arch/ive/ief (2000 - 2005)

Les 73 reculs progressistes de l'arc-en-ciel fédéral
by Didier Coeurnelle [posted by protesta] Saturday May 31, 2003 at 05:49 PM
didiercoeurnelle@village.uunet.be

Le 10 mars 2002, l'assemblée générale d'Ecolo votait une motion favorable aux participations mais qui comprenait une phrase particulièrement acerbe: "Les évaluations de nos participations l'indiquent à suffisance: de nombreux reculs sont en cours sur les plans sécuritaires, social, environnemental, notamment".

Plus d'un an après, cette phrase n'a pas encore été explicitée aux membres
et militants d'Ecolo ni d'ailleurs à nos électeurs. Vu le caractère énorme
des reculs, cela prendrait des dizaines de pages pour en faire une
description détaillée. Mais voici, après la défaite électorale du 18 mai
2003, une description déjà plus détaillée qu'une simple phrase.

Pour l'exercice inverse (les avancées de l'arc-en-ciel), il a été très
largement effectué au cours de la campagne électorale. Certains m'ont
convaincu de ne diffuser le présent texte qu'après les élections. Le climat
électoral s'apparente souvent en effet à un jeu de cartes où seul
l'adversaire est autorisé à montrer les faiblesses des concurrents. Je
regrette quand même que les arguments destinés au grand public aient été
plutôt unilatéraux même si, d'une part, les textes diffusés en interne ou à
un public ciblé étaient plus équilibrés et, d'autre part, les adversaires
d'Ecolo ont fait souvent pire.

Les reculs peuvent être classés de plusieurs manières notamment:
-les reculs qui étaient prévus dans les déclarations gouvernementales et
ceux qui ne l'étaient pas
-les reculs qui sont marqués par une aggravation de la situation pour les
citoyens et les reculs qui marquent un abandon par Ecolo de ces principes.

C'est l'ensemble de ces reculs qui est abordé. Attention, pas de rêves ou
de regrets exagérés, une coalition avec les sociaux chrétiens et sans les
libéraux ne les aurait pas évité tous. Il est aussi probable qu'Ecolo dans
l'opposition n'aurait pas été suffisant pour empêcher beaucoup de ces
reculs. Mais au moins, il ne les aurait pas voté et il s'y serait
activement opposé.

Le but de la présente énumération est la préparation d'une opposition
constructive en gardant notamment à l'esprit les résultats concrets négatifs
de la participation de 1999 à 2003. Seuls les reculs fédéraux sont abordés.

Je vous invite à diffuser largement ce courrier si vous le souhaitez. Les
élections de 2003 ont largement prouvé, tant pour Ecolo que pour Agalev, que
des écologistes trop conciliants, trop "herpétophages" (avaleurs de
couleuvres), ne parvenaient pas à des résultats efficaces ni en termes de
réalisations ni en termes d'approbation par les électeurs.

Il est plus que temps que les Verts s'en rendent compte et redeviennent une
alternative visible et assertive à gauche de socialistes abondants et perçus
comme sympathiques mais insuffisamment soucieux des progrès sociaux et
environnementaux.

Didier Coeurnelle
Membre critique d'Ecolo, délégué coopté au conseil de fédération, conseiller
de l'aide sociale à Molenbeek
----------------------------------------------------------------------------
----------------

Mobilité

1. 300.000 voitures en plus en 4 ans
2. Insécurité croissante des modes doux de déplacement (nombre accru de
victimes)
3. Baisse ralentie de la mortalité routière (avec même une augmentation en
2001)
4. Abandon de la loi sur le permis à points
5. Abandon des projets de réouverture de gares
6. Diminution du nombre de trains en circulation (plus de voyageurs mais
moins de trains)
7. Augmentation du temps de parcours moyen en réseau ferroviaire intérieur
8. Dette sncb augmentées de plusieurs milliards (notamment de 3.9 à 5
milliards d'euros en un an)

Développement durable

9. Le développement durable reste une simple intention
10. Mesures concrètes seulement homéopathiques en ce qui concerne le
réchauffement planétaire
11. Plus d'énergie nucléaire consommée que jamais auparavant
12. Une loi de dite de sortie du nucléaire qui a des effets positifs mais ne
prévoit aucune fermeture de centrale avant 2015 et permet de décider
l'ouverture de nouvelles centrales par simple arrêté royal
13. Eloignement des objectifs de Kyoto
14. Energies renouvelables augmentées de moins de 1 % en 4 ans (dans le
total des énergies produites en Belgique)
15. Belgique en antépénultième position européenne en matière d'énergie
éolienne
16. Classement (il est vrai contestable) de la Belgique parmi les plus
mauvais élèves au point de vue environnemental
17. Eloignement du développement durable par l'accroissement des
consommations
18. Eloignement du développement durable par l'accroissement des dépenses
non équilibrées par un financement
19. Pas d'entrée en vigueur de la loi sur les écotaxes (et les écobonis)
20. Augmentation des consommations énergétiques due à l'absence de politique
d'économies et à la diminution de certains coûts énergétiques
21. Normes pour les antennes GSM considérées comme insuffisantes

