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Les sidérurgistes européens contre Arcelor et l'Arc-en-ciel wallon
by Steelman Tuesday April 29, 2003 at 08:22 PM

«L'accord c'est la défaite! On est vendu par les politiciens et la direction syndicale», dit un sidérurgiste liégeois au sujet de l'accord entre les dirigeants syndicaux et les patrons de la multinationale Arcelor.

mardi, 29 avril 2003, 9h31

Les sidérurgistes européens contre Arcelor et l'Arc-en-ciel wallon

«L'accord c'est la défaite! On est vendu par les politiciens et la direction syndicale», dit un sidérurgiste liégeois au sujet de l'accord entre les dirigeants syndicaux et les patrons de la multinationale Arcelor. En effet, le «chaud» liégeois sera bien démantelé, peu importent les détails de l'agenda Mais, pendant que le géant de l'acier et les politiciens de l'Arc-en-ciel wallon se félicitent, les sidérurgistes se préparent à une longue lutte et s'unissent à l'échelle européenne.

Johnny Coopmans, Jean-Claude Hardy, Kris Hertogen
30-04-2003


Les sidérurgistes rejettent l'accord avec Arcelor
Et les Carolos d'Arcelor? Avec un Z, comme Zorro
La Région wallonne fait le forcing pour la fermeture
Les sidérurgistes rejettent l'accord avec Arcelor


Sidérurgistes en colère le 25 avril à Luxembourg. Ils n'acceptent pas l'accord conclu entre les directions syndicales et Arcelor (Photos Antonio Gomez Garcia)
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Une manifestation européenne réussie

Tous les sites belges d'Arcelor ont répondu présent: Sidmar, ALZ, Duferco, Industeel-Fafer et les Liégeois, qui sont en force. Allemands, Espagnols, Français sont venus des quatre sites menacés, mais aussi d'autres sites. Certains dirigeants syndicaux de France et surtout d'Allemagne ont voulu séparer leurs troupes du bataillon de choc des Liégeois. Ils n'y sont pas parvenus.

Cette manifestation des sidérurgistes européens est une première. Et une réussite! Les ouvriers de Renault en leur temps n'étaient pas parvenus à un tel résultat. Arcelor, premier groupe sidérurgique mondial, se trouve devant son propre fossoyeur, le prolétariat européen.

Le PTB a publié un tract européen bien accueilli par les manifestants. Celui-ci propose un plan audacieux, mais réaliste: soit Arcelor respecte ses engagements, soit la sidérurgie européenne est nationalisée aux frais d'Arcelor. Là, la Région wallonne devrait prendre ses responsabilités.



Que pensent les sidérurgistes de cet accord entre les dirigeants syndicaux et les patrons d'Arcelor? Réactions à chaud au cours de la manifestation du 25 avril à Luxembourg.


Confiance?

«L'accord c'est la défaite. On est vendu par les politiciens et la direction syndicale.

­ On ne peut pas accepter que toute une région soit à la merci de quelques actionnaires.

­ Pourquoi les croire? Ils ne sont pas crédibles.

­ Sur le papier, c'est peut-être un petit peu mieux qu'avant, mais pourquoi ferions-nous confiance à des gens (les patrons d'Arcelor, ndlr) qui ont déjà renié leur parole?


Reconversion?

«Si on ferme le chaud, le froid ne tiendra pas non plus, c'est la loi du marché.

­ Souvenez-vous à Phenix-Works. Ils ont mis la ligne Galva II sous la bâche en prétendant que c'était temporaire. Et finalement, ils l'ont tout de même fermée.

­ Ce sera comme d'habitude, les pensionnés ne seront pas remplacés, etc. Et finalement, ce sera tout de même la compression d'emplois.

­ Ça, c'est une chimio palliative. Ce n'est pas la guérison.

­ On va tirer un trait sur 200 ans de sidérurgie à Liège


Electoral?

