arch/ive/ief (2000 - 2005)

Merci, Führer
by Fidel Castro Friday May 23, 2003 at 02:15 PM

Nous avons vraiment des raisons d’être heureux. Hier, 20 mai 2003, alors que nous commémorions le 101e anniversaire de ces tristes et honteux jour et année où, une fois le Parti de José Marti détruit et l’armée de libération désarmée on nous offrait une caricature de République avec Amendement Platt et droit d’intervention, nous avons reçu de monsieur Bush un très doux et émouvant message qui dit textuellement ceci:

«Aujourd’hui, les Cubains du monde entier fêtent le 20 mai, Jour de l’Indépendance de Cuba. Au nom du peuple des États-Unis, je salue la communauté cubaine. Mon espoir est que le peuple de Cuba jouisse bientôt des mêmes libertés et droits que nous. Les dictatures n’ont pas lieu d’être en Amérique. Dieu bénisse le peuple cubain qui lutte pour sa liberté. Merci.»

Comme on pouvait s’y attendre, ce même jour, la subversive et perfide émission outrageusement baptisée du nom de José Marti émettait sur quatre nouvelles fréquences et un terroriste notoire de Miami volait librement en haute mer, au-delà des 12 milles marins, le long de la bande maritime située entre Boca de Jaruco et Matanzas, testant des transmissions télévisées en direction de Cuba, violant honteusement les normes internationales en vigueur en la matière, fort de la tolérance absolue des autorités des États-Unis. Un tel sujet et d’autres qui agissent au service du gouvernement des États-Unis ne finissent jamais dans les insolites cages installées sur le territoire cubain de Guantanamo, occupé de force par les États-Unis, où ils enferment sans loi ni norme aucune des citoyens de dizaines de pays.

Et qui plus est dans la soirée, comme surprise spéciale de l’Administration Bush gardée comme un grand secret de guerre, le signal de télévision est apparu de 18h à 20h, par le biais de canaux et de systèmes utilisés dans plusieurs provinces par Cuba pour des programmes éducatifs, informatifs et récréatifs.

En réalité, ces transmissions n’ont pas constitué un succès technique dont il y ait lieu d’être fier. Très peu de personnes en ont perçu le bruit.

Le gouvernement des États-Unis ne doit pas oublier que la radio cubaine pourrait être écoutée sur ondes moyennes dans beaucoup d’États nord-américains.

S’agirait-il d’une autre grossière provocation contre Cuba?

D’autre part, un câble de l’AFP émis hier à Washington informe que «le gouvernement de George W. Bush n’a pas encore achevé la révision de la politique envers Cuba pour répondre à la répression récente de la dissidence, ont indiqué mardi les congressistes républicains Lincoln et Mario Diaz-Balart et Ileana Ros-Lehtinen».

Ces messieurs-dames, nous nous en souvenons tous, sont les mêmes qui, en compagnie de l’ambassadeur des États-Unis en République dominicaine, du cercle intime du génial Bush et de «bébé» Jeb du même nom et gouverneur de la Floride, ont affirmé il y a peu qu’après l’Irak, Cuba.

Nos compatriotes peuvent constater combien extraordinairement honnête et pieux fut le message du gouvernement des États-Unis au peuple de Cuba, et combien incroyablement patriotiques sont les présumés «dissidents» qui, empaquetés jusqu’au cou dans les dollars de l’empire, luttent pour la liberté et l’indépendance de Cuba.

Les loups déguisés en grands-mères ne trompent ni ne pourront tromper personne. Si M. Bush ignore encore les mesures à prendre, le peuple de Cuba n’ignore pas le moins du monde quel est son devoir. Par des manoeuvres doucereuses et cyniques, ils ne convaincront personne que Cuba ne court pas le moindre risque.

Les dévoreurs de Petits Chaperons Rouges ne renoncent pas non plus à l’idée de maintenir au-dessus de nos têtes l’épée de Damoclès des mesures économiques et autres similaires de caractère punifif contre la Révolution. Toutes celles annoncées ou prévues comme possibles pour renforcer le blocus et étrangler notre économie ont été analysées. Aucune n’aura le succès escompté.

Nous ne les croyons pas le moins du monde lorsqu’à présent, tentant d’amender leurs stupides menaces, ils allèguent que toutes les options ont été retenues, sauf l’invasion. Ils ont dit la même chose après l’invasion mercenaire de Giron et avant la Crise d’Octobre, alors que dès mars 1962 ils avaient déjà élaboré et approuvé plus de 15 prétextes qui semblaient sortis d’une véritable olympiade de cynisme, d’abjection et d’infamie.

Nous ne les croyons pas davantage lorsqu’ils expriment des préoccupations sur de possibles exodes migratoires massifs, qu’en réalité ils essaient de provoquer.

Leur blocus économique, leurs efforts pour créer des difficultés supplémentaires de ce genre, leur Loi assassine d’ajustement cubain et leurs honteuses menaces de faire à Cuba ce qu’ils ont fait en Irak ne font qu’élever le potentiel migratoire à l’intérieur de Cuba. L’objectif de leurs provocations dans ce sens, que nous connaissons parfaitement par les affirmations tant publiques que privées des principaux chefs de la mafia terroriste de Miami et de l’extrême droite, est de provoquer des incidents servant de prétexte pour agresser notre peuple.

