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Camerounais, reveillez vous!!!
by Thierry ONGA Saturday May 10, 2003 at 08:26 AM
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L'annee 2004 approche. Encore une annee electorale, avec l'election presidentielle a l'horizon Octobre 2004. Et deja des voix se font entendre, clammant le decouragement, la resignation du peuple Camerounais, et la victoire facile du regime dictatorial de Paul Biya, face a l'apathie des forces vives, et une opposition divisee. Vous avez dit « Deja Vu » ?


« LES CAMEROUNAIS, REVEILLEZ-VOUS…
REVEILLEZ-VOUS, LES CAMEROUNAIS, LES GENS VOUS REGARDENT!!! »


Lettre d'un exile force aux Camerounais de tous les horizons.
Par Thierry ONGA
L'annee 2004 approche. Encore une annee electorale, avec l'election presidentielle a l'horizon Octobre 2004. Et deja des voix se font entendre, clammant le decouragement, la resignation du peuple Camerounais, et la victoire facile du regime dictatorial de Paul Biya, face a l'apathie des forces vives, et une opposition divisee. Vous avez dit « Deja Vu » ?

Etrange, que le souvenir de ces mots de « Petit Pays Omega » resonnent dans ma tete, ces derniers temps. Moi, citant l'artiste musicien Camerounais, en guise de titre a un commentaire serieux, sur la situation politique « au pays » ? Vraiment bizarre, comme la memoire selectionne et retient les faits, qui echappent bien souvent a la reflexion consciente. Loin d'annoncer un eventuel debut de demence, mon psy pense au contraire, que c'est la un phenomene tout a fait normal. Je m'explique : du temps ou je vivais encore au Cameroun, j'etais de ceux, nombreux, qui ecoutaient sa musique plus par distraction que pour autre chose. Il faut dire que le chanteur n'a jamais vraiment brille pour la qualite ou la profondeur de ses messages. Le talentueux musicien est aussi bien repute pour ses multiples succes que pour les controverses qu'il n'a cesse de soulever, son temperement un tantinet autoritaire (doux euphemisme ?). En dit long la cohorte de defections enregistrees dans son groupe, au fil des ans. Mais he, c'est aujourd'hui le propre de ceux qui sont habitues a etre « en haut », comme on dit, au « pays organisateur »! Mais force m'ait de reconnaitre, a la decharge de l'artiste, que ces mots, frappent l'esprit de qui s'attarde a leur donner un sens « engage ». Je dis bien bien engage, preferant ce terme a celui de « militant », pour la cause d'une quelconque formation politique. Je ne tiens pas etre emporte par une polemique semblable a celle qui suivit l'usage du « Liberte » de Anne Marie NZHIE! En tout etat de cause, ces mots utilisees ici en guise d'exhortation, refletent assez mon etat d'esprit. Parions, pourtant, qu'il n'appreciera pas le contexte et l'usage que je vais en faire... Voila pour le titre !

Oui, chers Camerounais, LES GENS VOUS REGARDENT, L'AFRIQUE, LE MONDE VOUS REGARDENT! ! ! C'est vrai que la lassitude, naturelle apres toutes ces annees de tentatives infructueuses, aussi desesperees que couteuses en vie et en drames humains est reelle, et perceptible. Mais la resignation n'est pas de mise. Les Camerounais sont des lions. Et il n y a rien de plus dangereux q'un lion blesse. Oui, il n'est jamais trop tard, chantait Feu Tchana Pierre, (PSA - RIP). Il n'est jamais trop tard pour esperer voir un changement reel a la tete de l'Etat Camerounais, dans le gouvernement et les institutions de la Republique, dans les mentalites. Pour tous ceux qui sont morts, pour tous les estropies a vie, les tortures, les handicapes physiques et mentaux du fait de la repression du mouvement democratique au Cameroun. Pour toutes ces annees d'espoir, de privations, de souffrances, de punitions, de bastonnades, de brimades physiques et morales. Nous n'avons pas le droit de baisser les bras maintenant. Ni jamais. Il faut donner un sens a nos souffrances, en barrant la route, une fois de plus, au RDPC.

