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Procès liégeois des Collectifs, la suite
by Nick Wednesday May 14, 2003 at 11:19 PM

début du procès liégeois des prévenu-e-s des collectifs contre les expulsions et les centres fermés, ambiance de Cour.

début du procès liégeois des prévenu-e-s des collectifs contre les expulsions et les centres fermés, ambiance de Cour.

Comme mentionné dans un précédent article d'Arnaud, le procès "Liégeois" des prévenu-e-s poursuivis pour des actions commises lors d'une manifestation devant le centre fermé de Vottem, le 4 octobre 1998 (quelques jours après l'assassinat de Semira ADAMU), vient de débuter sur les chapeaux de roues.

Contrairement à ce que l'on aurait pu croire, ce procès aura vraisemblablement son verdict avant le procès "bruxellois" qui concerne d'autres actions des collectifs contre les expulsions et les centres fermés - notamment des blocages de fourgons emmenant des sans papiers vers l'aéroport de Zaventem ou des actions autour du centre fermé 127bis.

Pour rappel le procès "bruxellois" avait tenu sa première audience le 21 février dernier, mais après certains cafouillages avait été reporté au 17 octobre.

A Liège, l'ambiance était tout-à-fait différente de celle de Bruxelles. Ici, malgré une foule nombreuse de sympathisants, pas d'autopompes à l'horizon ni de présence renforcée des forces de l'ordre, pas de prises d'identité des personnes souhaitant assister à l'audience. Résultat, une ambiance relativement bon enfant servie par une attitude intelligente d'un président du Tribunal calme et "écoutant".

Il y a pourtant d'emblée quelques "petits problèmes" à régler, qui pourraient bien échauffer l'atmosphère. La question des témoins d'abord. La défense souhaite faire entendre des témoins des faits mais également des témoins "de contexte" ou d"honorabilité. Ces dernier sont refusés par un substitut du procureur du Roi à la mine grise déclarant qu'il n'est pas question d'entendre des discours théoriques ou idéologiques dans cette affaire. Au Président de trancher? à la prochaine audience.

Le problèmes des cassettes ensuite. Quatre cassettes vidéo sont reprises dans le dossier. Elles sont particulièrement importantes car toute l'accusation se base sur des photos tirées de ces cassettes, où l'on verrait les prévenu-e-s accomplir les faits qui leurs sont reprochés. Deux des cassettes en format VHS classique, ont été filmées par les caméras de surveillances installées dans le centre fermé et deux autres cassettes, en format 8mm, ont été filmées par des gendarmes sur le terrain. Pour des raisons techniques, la défense n'a pas eu accès à ces deux dernières cassettes avant l'audience, or le plupart des photos constituant les pièces du dossier sont tirées de ces cassettes. La défense ne souhaitant pas les découvrir en audience réclame de pouvoir les visionner en aparté, avant une prochaine audience. Mais de nouveau le Substitut se rabougrit avec mauvaise humeur assurant qu'il avait bien fait tout ce qu'il fallait pour mettre toutes les pièces à disposition de la défense, que tout est sur les deux cassettes VHS. Cela discute un quart d'heure entre avocats, Substitut et Juges pour savoir si tout est sur deux cassettes ou pas et finalement le Président fait apporter toutes les pièces et propose de déjà visionner les deux VHS. Tout de suite on s'aperçoit que les référence de timing des photos du dossier ne correspondent pas à ce que l'on voit sur les cassettes et que les deux "petites" cassettes 8mm n'ont pas été recopiées sur les "grandes" VHS visionnées par la défense.

Le Substitut, pris la main dans le sac à mauvaise foi, doit bien avouer penaud au Président, qu'il avait tort, qu'il n'avait pas visionné les cassettes et qu'il faisait confiance à la Gendarmerie-qui-a-bon-dos-ce-coup-ci.

Donc on visionne les deux cassettes VHS filmées à partir des caméras de surveillance. C'est presque comme à la séance de télévision scolaire de notre école primaire. On a installé un téléviseur sur le pupitre de la Cour et tout le monde s'est placé pour bien voir. Le résultat est un peu décevant.