Dans le groupe «choisi» de 11 personnes invitées à commémorer à la Maison-Blanche la triste et honteuse date du 20 mai, trois étaient des terroristes notoires :

1. Eusebio de Jesus Peñalver Mazorra. Arrêté le 12 décembre 1995, du temps de Clinton, par les autorités nord-américaines en Californie alors qu’il participait aux préparatifs d’une incursion armée contre Cuba; à cette occasion un chargement d’armes lui fut confisqué. Il est lié au terroriste Luis Posada Carriles, emprisonné au Panama pour avoir projeté de faire détonner 48 kilos d’explosifs lors d’une réunion d’étudiants à laquelle devait assister le président du Conseil d’État de Cuba.

2. Ernesto Diaz Rodriguez. Il fut impliqué dans un plan d’attentat contre le président du Venezuela Hugo Chavez en 1999. Il a voyagé au Venezuela lors du 7e Sommet ibéro-américain, dans l’île Margarita, pour se livrer à des activités contre la délégation cubaine. À cette même occasion, près de Porto Rico, un yacht qui se dirigeait vers l’île Margarita dans le même but fut intercepté par une vedette garde-côtes nord-américaine, et deux fusils de calibre 50 à lunette télescopique qui devaient servir à l’assassinat du chef de la délégation, le camarade Fidel, furent saisis. Le bateau et les fusils appartenaient à des dirigeants de la Fondation nationale cubano-américaine. Bien que les faits aient été prouvés, les impliqués furent acquittés grâce à l’influence et aux pressions de la mafia terroriste de Miami.

3. Angel Francisco D’fana Serrano. Ex-prisonnier contre-révolutionnaire. Il avait été condamné à Cuba pour actes terroristes.

Bien qu’ils aient dialogué très confidentiellement avec M. Bush, il est certain que ce dernier, étant donné la composition du groupe, ne leur a pas dit un seul mot sur des plans très intimes et sur l’engagement d’éliminer le chef d’État cubain contracté envers les chefs de la mafia cubano-américaine qui, si diligemment et au moyen de la fraude, l’ont porté à la présidence des États-Unis.

Ils ne devraient pourtant pas se hâter de croire que leurs plans sinistres empêchent le peuple cubain et leurs dirigeants de dormir. La préoccupation majeure de Cuba ne vient pas des problèmes liés à sa propre sécurité. À Giron, pendant la Crise d’Octobre, aux moments où le camp socialiste d’Europe et l’URSS elle-même s’effondraient, et durant les 20 mois qui ont suivi l’atroce attentat contre le peuple nord-américain à New York, dont on fit une source d’hystérie et un prétexte pour menacer d’attaques surprise préventives 60 pays ou plus et pour frapper avec des armes d’extermination massive de lointains et obscurs recoins du monde, devant un Dieu qui selon l’auteur de cette fantaisie fondamentaliste n’est pas neutre, le monde a été témoin de la dignité et du courage du peuple cubain; un peuple réellement héroïque qui, alors que de nombreux politiques lâches, médiocres et ignorants étaient incapables de voir clairement que sur la planète pesait la terrifiante réalité d’une tyrannie mondiale nazi-fasciste, n’a pas hésité à la dénoncer. Ceux qui devant les faits se taisent pour critiquer un pays comme Cuba, qui défend ses droits les plus sacrés. L’histoire les enterrera, eux et leur lâcheté, leur complicité et leurs mensonges!

Les images de millions d’hommes exigeant indépendance, liberté, respect de leurs valeurs religieuses et éthiques, et la restitution de leurs ressources conquises par la force dans un pays envahi sans la moindre justification légale ou morale, seraient suffisantes pour donner à réfléchir à des dirigeants politiques sensés. De tels problèmes ne pourront jamais être résolus à coups de bombardements et de missiles, de tanks et de canons, d’armes nucléaires, biologiques et chimiques.

M. Bush, auteur des bombardements contre des villes qui, retransmis par la télévision, ont ébranlé et mobilisé le monde, ayant laissé des traces indélébiles chez des millions d’enfants, de mères et de vieillards qui ont subi les dantesques attaques, promet que «les Cubains seront bientôt libres» et que «les dictatures n’ont pas de place en Amérique». Ceci, heureusement, est on ne peut plus vrai. Le peuple nord-américain se lassera de ses idées absurdes et fanatiques qui peuvent le conduire, entre autres choses, à des catastrophes économiques et écologiques. L’Amérique latine et la Caraïbe n’accepteront jamais sa ZLEA pillarde par le biais de laquelle il veut leur arracher leur souveraineté et leurs richesses, et se résigneront bien moins encore à sa tyrannie mondiale nazi-fasciste.

M. Bush, pour votre extraordinaire noblesse et votre générosité infinie à l’égard des Cubains, en ce 20 mai 2003, nous vous exprimons notre plus profonde gratitude. Vous verrez avec quelle attendrissante émotion et quelle affection nous vous recevrons sur la terre de Marti et de Maceo, de Camilo et du Che!