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Cinéma: Faut-il pour autant boycotter le cinéma américain ?
by Patrick Jean Monday May 12, 2003 at 06:27 PM

Un petit effort: réapprendre à jouir pour combattre l’impérialisme dans nos têtes. Quel acte subversif !

La nouvelle guerre du Golfe réveille la question de l’impérialisme américain. Quantité d’articles, d’ouvrages, de sites internet, participent à la dénonciation de cette domination politique, économique et militaire, et appellent, par exemple, au boycott des produits dont les multinationales ont financé la campagne de W.Bush: Philip Morris, Kraft, Texaco, BP, Coca-Cola, Walt Disney, etc [1].

C’est pourtant sur le plan culturel que la domination américaine comporte l’enjeu le plus important. Les produits audiovisuels américains prélèvent jusqu’à 90% de parts de marchés européens dans certains pays et médias. Aucune production ne peut concurrencer leur marketing. L’Union Européenne, poussée par la France, négocia en 1993, lors de l’Uruguay Round, une 'exception culturelle' dont la fragilité est de plus en plus visible.

Ainsi, les produits américains ont envahi nos écrans de cinéma et de télévision, qui hypnotisent plus de la moitié de notre temps de loisirs. Cette domination empêche toute évolution de la création audiovisuelle européenne (et pas seulement) et tout développement économique local dans le secteur.

* Comment la télévision brésilienne fait baisser la natalité ...

Mais si l’enjeu est économique, c’est sur le plan culturel qu’il doit essentiellement se mesurer. L’effet des produits audiovisuels et cinématographiques, en particulier sur l’évolution d’une culture, c’est-à-dire ses relations individuelles, ses expérimentations sociales, ses choix moraux, ses habitudes de consommation, ses croyances, son art de vivre, paraît évident. Le cinéma fut sans doute le meilleur vecteur de l’american way of life.

On n’imagine pas à quel point ! Dans un excellent texte paru il y a un an, J-C Batz[2] citait un étonnant article du Monde intitulé 'la télévision brésilienne fait baisser la natalité' et qui démontrait que si la natalité avait baissé de moitié en 25 ans au Brésil, c’était sous l’influence du message favorable à la cellule familiale réduite, porté par les quatre heures quotidiennes des telenovelas.

Pas d’anti-américanisme dans le constat que l’hégémonie d’un pays, quel qu’il soit, sur la culture d’autres entités mène à la normalisation idéologique et à l’homogénéisation morale, esthétique, sociale et politique... Tous plans sur lesquels les Etats-Unis ne peuvent nous servir de modèle.

Faut-il pour autant boycotter le cinéma américain ? Cette réponse extrême serait aussi caricaturale que la situation qui la produit. Le cinéma américain recèle des œuvres qui font partie d’un patrimoine commun. Les éviter volontairement serait faire acte d’une négation culturelle stérile.

Faut-il attendre de l’Union Européenne qu’elle protège l’audiovisuel européen par de nouveaux quotas ? Poser la question est y répondre.


* Quel acte subversif !

On peut regretter les termes mais, jusqu’à preuve du contraire, seul le 'consommateur de produits audiovisuels' peut modifier son choix, son "marché". Nous posons nous-mêmes nos propres quotas.

C’est un acte politique que de pousser plus souvent la porte d’un petit cinéma que celle d’un complexe, que d’amener des enfants aussi vers des dessins animés qui bénéficient de peu de battage médiatique mais qui portent une autre vision du monde, que d’expérimenter des films dont la visibilité est moins importante mais qui nous jettent dans un ailleurs moins formaté donc plus surprenant et jouissif.

Les 'Respiro', les 'sourire de ma mère', les 'ivre de femmes et de peinture', les 'fils', les 'homme sans passé', les documentaires revenus dans les salles... dont l’existence même participe d’une résistance au formatage du monde et de nos esprits.

Il s’agit de recommencer cette gymnastique qui consiste, pour des spectateurs, à se forcer à aller vers l’ailleurs, à réapprendre à jouir du cinéma[3]. Un petit effort : réapprendre à jouir pour combattre l’impérialisme dans nos têtes. Quel acte subversif !

Patrcik Jean, cinéaste (http://www.aden.be)

[1] Voir le site http://www.motherearth.org/USboycott/index_fr.php
[2] http://www.obs.coe.int/online_publication/reports/batz.html
[3] A Bruxelles, la "Sneak Preview" de l’Arenberg est une excellente salle d’entraînement. Tous les jeudis à 21h30.

DIOGENE(S) 52

Eén Diogene(s) 52 in plaats van 15 is genoeg
by quiest Monday May 12, 2003 at 08:22 PM
quiest@steun.be

Sorry maar een beetje serieus blijven - 15 x nieuws over nieuws duwt de rest de dieperik in - Eén post met inhoudstafel en verwijzing naar Diogenes 52 zal wel genoeg zijn zeker?