrontée à des demandes de (faux) certificats de virginité ? Où est la liberté ? Généralement, la demande de ces certificats vient de la famille, non du fiancé, d'ailleurs le plus souvent seul partenaire de la jeune fille.
Les groupes intégristes commencent par essayer d'imposer le foulard. Ensuite, ce sera une lutte contre le cours de natation (ça commence), contre l'obligation scolaire (la place des filles, c'est à la maison, non ?) et puis ce sera quoi ?
La religion est une affaire privée et n'a pas sa place à l'école. Ce n'est pas du racisme. Une fille habillée en religieuse catholique ne sera pas admise non plus.
Vive l'école de la tolérance et de l'égalité des sexes.

Bien dit, Marguerite !