arch/ive/ief (2000 - 2005)

Bingol les raisons d'une émeute
by Anka Monday May 05, 2003 at 10:44 PM

les pratiques ethnicides de l'etat Turc a l'origine des emeutes de Bingol

167 morts, plus de 1300 blessés.
Femmes en pleurs, pères choqués et silencieux, dans la nuit de mercredi à jeudi un tremblement de terre s’est produit dans le sud-est anatolien. Trente heures après le séisme mesurant 6,4 sur l'échelle de Richter, qui a secoué la province de Bingöl pendant 17 secondes quelques 200 répliques de choc, certaines mesurant plus de 5 sur l'échelle de Richter, ont été enregistrées.
Bingöl est une ville comptant 72 000 habitants intra-muros, 241 000 avec sa métropole, et elle est située en altitude ; les températures en cette saison avoisinent donc les 7°C.
Pour soulager les victimes le 1er ministre turc a promis tentes, nourritures, couvertures, secours et reconstruction. Aujourd’hui vendredi la population se révolte malgré les promesses encourageantes du premier ministre.
Les paroles s’envolent les faits restent :
Le premier ministre a promis des tentes, 500 tentes pour une population déjà exsangue qui subit un blocus permanent malgré la volonté des kurdes de cesser la guerre et de demander qu’un processus politique et démocratique soit mis en place aussi dans leur région, malgré que le PKK ait arrêté la lutte armée depuis 1999. En revanche, perdurent les disparitions, la torture, le viol, le vol, l’emprisonnement, les maisons démolies à l’explosif ou brûlées par l’armée, l’arbitraire, et 2 flics et 1 militaire par habitant…
Mais je m’égare : 500 tentes pour une ville de 72 000 habitants détruite à soixante pour cent.
Il a promis des secours, les seuls secours reçus à Bingöl sont les secours envoyés de Diyarbakir*, de Sirt * et de Batman*, les seuls qui arrivés dès le premier jour ont pu se rendre jusque dans Bingöl car tout de suite après la désorganisation due au séisme des consignes, ont rapidement été données et exécutées elles ont changé la donne. En effet, des milliers de kurdes immédiatement et spontanément avaient rassemblé de la nourriture, des vêtements, des couvertures ; rapidement des transports s’étaient organisés et avaient pris la route avec d’autres équipes de secouristes qui s’étaient constituées pour relever les premiers arrivés qui n’ont pas cessé le travail depuis maintenant 2 jours et 2 nuits. Mais voilà, les secouristes et transporteurs de couvertures, vêtements et nourritures ont été arrêtés aux portes de la ville ; motif : ce sont des agitateurs et des terroristes qui essaient de s’infiltrer. Après de longs palabres et un bakchich un arrangement est trouvé : le gouverneur va s’occuper de répartir et distribuer les dons, quand aux secours l’armée va s’en occuper –« merci gouverneur » et on s’en va.
Le gouverneur a réparti les dons comme suit :
- la nourriture dans les magasins d’alimentation
-les vêtements et couvertures dans les magasins de vêtements et de couvertures.
Le seul hic, c’est que le gouverneur n’a pas donné les dons, il les a vendus les faits ont été dénonce par des commerçants qui n’ont pas accepté et ont dénoncé ces agissements.
C’est alors que la population de Bingöl s’est rassemblée devant les bureaux du gouverneur local et a scandé : « Démission ».
En entendant ces mots, le super préfet est rapidement intervenu ; il a envoyé ses policiers. Et, sans doute pour calmer le jeu, des policiers ont foncé au volant de leur véhicule sur la foule, puis sont arrivés des VABs, sortes de petits blindés sur roues munis d’une tourelle avec mitrailleuses. Enfin, sont arrivées les forces de la police spéciale équipées de cagoules et fusils qui a tout de suite ouvert le feu. «Il n’y a pas eu de tirs en direction des gens », a assuré le premier ministre. En effet, ni lui ni le préfet ni même le gouverneur n’ont été blessés. « Il s’agissait de tirs en l’air… » a t il ajouté. Faut croire que les kurdes volent dans les airs car de cette confrontation avec tirs en l’air, 28 manifestants ont été blessés dont 3 grièvement qui ont été envoyés dans un hôpital à Elazig. Aujourd’hui ces 3 personnes sont mortes.