«Cet accord est un calmant qu'on nous donne, comme par hasard, juste à la veille de la manif. Et, à trois semaines des élections, c'est aussi pour ne pas embarrasser les politiciens.

­ Ce n'est pas une solution, c'est un truc pour gagner du temps, du pipeau.


Et devinez qui se félicite

Les patrons, bien sûr, mais aussi les politiciens wallons, toutes tendances confondues. Pour Kubla (MR): «l'heure est désormais venue de se pencher sur un projet de développement économique fort, capable de donner un destin nouveau à la région liégeoise». Pour Van Cauwenberge (PS), c'est un «consensus équilibré» et il s'empresse d'annoncer que les actions judiciaires contre Arcelor sont suspendues.

Quand aux dirigeants syndicaux liégeois, ils la jouent profil bas. «Je me refuse à parler de victoire», dit Liakos, de la CSC-Métal. «Je défendrai personnellement cet accord devant les travailleurs, même si c'est la mort dans l'âme», dit Potier, des métallos liégeois de la FGTB.

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Et les Carolos d'Arcelor? Avec un Z, comme Zorro
Où en sont les Carolos d'Arcelor? Réponse de Freddy Visconti, sidérurgiste à Carlam, militant syndical depuis trente ans, candidat sur la liste PTB aux élections du 18 mai.


La presse dit que les sidérurgistes carolos ne se sentent pas concernés par les problèmes des Liégeois

Freddy Visconti. Ces bruits ne servent que la division. Les Carolos sont totalement concernés, à cent pour cent!

Dollé (PDG d'Arcelor, ndlr) a dit il n'y a pas longtemps que la Fafer ne fait plus partie du «Core Business» (le noyau central). Traduit en langage ouvrier, ça veut dire: «Je n'en ai plus besoin!».

À Carlam, Arcelor abandonnerait l'acier doux au profit de l'inox et la capacité du laminoir descendrait de 4,2 millions de tonnes à 2,7 millions. Il y aurait suppression d'une équipe (100 travailleurs) et suppression du travail du week-end qui représente 20 % du salaire.

La décaperie ne recevrait plus d'acier doux, ce qui ferait encore une perte de 120 emplois. Il y a bien des promesses d'alimenter le laminoir par la ligne Galva 5, de Liège, mais que valent encore ces promesses quand on sait que le froid liégeois va nécessairement être restructuré lui aussi?

En 1986, il y a déjà eu une menace de supprimer une équipe à Carlam. Une liste noire de 60 noms a même existé. Nous avons dû occuper l'usine pendant un mois. Les travailleurs savent que ça peut se reproduire.

Il faut demander des comptes aux politiciens de l'Arc-en-Ciel wallon. Ce sont des «zélus», avec un Z, comme dans zéro!

Je vous garantis que si moi ou Colette sommes «zélus», le 18 mai, sur la liste du PTB, ce sera avec un Z comme Zorro! Avec, pour commencer, un projet de loi sur la saisie des biens d'Arcelor.

Les soldats sont là, mais où sont les généraux?
Freddy Visconti raconte la manif du 25 avril à Luxembourg.

Il y avait 5.000 travailleurs, venus de tous les bassins. En soi, c'est un succès qui ne doit pas plaire à tout le monde. Un meeting était prévu, mais la gendarmerie luxembourgeoise a bloqué l'accès au podium. Et les organisateurs ont tout de suite capitulé. Nous descendions à peine des cars que les téléphones se sont mis à sonner: «Meeting annulé! Vous pouvez rentrer chez vous».

En trente ans dans le syndicat, je n'ai jamais vu ça! «Les soldats sont là, mais où sont les généraux?», disaient les ouvriers en colère. Les jeunes, dont beaucoup manifestaient pour la première fois, se demandaient si ça sert encore à quelque chose.

