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La radicalisation pro-coloniale des médias
by Gilles Martin Monday May 12, 2003 at 06:30 PM

Plus que jamais: vive la résistance du peuple irakien !

La guerre est finie. Bagdad est prise. Le peuple irakien s'est soulevé contre la tyrannie de Saddam Hussein. Nous vivons dans un monde formidable. Première image qui inonde la planète médiatique: une statue de Saddam déboulonnée: "l'analyse" des médias est limpide comme cet extrait du journal Le Monde: "les Bagdadis, munis d'une échelle et armés d'une corde en piteux état, la lui passent rapidement au cou, pour le faire chuter, au moins symboliquement. Mais le dictateur résiste, vacille, mais ne tombe pas. Il ne contrôle plus la ville, ses miliciens et ses Fedayins sont en pleine débâcle, mais son immense statue, elle, refuse de se laisser faire. La foule insiste, des jeunes s'attaquent au socle à l'aide d'une masse et d'un piolet. En vain. "

Qui a vu les images ne gardera pas la même impression de la scène. Ce ne sont pas les Bagdadis qui ont renversé la statue mais bel et bien des soldats US aidés de leur char. Qui observe l'image dans les rares plans larges verra que la place est cadenassée d'ailleurs par les chars américains. Le Monde parle de foule ? C'est vrai: une centaine d'Irakiens dans une ville de 5 millions d'habitants. La plupart des observateurs sur place s'accordent à le dire: la grande majorité des Irakiens se planquent chez eux. Ce qui donne à Libération l'occasion de commettre un titre schizophrénique: "Tous les Bagdadiens descendent dans la rue, mais aucun n'ose dépasser le pas de sa porte". Fallait oser.

Mais les médias, eux, sabrent le champagne.


* Orchestré par l'appareil de propagande américain


En un mois, les médias ont peu à peu lâché la bride.

Avant l'éclatement du conflit, les grand médias européens étaient assez sceptiques sur la justification du conflit. Les critiques des pulsions guerrières de l'Amérique pleuvaient. Avec l'attaque américaine, le ton a peu à peu changé. Sous l'influence des innombrables dépêches américaines et des journalistes rangés dans leur camp, la tendance qui s'affichait était la suivante: deux camps s'affrontent et la population est prise entre deux feux. Il suffit de revoir la mémorable une de la récente Libre Match ou encore l'analyse d'un carnage sur un marché irakien: missile américain ou tir de DCA irakienne ?

Depuis la chute de Bagdad, un nouveau pas a été franchi. L'armée américaine est une armée de libération. Ce dernier saut qualitatif dans sa brutalité médiatique a formidablement été orchestré par l'appareil de propagande américain.

* La technique de manipulation en trois temps

1) D'abord en menaçant les journalistes qui ne sont pas sous contrôle US en donnant un signal fort: tirer sur l'Hôtel Palestine assassinant délibérément des journalistes et en viser la chaîne Al Jazira. L'avertissement est simple: cassez-vous ! Ici c'est dangereux. Le traitement médiatique des infos doit nous appartenir pour donner au monde entier notre version des faits de la situation dans la capitale irakienne.

2) Organiser le pillage en impliquant des populations pauvres et faiblement politisées. Technique merveilleuse: on encourage et on protège arme au poing des pilleurs: ils finissent par remercier les soldats encore sous l'émotion des prises faites. Les médias n'ont plus qu'à filmer des scènes de liesse qui ne sont que des scènes de pillages. Je ne parle même pas de techniques plus classiques où l'on introduit des opposants organisés dans cette dite scène pour y apporter une dimension plus politique.

3) On annonce dans des régions hostiles au gouvernement irakien (Kurdistan autonome) que Saddam Hussein est tombé, que Bagdad fête les libérateurs. On obtient des scènes de joie dans la rue. On les filme et on les mélange subtilement aux images de ce qui se passe à Bagdad. J'ai vu sur certaines chaînes des images qu'on disait se passer à Bagdad, être présentées comme se passant au Kurdistan autonome sur d'autres.

Ce mélange aura pour mérite d'accréditer l'idée que l'armée US occupe Bagdad en libératrice.

* La guerre ne fait que commencer

L'armée américaine et son énorme rouleau compresseur termine sans doute ce qu'on pourrait nommer la phase un de cette guerre: occupation militaire d'une grande partie du pays et mise sur pied d'une administration fantoche.

C'est ce que l'Amérique va nommer "La fin de la guerre." Pourtant, la vraie guerre va sans doute commencer maintenant: celle de la résistance de la population irakienne à la colonisation de leur pays.

Il est notable que la guerre d'Algérie et la guerre du Vietnam n'ont jamais été nommées comme telles par les armées d'agression. Une guerre coloniale ne dit pas son nom; hier comme aujourd'hui, on parlera de "pacifier une région." Ou de sécuriser une ville. On nous expliquera que des actes de terrorisme sont commis, que des combattants illégaux sont arrêtés, etc…

Un vocabulaire que les militants contre le colonialisme et l'impérialisme connaissent. Notre travail de résistance sera sans doute d'expliquer ces mécanismes aux sceptiques et de remonter le moral à ceux qui pensent que tout est perdu.

L'armée israélienne a mis six jours pour conquérir les territoires que l'on sait. Elle y est toujours embourbée.

Idem pour le Liban Sud où une guérilla a chassé une des armées les plus puissantes et les plus modernes du monde. Non, tout espoir n'est pas perdu de voir l'Amérique perdre et mordre la poussière. Plus que jamais: vive la résistance du peuple irakien !


http://www.aden.be
DIOGENE(S) 52

Eén Diogene(s) 52 in plaats van 15 is genoeg
by quiest Monday May 12, 2003 at 08:23 PM
quiest@steun.be

Sorry maar een beetje serieus blijven - 15 x nieuws over nieuws duwt de rest de dieperik in - Eén post met inhoudstafel en verwijzing naar Diogenes 52 zal wel genoeg zijn zeker?