arch/ive/ief (2000 - 2005)

Lettre ouverte à mes camarades écolos et mes abrutis de citoyens.
by Yvos Tuesday May 20, 2003 at 10:11 AM

Un vote pour protéger le mode de vie capitaliste !


Dimanche noir pour Ecolo et Agalev, pour la Wallonie et la région de Charleroi plus précisément, et évidemment en Flandre où le Vlaams Blok se renforce inéluctablement.
C’est bizarre la sensation que j’ai : théoriquement, le monde politicien ne m’intéresse pas tellement et Ecolo m’a beaucoup déçu, mais j’éprouve néanmoins un peu de sympathie pour tous ces gens.
Tout ceci est assez relatif évidemment. Lorsque je me suis trouvé à « La Tentation », bar réservé par Ecolo pour la soirée, car j’y étais venu soutenir une amie, je n’ai pas applaudi Olivier Deleuze comme certains militants. Et évidemment, je n’applaudirai pas Isabelle Durant, et les autres grosses têtes du parti, qui se sont fondus ou presque dans le néo-libéralisme. Mais Ecolo ne se résume pas à ces arrivistes, il y a aussi des militants de base, pas toujours très lucides certes, mais il y a quand même moyen de s’entendre avec eux sur certains points, et même beaucoup plus de points que les militants d’autres partis, même issus de la « gauche ».
Une chose m’a aussi frappé, c’est la dignité de ces militants, même s’ils avaient le visage blanc. Guy Verhofstadt, Louis Michel ou Elio Di Rupo ont beau apparaître à la télé devant leurs yeux, pas un ne bronche, aucune manifestation négative. Pourtant, le contraire eût été compréhensible. Louis Michel et Guy Verhofstadt ont été complices d’un génocide en Irak et « artisans » d’un massacre social à la SABENA, avec Elio Di Rupo, et ils méritent 100 fois notre dégoût, et même plus. Certes, encore une fois, Ecolo aurait pu s’opposer à tout cela, mais il y a rien à faire, je ressens de la tristesse pour eux. Car même si je n’ai d’estime pour aucun parti qui s’est présenté à ces élections, Ecolo n’était certainement pas celui qui méritait de perdre autant de voix. Et puis, les militants d’Ecolo et d’Agalev que je connais ont un cœur gros comme çà. Ils ne méritent vraiment pas d’être plongés dans le noir politique.
Pour les militants radicaux qui me lisent (et je précise que j’en suis un de militant radical), il faut aussi savoir que les petites questions soulevées par les écologistes, et toutes les polémiques qui ont émaillé la coalition arc-en-ciel suite à Francorchamps et d’autres dossiers montrent que les « empêcheurs de tourner en rond », même si encore une fois c’est à un degré assez bas, sont démonisés. Alors, nous, militants radicaux, nous devrions nous demander ce qui se passe avec nous. Très simple : quand on manifeste contre la guerre, on nous demande : « Et l’Afrique ? Et la Tchétchénie ? Et Saddam Hussein ? Et Cuba ? ». J’en passe et des meilleurs sur le terrorisme intellectuel qui se manifeste à chaque fois qu’on ose dévier de la trajectoire que le capitalisme essaye de nous tracer. Que ce soit Ecolo à Francorchamps ou STOP-USA pour l’Irak, on est décidémment marginalisés !
Cela me pousse à analyser plus en profondeur le comportement des citoyens Belges, que l’on peut certes généraliser à tout l’Hémisphère Occidental.
A travers ces élections où on revient à un statut-quo entre les libéraux et les « socialistes », il y a manifestement un désir du citoyen Belge de ne pas trop bouger les choses. On est bien dans on petit fauteuil le soir, après une journée à déblatérer des insultes sur nombre de collègues, on s’engueulera au passage avec sa femme, on criera sur les gosses, et on regardera la journal TV en proférant sa haine sur les étrangers et en s’insurgeant contre le sacro-saint « sentiment d’insécurité ». Et quand une faillite s’annonce, on dit que c’est la vie, les règles du jeu du grand marché sont immuables.
Oh bien sûr, tous les Occidentaux ne sont pas comme çà, mais il y a quand même quelque chose de désespérant de voir toujours une partie de la population se borner à protéger son petit mode de vie, sa voiture, sa liberté d’entreprise, son fric, sa maison avec des barbelés, son molosse. Le même constat, encore plus criant, peut se faire en Argentine où malgré toutes les actions entreprises et toute la misère qui pourrait amener la révolte, le « jeu politique » continue et des hypocrites continuent à avoir la confiance d’une frange non négligeable de la population.
Le vote émis par la majorité de la population qui est un vote de rejet contre des gens qui réfléchissent un minimum par rapport aux enjeux de la société, et qui donnent leur absolution à une bande de mafieux, agressifs quand il s’agit de parler de Francorchamps.
On plébiscite Didier Reynders à Liège pour sa réforme fiscale, alors que celle-ci a été à la base de la désaffection de Vincent Decroly car favorisant essentiellement les riches. Tout çà pour notre petit fric à nous, parce que le bien matériel semble tellement ilportant chez nous, en Occident. C’est une honte ! En Belgique, on ne réfléchit qu’à sa petite liberté de faire n’importe quoi : liberté de polluer, liberté de faire du fric, liberté de regarder des reality-show abrutissants, liberté de pouvoir utiliser sa voiture à partir de 19h tapante après une journée sans voitures, liberté d’agresser les gens parce qu’ils pensent différemment, liberté d’assassiner des étrangers ou des « voleurs » alors qu’on punit les gens qui proclament les libertés politiques et sociales.
Dans le Tiers-Monde, des gens crèvent, et les gens qui ont voté pour cette coalition d’hypocrites (consciemment ou inconsciemment) s’en soucient fort peu, pourtant tous les problèmes sociaux globaux sont criants, de véritables bombes à retardement. Mais non, on veut continuer à faire n’importe quoi, à foefeler comme on dit en Flamand. Les Belges sont une bande de foefelaars. Et alors que ceux-ci osent donner des leçons de haine à leurs enfants, il est grand temps que ces gens se demandent s’ils oseront les regarder encore en face dans 20 ans quand la Terre sera invivable. Continuez à voter Louis Michel et Elio Di Rupo, continuez à ignorer le Tiers-Monde et les Irakiens. Continuez à ignorer vos responsabilités. Continuez à jouer à l’épicurien. Continuez à ne pas réfléchir. Merci mes chers con-citoyens, vous êtes vraiment une bande d’abrutis.