Des femmes politiques victimes du sexisme en Flandre by Magali Fontanel Thursday May 22, 2003 at 12:23 PM |
magalifontanel@yahoo.fr Gand |
11 mai 2003 à Gand, dans une manif de droite et d'extrême droite, on peut lire sur des pancartes : "Dehors la pute écolo!". 16 mai 2003: l'écrivain gantois H. Brusselmans déclare au journal flamand De Morgen qu'il a voté pour une femme parce qu'il avait envie de "la baiser". Le sexisme serait-il une caractéristique de la culture politique flamande ? C'est inacceptable !
Des femmes politiques victimes du sexisme en Flandre
Belgique, Gand – 16 mai 2003
La veille des élections sénatoriales et législatives fédérales en Belgique, le journal flamand De Morgen a publié une collection de 50 interviews de personnalités flamandes auxquelles le journaliste Erik Raspoet a demandé pour qui elles allaient voter.[1] Parmi ces déclarations, il en est une abominable : celle de l’écrivain gantois à la réputation sulfureuse, M. Herman Brusselmans. M. Brusselmans aime choquer et déclare sans complexe au journal : « Lors des élections municipales, j’ai voté consciemment pour une candidate : Freya Van den Bossche.[2] Et cela parce que j’avais envie de remplir sa chatte en la prenant par derrière. Mais maintenant, je n’ai plus de pensées lubriques quand je pense à Freya. Le plus de pouvoir qu’elle a, le moins sexy elle est. Tu ne peux quand même pas remplir la chatte d’une future ministre en la prenant par derrière ? » Comment se fait-il qu’un journal sérieux comme De Morgen puisse publier de tels propos sexistes et dégradants pour la personne humaine, qui plus est, en pleine période électorale ? C’est inacceptable !
M. Brusselmans a la liberté de penser et de dire ce qu’il veut tant que cela reste dans un cadre privé, avec ses ami-e-s ou ses fans. Ce qui est grave, c’est que ses propos sexistes et dégradants pour la personne humaine soient rendus publics. C’est toutes les femmes que M. Brusselmans insulte et humilie lorsqu’il réduit la candidate Mme Freya Van den Bossche à une portion de son corps : son vagin. Pour cet homme, le vagin d’une femme est plus intéressant que ses idées politiques, et une femme échevin est plus sexy qu’une femme ministre… De la même manière que les personnes racistes réduisent les personnes à la couleur de leur peau (« noir » ou « blanc »), M. Brusselmans réduit les femmes à leur sexe (« baisable », « pas baisable »). Or, De Morgen ne publie pas de propos racistes, en tout les cas, pas sans garde-fou. Pourquoi donc le fait-il avec des propos sexistes blessants pour les femmes ? Aurait-il publié les propos de M. Brusselmans si celui avait déclaré vouloir voter pour un candidat parce qu’il a envie de lui « sucer la bite » ou de lui « prendre son anus par derrière » ? Il était du devoir de De Morgen de censurer ces propos ou de les accompagner d’un commentaire relevant leur caractère sexiste et dégradant pour la personne humaine, ce qu’il n’a pas fait. Qu’est-ce qui a bien pu pousser MM. Erik Raspoet et Yves De Smet, le journaliste et le rédacteur en chef de De Morgen, à publier les propos sexistes de M. Brusselmans ? Un certain laxisme, une myopie au sexisme ou un sexisme inconscient ?
Le fait est d’autant plus troublant que pas plus tard que la semaine dernière, le dimanche 11 mai 2003 à Gand, on a pu voir au journal télévisé de la chaîne flamande Canvas une manifestation à laquelle participaient des hommes politiques de droite et d’extrême droite. Des personnes portaient des pancartes injuriant la ministre écologiste flamande de l’environnement, Mme Vera Dua : « Dehors la pute écolo ! ».[3] Le sexisme serait-il une caractéristique de la culture politique en Flandre ? L’association ZORRA, qui lutte contre le sexisme en Belgique, nous le dira après les élections : elle réalise « une étude sur la représentation des femmes et des hommes pendant la campagne électorale fédérale ».[4] Elle ne manquera pas d’épingler les dérives sexistes des partis politiques et des médias belges. Pendant ce temps, la Chambre des Représentants de Belgique planche sur une proposition de loi pour lutter contre le fléau des publicités sexistes.[5] Finalement, le sexisme ne laisse pas tout le monde indifférent !
Magali Fontanel,
Signataire du manifeste de La Meute « NON à la pub sexiste ! »
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[1] Erik Raspoet, « En op wie stemt u ? » (Alors, pour qui allez-vous voter ?), De Morgen, samedi 7 mai 2003, pp. 53-56.
[2] Les dernières élections municipales belges ont eu lieu en 2000. Freya Van den Bossche est membre du parti socialiste flamand SP.A.
[3] Les partis flamands de droite NVA (Nouvelle alliance flamande), CD&V (Chrétiens démocrates et flamands), VLD (Libéraux-démocrates flamands), et le parti flamand d’extrême droite Vlaams Block (Bloc flamand) étaient présents à la manifestation.
[4] ZORRA est l’acronyme en flamand de (Z) Voir, (O) Enquêter et (R) Réagir aux (R) Stéréotypes de genre dans la (A) Publicité et les médias. http://www.zorra.be
[5] La proposition de loi a été déposée le 31 janvier 2003 à la Chambre, l’équivalent de l’Assemblée Nationale en France. Elle peut être consultée sur le site de la Chambre : http://www1.dekamer.be/wwwcfm/flwb/cfm/dossier.cfm?lang=F&legislat=50&dossierID=2256
Choquant by Pascale Thursday May 22, 2003 at 03:42 PM |
C'est vrai que la lecture de ces propos est un véritable choc ! Avez vous eu la bonne idée de contacter De Morgen pour leur demander des comptes sur ces propos qu'ils publient ? Je trouve que c'est important de réagir à ce genre de chose, c'est une façon de résister.
(Je ne connaissais pas votre organisation et je me réjouis de la découvrir).