18 mai 2003 et psychologie Sociale by David (un autre) Thursday May 08, 2003 at 10:36 AM |
La psychologie sociale étudie les comportements interactifs des groupes entre eux, des individus face aux groupes et inversement. Certaines expériences éclairent les débats ayant lieu sur indymedia.be à propos du 18 mai.
18 mai 2003 et psychologie Sociale
La psychologie sociale étudie les comportements interactifs des groupes entre eux, des individus face aux groupes et inversement. Grâce à des expériences menées en laboratoire ou les sujets sont le plus souvent trompés sur les vrais objectifs de l'expérience, les psychologues sociaux tentent de dégager les fondamentaux de l'influence sociale, qu'elle soit minoritaire (S.Moscovici), majoritaires (Asch) ou basée sur d'autres déterminants. L'expérience la plus connue en psychologie sociale est celle ayant pour thème la soumission à l'autorité (Milgram) ou des sujets en viennent à torturer jusqu'à la mort quelqu'un qu'ils n'ont jamais vu auparavant parce qu'un personnage ayant le statut de "scientifique" leur dit de le faire. La torture est évidemment fictive mais les sujets ne le savent pas.
L'expérience de Tajfel communément appelée "Kandinsky versus Klee" éclaire certains débats ayant eu lieu sur le site indymedia.be à propos des élections du 18 mai. Quelle est cette expérience ?
Deux groupes sont formés sur des bases entièrement subjectives. On réunit 20 personnes et on leur montre des dessins de Klee et Kandinsky en leur demandant ceux qu'ils préfèrent. Un groupe "Klee" et un groupe "Kandinsky" sont rapidement formés. Notez que le choix des préférences artistiques n'est pas indispensable, cela aurait pu être "viande ou poisson" ou "slip ou caleçon". Ensuite les groupes sont amenés à se répartir entre eux des sommes d'argent. Dans la grande majorité des cas, les groupes vont choisir une solution ou ils seront avantagés par rapport à l'autre groupe alors qu'une répartition équitable aurait "rapporté" plus d'argent à tout le monde. Autrement dit si les groupes ont le choix entre "5000 francs pour chaque groupe" ou "3000 pour nous et 2000 pour eux", la majorité des groupes choisira la deuxième solution. Cela semble fou et pourtant ces expériences ont été réalisées des dizaines de fois et les résultats vont toujours dans le même sens. Qu'est-ce à dire ?
Cela veut dire qu'en dépit du bon sens (et ceci contredit les théories économiques néo-classiques de l'homo oeconomicus rationnel en tout point), nous aurons toujours tendance à préférer faire "gagner" notre petit groupe, même si celui ci est construit sur une base absurde, alors que la non-compétition serait beaucoup plus bénéfique pour tous. Cette théorie de l'"identité sociale" est un des éléments permettant d'expliquer (en partie bien sur, il y aussi d'autres raisons) la multiplication des listes électorales défendant des idées générales comparables ou parfois similaires au moment des élections.
Que faire alors ? Franchement je n'en sais rien. La psychologie sociale à parfois des aspects un peu déprimants. Il est d'ailleurs probable que certains, en lisant cet article, se disent sincèrement que ce type d'expérience prouve que tel groupe politique a eu tort dans ses choix, ce qui serait évidemment une conclusion erronée. J'avoue que je ne crois plus trop à une grande union de la gauche radicale ou un mouvement rassemblant toutes les structures politiques alternatives ou ce genre d'idée. J'espère que cette petite contribution nous aura fait réfléchir. Bonne fin de campagne et bonne chance à tous.
Une dernière chose à propos des élections du 18 mai : j'aimerais beaucoup que Vincent Decroly (qui poste énormément sur le site en ce moment) nous dise pour qui il va voter. On le cite très souvent en exemple et on n'hésite parfois pas à se l'approprier : qu'en pense-t-il lui ?
Pour en savoir plus sur la psychologie sociale, voir (entre autres) le lien ci-dessous.