Distorsions sociales et fiscalité

22. Augmentation large des distorsions sociales par la suppression des taux
les plus élevés en matière fiscale
23. Augmentation symbolique forte des distorsions sociales par les salaires
élevés des "managers" de la fonction publique
24. Augmentation symbolique des distorsions sociales par les interventions
financières en faveur des membres de la famille de Saxe Cobourg
25. Augmentation des distorsions sociales par des pensions extralégales
supplémentaires
26. Augmentation des distorsions sociales par 2 milliards d'euros de
réduction de cotisations sociales (en plus des réductions déjà accordées par
les gouvernements précédents)
27. Augmentation du taux de travail intérimaire
28. Abandon des projets en matière d'impôt sur la fortune
29. Abandon des projets en matière de lutte contre la fraude fiscale malgré
la présence de ce thème dans la déclaration gouvernementale
30. Abandon des projets en matière de taxe Tobin
31. Suppression de l'obligation de remplacement pour les pauses carrière

Economie

32. La plus grande perte annuelle jamais réalisée par une entreprise en
Belgique ainsi que la plus grande dette d'une entreprise publique belge
(SNCB)
33. La plus grande faillite de l'histoire de Belgique (Sabena)(et des
sociétés de remplacement catastrophiquement déficitaires)
34. Un nombre de faillites qui continue d'augmenter
35. Un taux d'emploi des personnes âgées qui continue à diminuer
36. Augmentation de la pression fiscale globale (mais avec des
redistributions internes "à l'envers" càd vers les plus riches)

Fonction publique

37. Recours gigantesque et systématique aux consultants (de 100 à 200
millions d'euros) et abandon concomitant de l'exercice du pouvoir public par
des organismes publics (exemple, la déstructuration encore inachevée des
ministères a déjà rapporté des dizaines de millions d'euros à des
consultants)
38. Dévalorisation de la fonction publique fédérale par la politique de
destruction des structures fédérales
39. Abandon du principe de l'engagement des travailleurs contractuels par le
Selor (ex SPR)
40. Abandon du principe de l'engagement des travailleurs statutaires des
grades les plus élevés par le Selor
41. Dévalorisation du principe du mandat par l'utilisation de fausse
dépolitisation dans les plus hautes nominations
42. Nominations de hauts fonctionnaires quasiment exclusivement masculines
43. Recours de plus en plus marqué au travail temporaire ou contractuel dans
les services publics malgré des déclarations et affirmations contraires.
44. Ventes énormes d'actifs de l'Etat assortie de locations à des prix
extrêmement élevés des mêmes actifs (exemple: la cité administrative de
l'Etat)
45. Abandon du Moniteur belge sous forme papier
46. Complexification administrative par les réformes Copernic au point de
vue des titres et fonctions et du fonctionnement (directeurs devenus
managers, évaluations devenus cercles de compétences,...)
47. Complexification administrative par les réformes Copernic au point de
vue des noms des organes et des services (ministères devenus services
publics fédéraux, revenu garanti aux personnes âgées devenu Grapa,...)

International

48. Abandon partiel de la compétence universelle sans possibilité accrue en
droit belge de pouvoir faire juger les auteurs par des tribunaux
internationaux
49. Abandon de l'engagement contenu dans la déclaration gouvernementale de
créer un nouveau statut pour les réfugiés
50. Expulsions collectives de réfugiés notamment de tziganes
51. Deux fois plus d'expulsions individuelles de réfugiés qu'auparavant
52. Deux fois moins d'accueil de réfugiés qu'auparavant
53. Expulsion de mineurs étrangers
54. Abandon du principe du passage immédiat à 0,70 % du PNB pour la
coopération au développement et augmentation réelle de l'aide n'aboutissant
même pas à 0.50 %
55. Abandon des exigences en matière de sortie d'armes nucléaires de Kleine
Brogel
56. Reculs européens programmés au niveau de la libéralisation des services
publics
57. Livraison illégale d'armes à une monarchie népalaise peu démocratique
pour faciliter l'écrasement d'une opposition armée
58. Livraison de matériel aéronautique permettant de faciliter l'utilisation
d'armes nucléaires au Pakistan
59. Modification de la loi belge sur les armes permettant des exportations
d'armes facilitées
60. Malgré des prémisses éthiques et sympathiques, un soutien indirect à une
intervention armée en Irak contraire au droit international (par le transit
et le survol de la Belgique)

Démocratie

61. Armée dans les rues pour compléter la police dans certaines
circonstances
62. Avancées pour le droit de vote des non belges abandonné
63. Instauration d'un seuil d'éligibilité de 5 % (qui renforce le poids
relatif du Vlaams Blok et qui peut ampêcher l'entrée de partis novateurs)
64. Moins de pouvoir du parlement fédéral dans son rôle d'élaboration des
lois (les textes sont plus que jamais écrits par les ministres et leurs
collaborateurs)
65. Moins de pouvoir du parlement fédéral dans son rôle de contrôle du
gouvernement fédéral (même la démission de la ministres Aelvoet n'est pas
réellement "passée" par le parlement)
66. Abandon de l'engagement Ecolo de gouverner autrement en ce qui concerne
les évaluations régulières de la politique
67. Plus de personnalisation de la politique, souvent sur base héréditaire,
notamment par la suppression de la moitié de l'effet dévolutif de la case de
tête
68. Introduction d'une culture libérale des meneurs d'hommes par les
engagements de super managers ambitieux (mais rarement réellement
performants) dans les entreprises publiques

Ethique (y compris à l'interne d'Ecolo)

69. Primauté générale durant la législature de "l'emballage" et des
présentations avantageuses sur les réalisations
70. Abandon des engagements écologistes émis par un "contrat" (en fait un
engagement unilatéral) avec la société civile largement annoncé mais non
réalisé

Justice et police

71. Non résorption de l'arriéré judiciaire et enlisement de nombreux
dossiers de justice
72. 1000 prisonniers en plus qu'en début de législature
73. Coûts gigantesques des modifications de fonctionnement en matière de
police unique et hémorragie financière en augmentation dans ce domaine