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Médecins à Bagdad: «Nous rentrons en Belgique avec du matériel ‘explosif’ contre les USA&q
by Bert De Belder Monday April 21, 2003 at 05:46 PM
bert.de.belder@skynet.be

Les docteurs Claire Geraets et Geert Van Moorter s’apprêtent à quitter Bagdad. Ils seront à Zaventem ce mercredi 23 avril à 7h30 avec, dans leurs valises, toute une série de témoignages supplémentaires sur les crimes de guerre américains en Irak. Ces témoignages doivent servir à étayer les accusations contre le général américain Tommy Franks au cours d’un procès que Maître Jan Fermon s’apprête à porter devant la justice belge.

«Nous ramenons du matériel explosif », annonce Geert. «D’autres ambulances encore ont été prises pour cibles par les militaires américains, et il s’en est suivi nombre de morts supplémentaires. Je préfère garder les détails pour le tribunal, mais on peut d’ores et déjà dire que ça va provoquer un sacré feu d’artifice! En outre, les soldats américains se sont rendus coupables de non-assistance, sur le plan médical, à des personnes en danger, en abandonnant, le long de leur route, des Irakiens qu’ils avaient eux mêmes mitraillés et blessés, entre autres.»
Collecter des témoignages dans une ville sous occupation et truffée de check-points, avec des gens qui préfèrent se terrer chez eux, sans téléphone, etc. n’était pas une tâche facile pour Claire et Geert. «Aujourd’hui, nous n’avons même pas eu le temps de manger, nous avons dû courir sans arrêt», ajoute Geert. «Deux biscottes, c’est à peu près tout ce que nous avons pu nous mettre sous la dent.»
Les médecins ont visité la Saddam Medical City, où se trouve un énorme hôpital universitaire de 16 étages. «Du fait de l’absence d’électricité, on n’en utilise que quatre», raconte Geert. «Et afin de parer aux pillages, tous les couloirs et escaliers ont été fermés. On ne peut se déplacer que par ascenseur, mais seuls deux sur douze fonctionnent. Si on veut demander l’avis d’un médecin, il faut parfois attendre plusieurs heures avant de pouvoir l’atteindre!»
L’hôpital al-Anour est devenu le principal point de chute de Claire et de Geert. «Le Dr Osama Fakri nous a encore chaleureusement remerciés pour les fixateurs externes que nous lui avons remis. ‘De la marchandise du tout dernier cri’, a-t-il ajouté, ‘que nous allons encore utiliser souvent. Ces produits sont bien meilleurs que ceux que les militaires américains ont amenés ici!’ Ca, c’est une fleur pour le Dr Bart Conix, chirurgien orthopédiste de l’hôpital du Middelheim, à Anvers, qui a offert ces fixateurs à Médecine pour le Tiers Monde.
«Nous avons brièvement le nouveau ‘maire’ de Bagdad en coup de vent», poursuit Geert. «Il s’appelle Mohamed Zobaedeh. L’homme a promis de rétablir l’électricité à Bagdad dans les deux jours mais, une bonne semaine plus tard, toute la ville est toujours sans courant. Zobaedeh est bien sûr une marionnette des Américains, et ça ne plaît pas du tout à la population. Le sentiment que les Américains ne pourront s’éterniser dans le pays est très répandu parmi les Irakiens. Par ailleurs, la guerre d’agression et la disparition des autorités irakiennes ont engendré un tel vide, une telle confusion, que bien des gens ont peur d’un retrait immédiat des troupes américaines sans qu’il y ait d’alternative bien précise pour leur sécurité. Doivent-ils compter pour cela sur les Nations unies ou sur la Ligue arabe, en attendant de disposer à nouveau d’un gouvernement et d’une police propres? C’est loin d’être des questions simples, vu la complexité de la situation qui règne aujourd’hui à Bagdad...»