Vincent Decroly by red kitten Thursday May 08, 2003 at 11:15 AM |
redkitten@indymedia.be |
Il répondra peut-être lui-même [ et mieux que moi! ], mais je pense que Vincent Decroly a refusé jusqu'ici de prendre position POUR l'une ou l'autre inititive électorale, sans doute pour ne pas heurter certaines sensibilités. [ Ce qui selon moi ne serait pas une bonne raison … ]
Ce qui ne l'empêche pas de faire en tout cas campagne CONTRE "l'arc-en-ciel" [ et les Ecolo en premier chef ], par ses articles, prise de parole et son livre [ "principes de propagande Arc-en-Ciel", co-écrit avec Erik Rydberg, ed.EPO ]. Et c'est déjà un travail très valable et utile.
Origines de la paix et de la violence by Dominique Thursday May 08, 2003 at 02:26 PM |
dominique_pifpaf@hotmail.com |
Reich, un des plus grands succésseurs de Freud, le disait de manière simple et claire: "Si les hommes étaient moins frustrés, il n'y aurait personne pour croire en les hiérarchies que sont l'armée et le pouvoir."
Un psychologue contemporain, James W. Prescott, a poursuivi ce travail et, au terme d'une enquête effectuée sur plus de cent civilisations pré-industrielles, a établi les trois causes déterminant l'état de paix ou de violence que développe une société donnée, et ce avec une probabilité d'erreur d'environ un pour mille.
Ces trois causes sont:
1) Les sociétés dont les parents témoignent de manière physique leur amour à leurs enfants en bas âges ne développent presque pas de violence chez les adultes, alors que celles qui ne le font pas développent une grande violence chez les adultes.
2) Les sociétés dont les adultes témoignent une grande tolérance vis-à-vis de la sexualité des adolescents (qu'il appelle sexualité pré-maritale) ne développent presque pas de violence chez les adultes, alors que celles qui ne font pas preuve de cette tolérance développent beaucoup de violence chez les adultes. Ce point est plus important que le point 1) car la tolérance vis-à-vis de la sexualité des adolescent permet de développer des adultes non violents même dans le cas de sociétés dont les parents ne donnent pas de preuve d'amour physique à leurs bébés.
3) Toutes les sociétés ayant des formes organisées de religions développent une grande violence chez les adultes, alors que les sociétés ayant des formes non organisées de religions, c'est à dire où la religion est et reste une affaire personelle, ne développent presque pas de violence chez les adultes.
Celà vient du fait que les religions organisées, pour avoir le contrôle sur leurs adeptes, véhicules toutes sortes de tabous, ce qui nous renvoient aux points 1) et 2).
Le point fort des travaux de Prescott, outre leur aspect fondamental pour comprendre les origines de la paix et de la violence chez les individus et dans la société, est qu'il s'agit d'un travail scientifique coroborré par un calcul de probabilité (Hé oui, cela est possible même en matière de psychologie!).
Ces travaux (ainsi que d'autres) sont consultables librement (en anglais) sur http://www.violence.de/
Ils ont été retiré du site de son employeur de l'époque. Imaginez le scandale dans une amérique puritaine d'oser affirmer scientifiquement que nos religions modernes sont une des trois causes fondamentales de la violence de notre société... Enfin, vive le net où tout cela est disponible pour qui veut s'instruire.
Citation by Dominique Thursday May 08, 2003 at 02:29 PM |
La bonne version de la citation de Reich est "Si les hommes étaient moins frustrés, il n'y aurait personne pour croire en les hiérarchies que sont l'armée et la religion."
Portée ? by duende Friday May 09, 2003 at 07:47 PM |
duende@irishfree.com |
David,
Merci pour cet article !
L'expérience que tu cites (ou une expérience similaire) a-t-elle été répétée dans différentes sociétés, et en particulier dans des sociétés éloignées du modèle capitaliste à l'occidentale ?
En d'autres termes, le conclusions de l'expérience sont-elles généralisables à toute l'espèce humaine ou sont-elles, jusqu'à nouvel ordre, limitées à l'Américain (et à l'Européen) moyen ?