On voit de loin des gens sur les routes bordant Vottem, des gendarmes en tenue légère, des gens qui lancent des projectiles, des gendarmes qui vont chercher des casques et des boucliers, des grilles, des autopompes qui avancent, des autopompes qui reculent, des gens qui, bien à l'abris des regards, mettent consciencieusement des foulards pour protéger leur visage, des gens qui, bien à l'abris des regards cassent des sortes de dalles ou de tuiles, pour en faire de petits projectiles, des jets d'eau lancés par les arroseuses, des gens tout mouillés qui courent, des gens qui ne veulent pas être mouillés qui courent, des gens tout mouillés qui font crânement des signes du genre : "tu m'a peut-être mouillé mais je t'emm?", des dos de gendarmes casqués, des grenades lacrymogène, des gros plan sur les fenêtres des maisons du voisinage ? mais on ne peut pas voir leur intérieur parce qu'ils ont baissé les volets- , ?etc.

Comme il y a quelques heures de film, cela devient un peu lassant, on accélère certains passages et puis on a droit à une suspension de séance pour souffler un peu. A la reprise tout le monde est d'accord pour aller au fait et visionner la seule image des deux cassettes qui a été tirée en photo et où on est censé voir un des prévenu lançant quelque chose. "là, au dessus du zéro zéro" dira une des trois juges faisant référence au indications de timing "display" marquées sur l'écran.

Que peut un-e honnête citoyen-ne penser de ce visionnement. Hé bien que ce n'est pas tout-à-fait convaincant. D'abord on voit tout de loin, on voit des gens qui lancent des trucs, mais on ne les connais pas ces gens et de plus, on ne sait pas ou cela atterri. On voit des trucs qui atterrissent, mais on ne sait pas d'où ils viennent. Et le tout ressemble furieusement à une manifestation certes un peu houleuse. Enfin on est content de ne pas être les voisins du centre fermé découvrant que notre carcéral voisin à l'?il jusque sur notre table de salon. Quant à la scène qui implique le prévenu : trois fois bof, si c'est vous qui le dites.

Bon, on sait que le plat de résistance reste à venir : le visionnement - mais seulement les passages dont on a tiré des photos - des deux "petites" cassettes sera pour la prochaine audience fixée au 28 mai.

Entre-temps, on aussi appris qu'il y avait maintenant deux parties civiles : la Régie des Bâtiments, pour un jet de peinture sur le Centre (prévention : destruction en tout ou en partie de bâtiment administratif) et le Ministère de l'Intérieur pour destruction d'autopompe et chômage de plusieurs jours du véhicule. On se dit que les manifestants devaient être balaise pour détruire une autopompe avec des marrons, des mottes de terre, voire des pierres. Mais si c'est l'Intérieur qui le dit?

Merci
by Arno Thursday May 15, 2003 at 10:06 AM

Merci beaucoup, j'ai du partir très tôt et je n'avais pas de nouvelles du procès. Ca fait plaisir :)

Encore une fois ...
by red kitten Thursday May 15, 2003 at 12:36 PM
redkitten@indymedia.be

Celà ne fait qu'allonger la longue série des procès fait à des militant/e/s sous des prétextes risibles et grotesques ...
Je me permet juste de rapeler quelques uns:

- des étudiant/e/s de l'ACA de Liège poursuivi/e/s des années après pour avoir mis de la peinture sur des chevaux de frises [ barbelés ] de la police, lors du mouvements de écoliers de 1996. Peinture qui aurait taché les uniformes des flics ... quand ceux-ci ont remballé leurs barrières!

- un militant antifasciste accusé d'avoir jeté un verre à la figure d'un policier lors d'une manif contre le NSV ... alors qu'à l'heure où le policier a été blessé, il se trouvait déjà au cachot.

- trois militants allemand accusés d'avoir jeté des pierres lors de la manif de D14. Preuves: trois fois rien.

- les 13 de Clabecq, poursuivis pendant des années, un procès recomencé 3 fois pour finallement accoucher de rien ...

- etc, etc, etc [ j'en oublie surement beaucoup ]

Mais l'issue du procès, une fois encore, dépendra aussi et avant tout de la mobilisation. Merci au 150 qui sont allés soutenir, et restons mobilisé/e/s.