La gendarmerie belge (police unique!) a de nouveau fourni au Luxembourg ses auto-pompes et son personnel. Les politiciens se disent contre la fermeture du chaud à Liège, mais offrent le matériel de répression et des robocops belges pour protéger Arcelor de la colère des travailleurs. C'est la même logique qu'avec l'Irak : "Nous sommes contre la guerre mais passez messieurs les militaires US".

Ce jour-là, selon la presse, les membres du CA d'Arcelor se sont octroyé des jetons de présence de 2.000 euros par séance, avec effet rétroactif depuis la création d'Arcelor. En plus, ils se sont offert une prime collective d'un million d'euros, suite aux bons résultats financiers de l'année passée. Arcelor, ça peut rapporter gros! Sans parler des dizaines de milliers de "stock options" qu'ils vont s'octroyer le 15 mai.

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La Région wallonne fait le forcing pour la fermeture
Les politiciens wallons crient déjà victoire. Ils ont fait des responsables syndicaux leurs porte-voix dociles. Ayant déjà largement torpillé le combat, ces derniers ont été jusqu'à annuler un meeting par peur d'être conspués. Mais ils n'ont pas compté avec la base.


L'accord porte sur trois points:

· Arrêt du premier haut-fourneau au 30 juin 2005 avec mise sous cocon (et non démantèlement)

· Arrêt du deuxième haut-fourneau au plus tôt le 1er janvier 2009 et au plus tard au 31 décembre 2009 selon une expertise technique de l'état des outils.

· Le front commun provoquera une assemblée générale de tous les travailleurs de Cockerill pour permettre une information plus complète.

Six mois de fonctionnement en moins pour le Haut Fourneau 5 de Seraing et trois ans en plus pour la phase à chaud. Attention! Trois ans remplis de chômage, et avec perte salariale en plus, car le seul haut-fourneau restant ne pourra plus approvisionner valablement l'aciérie.

«Nous avons obtenu le meilleur résultat possible. Une première est que nous avons fait reculer une multinationale sur sa décision de fermeture», disent en substance les directions syndicales liégeoises

Non! Sûrement pas le meilleur résultat possible

Cet accord est une trahison, ni plus, ni moins! Alors que l'objectif central et unique que le front commun s'était fixé en février dernier était le maintien de la ligne intégrée, chaud et froid.

«2008 ou 2009 pour moi c'est pareil, c'est n'importe quoi!», s'exclame un ouvrier devant les caméras de télévision. «Si on ferme le chaud, le froid ne survivra pas. Les promesses de la direction ne sont pas fiables», dit un militant FGTB de Jemeppe Kessales. «A Tihange, pour deux employées, on a fait 18 jours de grève», dit un délégué. A Valfil, le laminoir a été occupé en son temps pendant 9 semaines pour sauver 500 emplois.

Ici on met fin à un combat à peine commencé (trois jours de grève avec manifestation sur deux mois) pour lâcher 10.000 emplois directs et indirects.

Ceux qui sont censés diriger la lutte n'ont en fait qu'un seul souci: empêcher la colère ouvrière de s'exprimer. Le 24 janvier, les fédérations refusent d'empêcher la réunion du conseil d'administration qui décide la fermeture de la phase à chaud. Le 12 mars a lieu une manifestation monstre où 50.000 travailleurs exigent le maintien de l'emploi. Mais, le lendemain, le 13, la direction syndicale déclare qu'elle est pr ête à négocier une date de fermeture. Le 24 avril, la fédération signe le fameux accord et le lendemain elle annule un meeting, sans doute par peur de la réaction de ses propres troupes.

La fermeture de Clabecq a été reculée de 26 ans

Clabecq a été fermé fin 1996, laissé en plan et livré au pillage par la Région Wallonne. Après trois mois de lutte de la délégation de Roberto D'Orazio et du front commun de toutes les délégations de l'entreprise, l'usine fut réouverte en juin 1997. Le haut-fourneau n'a été fermé qu'en juin 2002! L'usine et le haut-fourneau, déjà condamnés en 1975 par l'étude MC Kinsey, tournaient encore 26 ans plus tard!

