Le général américain Tommy Franks accusé de crimes de guerre devant un tribunal bruxellois by Peter Franssen Thursday May 15, 2003 at 01:06 AM |
Cette semaine, au nom de 19 Irakiens, l'avocat bruxellois Jan Fermon dépose une plainte contre le général Tommy Franks, commandant en chef des troupes anglo-américaines au Moyen-Orient. Les Irakiens accusent le général de crimes de guerre. Le réquisitoire rassemble, au total, 17 plaintes concrètes: le bombardement de cibles civiles, le mitraillage d'ambulances, le non-empêchement des pillages, l'usage de bombes à fragmentation, la mort de nombreux civils En Amérique, on réagit avec colère contre cette initiative.
Au dossier: deux femmes enceintes tuées dans une ambulance
Dans la liste des plaintes contre le général Franks figurent des
faits particulièrement atroces. Ainsi, l'histoire horrible de Mohammed,
27 ans, habitant Bagdad. Le 7 avril, il appelle une ambulance pour emmener à
l'hôpital son épouse prête à accoucher. Une seconde
femme enceinte prend également place dans l'ambulance. Le véhicule
est très reconnaissable. A l'avant, à l'arrière et sur les
flancs figurent d'énormes croissants rouges. Pourtant, les Américains
ouvrent le feu sur l'ambulance et sur deux voitures qui la suivent. Mohammed est
touché tout de suite et est éjecté du véhicule. Alors
qu'il est au sol, blessé, on tire à nouveau sur lui. Une balle lui
traverse la main. L'ambulance et les deux voitures prennent feu. Ce n'est que
lorsque les flammes prennent une certaine ampleur que les Américains s'arrêtent
de tirer. Mohammed gît toujours au sol et il assiste impuissant à
la mort de son épouse et de l'autre femme.
Trois longues heures se passent avant que deux civils irakiens osent porter secours à Mohammed. Les Américains recommencent alors à tirer. Une heure passe encore avant que les deux Irakiens refassent une nouvelle tentative. Cette fois, ils parviennent à emmener Mohamed à l'hôpital Al-Yarmouk. Le colonel Bryan P. McCoy, du 3e Bataillon, 4e Régiment des Marines dira plus tard dans les colonnes du journal Le Monde (13 avril): «Ils se servent d'ambulances pour commettre des attentats». Mensonge absurde! Le colonel Bryan P. McCoy est un criminel de guerre.
Des bombes à fragmentation contre des enfants
Dès le premier jour du conflit, les Américains se sont servis
de bombes à fragmentation. Il s'agit d'une bombe qui se disperse en 200,
voire 700 bombes plus petites qui, normalement, explosent une seconde fois en
quelque 300 fragments métalliques qui volent en tous sens. L'effet d'une
bombe à fragmentation est terrible: elle peut tuer ou blesser gravement
des dizaines de personnes.
Les enfants en sont les premières victimes. Plus de 10% des bombes plus petites n'explosent pas quand elles touchent le sol. Souvent, elles ont la forme de jouets, ce qui incite les enfants à les manipuler.
Hamza a dix ans et habite Bagdad. Le 19 avril, il découvre un objet bizarre sur le sol. Il le prend en main, la bombe explose. Hamza est blessé aux cuisses, aux pieds et aux mains.
Ahmmad Mohammed a quatre ans et habite également Bagdad. Le 12 avril, il trouve une de ces petites bombes. L'engin explose. L'enfant est blessé aux jambes, au ventre et au visage.
C'est également une bombe à fragmentation qui blesse Ali, 10 ans, à Bagdad, le 16 avril. Il se rendait chez son grand-père lorsque, en face de la mosquée de Shu-Allah, il trouve par terre un objet noir avec de petits fils blancs. Il est blessé au ventre et aux jambes.
Dans la ville de Hillah, les Américains ont utilisé massivement ces bombes à fragmentation contre les quartiers populaires. Les habitants racontent comment les bombes tombaient sur le sol avant de pénétrer dans les maisons par les portes et les fenêtres ouvertes. Des dizaines d'enfants ont ainsi perdu la vie.