J'ai le coeur brise, quand je pense a toutes ces personnes, ces amis, ces freres, hommes et femmes qui, au courant de la decennie 1990, ont tout perdu: leurs biens, la dignite humaine, la vie et, pour les plus fragiles, sommet de la cruaute de ce regime, la raison... La situation actuelle est d'autant plus preoccupante qu'il apparait clairement a l'observateur averti que l'ossature et la perennite du regime en place au Cameroun est fonde non pas tant sur son systeme policier (reste certes efficace, mais qui a perdu de sa superbe, avec la disparution de « dinosaures », tels Jean Fochive) mais bien plus sur la peur-panique qu'il continue d'entretenir vis-a -vis des populations, par un appareil de propagande tribaliste qui endort les esprits dans l'idee phantasmagorique d'un Cameroun post-Biya chaotique, a l'image de tant de pays africains. Rien, ou si peu est dit sur les accomplissements ou les acquis positifs (ou sont ils ?) d'un homme a la personnalite aussi versatile que « l'eternel vacancier d'Etoudi ». Un regime dictatorial donc, mais un leadership « mou », selon l'expression empruntee au General De Gaule ; un systeme base sur la puissance de l'Etat, les forces armees et l'art consomme de manipuler la fibre tribale; un « despotisme eclaire » qui dure, depuis 20 ans et plus...

Au demeurant, la stabilite et la paix au Cameroun reposent uniquement sur la maturite et la volonte du seul peuple Camerounais. Le regime en place a Yaounde le sait bien, qui s'est deja, sans tarder, engage dans l'une de ces campagnes insidieuses de desinformation, de denigrement et de diffammation de l'opposition dans laquelle il excelle. Recette eprouvee, s'il en est ! Les querrelles internes a l'opposition, decevantes, sont depuis longtemps devenues des faits divers, une douce distraction prisee au Cameroun, et le sujet de dissenssions des seuls Camerounais de la diaspora, nostalgiques des annees 1990.

La verite est que le « regime mou » de Paul Biya serait battu par n'importe qui. A condition d'avoir une election veritablement libre, honnete et democratique. Mais cela, on le sait, reste un voeux pieux... Jusqu'a preuve du contraire !

Soyons realistes : je ne sais meme pas si l'opposition evitera cette fois encore le piege de l'emmiettement des votes en presentant un front uni, face au candidat du RDPC, en octobre de l'annee prochaine. Quand au peuple Camerounais, il est probable que d'innombrables manifestations seront reprimmees (la repression se deroule probablement deja, sans trace, dans le silence mortuaire de la machine policiere du regime), des centaines d'arrestations, aussi tragiques qu'anonymes vont etre faites, autant de personnes vont etre incarcerrees, torturees, tuees... La tradition des elections sous Biya sera probablement respectee. L'ordre regnera... «Sa» democratie avancera... Et une autre citation, une !

Mais je voudrais terminer mon propos sur un ton joyeux, pour rappeler la formidable capacite de « recuperer », de « rebondir », comme un lion, du peuple Camerounais. Un peuple, une nation unique, que j'aime d'une maniere toute aussi singuliere, et dont le destin m'importe plus que tout . Et c'est un passage d'une autre chanson de « Petit Pays » qui me vient a l'esprit, pour exprimer cet optimisme, meme contre toute raison. Par ce que les hommes passent, les individus meurent (meme les chefs d'Etat...) mais, les peuples demeurent...

« On est fiers et contents, d'etre tous unis, pour le meilleur et pour le pire, allons-y, en avant ! CAMEROUN, O BOSSO ! ! ! »
© Thierry ONGA, 2003.
Queens, New York City, NY USA.