Démocratie syndicale et démocratie Arc-en-ciel

Le préaccord a été imposé de façon antidémocratique. Après l'annonce médiatique faite vers 19h, la FGTB convoque - à deux heures du matin - un comité syndical extraordinaire où, la mort dans l'âme, trois quarts des délégués présents acceptent la décision. Cela c'est fait à la demande expresse de Van Cauwenberge (PS), ministre président de la Région Wallonne. Ainsi on muselle les militants syndicaux pour qu'ils défendent le texte dans les cars allant à Luxembourg le lendemain. Trente cinq délégués ont voté en lieu et place de 2500 travailleurs!

Dès le début, en janvier, Kubla (MR) a déclaré «Personne ne croit que le chaud va rester, mais il faut assez de temps pour réaliser la reconversion». Van Cauwenberge (PS), Daerden (PS) et Kubla (MR) font un trio formidable pour convaincre les têtes syndicales d'accepter un arrangement à l'amiable avec la multinationale.

C'est la Région wallonne et elle seule qui mène cette danse macabre! Elle a travaillé deux mois pour désamorcer la bombe sociale. Finalement, le sommet syndical se chargera de faire passer la volonté des politiciens en liquidant la démocratie syndicale

Par deux fois la base
de Chertal démarre

Vendredi 20 avril, juste avant le week-end pascal, 80 travailleurs bloquent l'aéroport de Bierset. Ils ciblent ainsi directement les politiciens de la région wallonne. Ceux-ci présentent, en effet, l'aéroport comme une alternative. Mais, pour les ouvriers de la région, un aéroport sans sidérurgie ne tiendra pas.

Mardi 23 avril, un arrêt de deux heures oblige l'appareil syndical à décréter la grève pour le jour de la manifestation de Luxembourg.

Sur le podium de Luxembourg, déserté par les chefs syndicaux, les travailleurs de la base prennent la parole: «J'ai trente ans, si je tombe au chômage, je poursuivrai Dollé et Arcelor pendant le reste de ma vie pour ce qu'ils m'ont fait». Et, après un appel au calme d'un délégué: «Moi, je vous appelle à aller à l'affrontement maintenant car je n'ai plus rien à perdre».

Casser cet accord

Les travailleurs qui veulent vraiment un avenir pour leurs enfants doivent casser cet accord!

Pour cela il faut d'abord exiger que l'on passe par un vote. Des délégués ne peuvent décider en lieu et place de leur base.

Ensuite, il faudra aller à Namur et obliger la Région wallonne à exproprier les avoirs de la multinationale et à faire elle-même les investissements nécessaires à la survie des outils.

Il faut agir maintenant, avant le jour des élections.

Vous voulez faire payer leur attitude aux politiciens des partis traditionnels? L'occasion se présente le jour des élections, le 18 mai 2003. L'occasion d'introduire une rebelle au Parlement, une porte-parole du combat ouvrier: notre médecin, Colette Moulaert, qui revient de Bagdad. Des sidérurgistes du PTB se trouvent aussi sur les listes électorales de la Chambre et du Sénat.

et les cybermandai-es sont avec vous
by nicoles liberees cematin dela prison du luxe Wednesday April 30, 2003 at 01:14 AM
nicole2003@altern.org

pas de commentaires, rendez vous a hazinelle le 1
er mai a 16h00

election
by nicole, la vraie Wednesday April 30, 2003 at 01:24 AM

et si tu crois que l'élection de mister ptb va arranger quelque chose @ tout ça vaut mieux que tu fasses une thérapie ou sreetpary, qui sait ...

streetparty
by nicole ni vomi sur le clavier Wednesday April 30, 2003 at 08:42 AM

et y faut un tréma sur le "i".