arch/ive/ief (2000 - 2005)

la souffrance d'un peuple
by fico Tuesday April 22, 2003 at 10:35 PM
ficott@yahoo.fr

Recemment, indymedia.be a reçut les bandes vidéo des 4 médecins belges qui étaient à Bagdad pendant la guerre.


Depuis plus d'une semaine, le staff vidéo s'occupe de sélectionner, de trier et de diffuser ces images. Sur les cassettes originales, nous disposons de plus d'une heure d'images dans les hopitaux de la capitale irakienne. Ces images sont horribles, ce sont celles d'une guerre où les cris d'enfants se mélangent aux pleurs des proches et au silence de la mort.

Les images les plus choquantes sont celles de ces enfants dont le quotidien se résume maintenant à une souffrance continue de l'intervention américaine. Comme le disait Colette Moulaert (un des médecins de retour de Bagdad), "il n'y pas qu'Ali, il y en a des milliers d'autres". Nous en avons vu sur une heure de bande, plus d'une dizaine alors que les irakiens ont vécut 1 mois sous les bombes.

Des enfants amputés, détruits, carbonisés, atteints de blessures monstrueuses sont devenus le quotidien des médecins irakiens. L'un d'eux disait à Geert Van Moorter (un des 4 médecins belge à Bagdad) : "je suis docteur, j'étais là en 91' et je n'ai jamais vu de telles horreurs de ma vie". D'autres médecins témoignent et nous montrent le restant de familles entières, victimes des bombes : "d'une famille de 8 personnes, voilà ce qui reste..." en montrant la mère, blessée, le fils, amputé, et la petite fille de sept ans, brulée gravement, en train de dessiner un portrait de famille comme les enfants le font si souvent.

Ces images nous ont tous profondèment marquées, bien plus que des images sensationnelles, elles sont des images de la réalité à Bagdad et sont le témoignage de la souffrance irakienne.

Elles nous montrent à quel point la vie est chère et combien la population à dut payer cette "libération" américaine, le prix du sang et de pleurs de la population civile irakienne.

Nous avons et nou s continuons à pleurer ces victimes. Cette souffrance s'est aujourd'hui transformée en force. La force d'avoir vu ce que ces médecins ont vut, de comprendre l'ampleur du massacre en Irak et de pouvoir le crier avec autant d'intensité que la souffrance de ces milliers d'irakiens. Comme ce civil, qui sur les ruines de sa maison, déclare : "j'espère que les américains viendront ici, je les attend et je suis armé".

Beaucoup de gens en occident vivent sur leur nuage de préoccupations futiles. Peu d'entre nous s'imaginent et comprennent réellement ce qui s'est passé en Irak. Peu d'entre nous s'imaginent à la place du père qui a perdu sa femme et ses enfants, de la femme qui a perdu son mari, de celui qui a vut mourir son frère, de l'enfant qui se retrouve seul et handicapé à vie.

Harrie Dewitte disait à l'aéroport en revenant de Bagdad : "j'aimerais que tout les européens et les belges vivent l'angoisse et la souffrance du peuple irakien". En visionnant les images, nous avons fait cet effort et je vous assure que cela est une épreuve plus que difficile. J'en pleure encore.

Maintenant, pour beaucoup, la guerre est finie. L'irak est liberée, la démocratie rétablie, le dictateur tombé et la population en est heureuse. Nous tenons à crier haut et fort que cela n'est pas le cas, que la vraie guerre vient de commencer , que nous nous devons de hurler, de divulguer ce que nos yeux ont vut et qui ont transformé nos vies. Regardez la circulation, regardez vos enfants, regardez votre maison, regardez vos proches et regardez vous dans le miroir et n'oubliez jamais que, en Irak, beaucoup ne le verront jamais plus.