Enfin, les coups de fusil en l’air auront tout de même eu pour conséquence le limogeage du chef de la police locale mais aucune enquête ou procès ne sont à l’ordre du jour, cela pourrait sans doute effrayer le prochain chef de la police locale…
Le premier ministre du gouvernement turc a également promis la reconstruction : l'Union des chambres de commerce, de l'industrie et des bourses (TOBB) a promis de construire 500 maisons pour ceux qui sont désormais sans abri. Je ne vous rappellerai pas que la seule ville de Bingöl détruite à 60 pour cent compte 72 000 d’habitants
Ce premier sinistre de l’état Turc s’appelle Recep Tayyip Erdogan. Aujourd’hui, il s'est rendu sur place et a déclaré que des terrains d'Etat seraient alloués pour la construction de ces logis. Il a également déclaré que les dégâts sont concentrés dans une zone restreinte et les autorités estiment que leurs équipes de secours sont en mesure de répondre aux besoins immédiats et n’ont absolument pas besoin de l'aide internationale.
Sur le terrain les sauveteurs sont engagés dans une course contre la montre : durant la nuit un élève a été retrouvé vivant, un bras cassé, dans les décombres du pensionnat de l'école de Celtiksuyu à une douzaine de km de Bingoll. Ecole qui avait été construite en 1998 par une compagnie qui, en 2002, a été exclue de contrats publics pour une durée d'un an, non pas pour construction dangereuse mais pour avoir facturé des sommes excessives.
(Pingre un jour pingre toujours, la maison des deux frères propriétaires de la firme s'est écroulée, de même que le siège de l'administration provinciale des travaux publics ).

Non il ne s’agit pas de pratiques génocidaires puisque de toute façon les Kurdes n’existent pas. En Turquie le fait même de prononcer ce mot vous mènerait en prison pour 7 années et dire Kurdistan pourrait même vous être fatal. Néanmoins les Kurdes qui parviennent à échapper à ce régime n’obtiennent pas l’autorisation de s’installer en Europe puisque lorsqu’ils arrivent dans l’Europe forteresse ils sont immédiatement déportés sur la Turquie ou ils disparaissent comme M. Abülbaki Güler et M. Izzettin Arpaci. Mais l’Ofpra pourra toujours nous servir les propos de M. Ozülker ambassadeur de Turquie à Paris qui déclarent : « M. Abülbaki Güler et M. Izzettin Arpaci n'ont pas été arrêtés à leur arrivée en Turquie et ne se trouvent en conséquent pas dans la prison de Metris, ni dans une autre prison », de même que Monsieur Siddik Kaya expulsé de France lui aussi dont le corps attaché et bâillonné a été retrouvé avec 2 balles dans la tête il avait été débouté lui aussi par l’OFPRA du droit d’asile.
La France pourra déclarer qu’elle regrette mais que le consulat turc avait affirmé que les personnes en question n’étaient pas recherchées par leur démocratie, démocratie qui décret après décret interdit un à un tout les partis démocratiquement élus au Kurdistan. La cour Européenne quand à elle pourra se déplacer pour mener une enquête qui dans le meilleur des cas condamnera la Turquie à une forte amende une de plus… triste compensation.


La Cour européenne enquête à Ankara sur la disparition de deux militants kurdes
STRASBOURG, 30 avr (AFP) - 16h08 - Une délégation de trois juges de la Cour européenne des Droits de l'Homme s'est rendue à Ankara où elle a auditionné des témoins dans l'affaire de deux militants kurdes disparus depuis janvier 2001, a indiqué mercredi la Cour dans un communiqué à Strasbourg.
Le communiqué précise que la délégation composée de Sir Nicolas Bratza (britannique), M. Matti Pellonpää (finlandais) et M. Rait Maruste (estonien), a entendu des témoins de lundi à mercredi dans la capitale turque, pour tenter de faire la lumière sur le sort de Serdar Tanis et Ebubekir Deniz, deux responsables du Parti de la Démocratie du Peuple (HADEP, pro-kurde).
Les deux responsables ont disparu à Silopi (sud-est de la Turquie) depuis le 25 janvier 2001, date de leur convocation au poste de gendarmerie de cette ville où les avait accompagnés un autre militant du HADEP.
Les avocats des deux Kurdes avaient dès le 9 février suivant, introduit, au nom de quatre de leurs proches, une requête devant la Cour européenne des droits de l'Homme qui a été déclarée recevable en septembre 2001.
Selon les requérants, les deux militants pourraient avoir été victimes d'une exécution extrajudiciaire lors de leur garde à vue non reconnue par les autorités. Ils allèguent la violation des articles 2 (droit à la vie), 3 (interdiction de la torture ou de traitements inhumains ou dégradants), 5 (droit à la liberté et à la sûreté) et 13 (droit à un recours effectif) de la Convention.
Selon la version du gouvernement, les deux militants se sont bien rendus à la gendarmerie de Silopi pour une visite au commandant, mais ils auraient quitté les lieux une demi-heure plus tard, sans l'avoir rencontré et après avoir signé un registre de sortie.
Le Hadep, principale formation pro-kurde de Turquie, a été formellement interdit en mars dernier par la Cour constitutionnelle turque.