arch/ive/ief (2000 - 2005)

Féminiser la langue ou nommer sa présence au monde
by Ambre Friday April 18, 2003 at 07:31 PM
libre_expressionca@yahoo.ca

la féminisation de la langue française rencontre de solides résistance non seulement de l'Académie et des machos, mais de plusieurs femmes.

La langue reflète les structures, les préjugés et les rapports de forces inhérents à toute société. Alors que les femmes occupent de plus en plus la place qui leur revient sur le plan social, cette réalité continue à être obstinément ignorée sur le plan linguistique. Le refus de la féminisation tend à renvoyer les femmes dans la marginalité et à leur nier toute identité propre. Il est évident qu'en reflétant les changements sociaux, la langue transformera à son tour les mentalités.

Alors que sous la poussée des études féministes partout dans le monde, on tente de réinsérer les femmes dans l?histoire, il existe encore une résistance acharnée à leur nécessaire insertion dans la langue. La féminisation, c?est la bête noire non seulement des dinosaures de l?Académie française et des machos, mais aussi de nombreuses femmes. Dans un essai rigoureux et d?un humour rafraîchissant, la linguiste Louise L. Larivière espère porter le coup fatal à ce préjugé tenace. Espérons que le ridicule tuera enfin la bêtise.

Dans son livre intitulé Pourquoi en finir avec la féminisation linguistique dont je préfère le beau sous-titre ou à la recherche des mots perdus, l'auteure affirme qu'on ne peut être égale sans être visible. Jusqu'à tout récemment, la langue s'est contentée de refléter et de renforcer l'invisibilité sociale des femmes dans les sociétés patriarcales. Pourtant, elle pourrait s'adapter aux transformations sociales touchant les femmes comme elle l'a fait rapidement avec les changements technologiques et scientifiques.

Lire cet article qui suscite de vifs débats au sein de la francophonei

Carcasse

A la recherche des mots perdus
by Cécily Sunday April 20, 2003 at 03:09 PM

Au Moyen-Age, les noms de métiers et autres étaient toujours féminisables, souvent en "esse": médecin, mirgesse ou mirgeresse (d'après Decaux); docteur, docteresse; vengeur, vengeresse... (Il en reste le folklorique "défendeur, défenderesse" des tribunaux.) A l'époque, le ridicule aurait été de donner à une femme un nom au masculin. Aujourd'hui, dans un syllabus pour les avocats stagiaires, le prof recommande de ne pas utiliser le mot "consoeur". On devrait appeler une avocate: "mon cher confrère"! Voilà qui renvoit à l'interdiction de la profession aux femmes, comme la caque sent le hareng! Mais le "consoeur" se répand comme une traînée de poudre et la recommandation du prof est vite oubliée. Osons les néologismes et tout le monde s'habituera.

J'ai oublié...
by Cécily Sunday April 20, 2003 at 03:15 PM

J'ai oublié d'ajouter que si on osait vraiment re-féminiser les noms à fond, une femme serait auteresse ou ministresse, ce qui personnellement ne me dérangerait pas, au contraire, je trouve cela très élégant: on se croirait dans un roman "celtique"!